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Israël/Palestine : choisir la paix, donc le cessez le feu, et désigner les responsables.

Illustration glanée sur le net par Sonia Lopes
lundi 6 novembre 2023
par  Jean-Luc Gonneau
popularité : 100%

Face au conflit entre Israël et le Hamas, chacun est sommé de choisir son camp. Il y a pourtant unanimité pour condamner les massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre dernier. Point final ? Pas du tout. Voilà qu’il faut qualifier le Hamas de terroriste, sinon, ça ne compte pas, un mort est un mort, mais ça ne compte pas, il faut le qualifier. Un civil israélien massacré par le Hamas, un civil palestinien écrasé par une bombe israélienne ? ça fait deux morts qu’il faut évidemment déplorer, et de la même façon. Choisir entre les fanatiques sanguinaires, et pour le coup terroriste, du Hamas et Netanyahou et sa clique criminelle ? Plutôt dénoncer les deux, si ?

Oui, mais « c’est qui a commencé ? ». Voilà qui a beaucoup intéressé politiciens et commentateurs, plus ou moins compétents, souvent de parti pris, parfois sous le coup d’une compréhensible émotion, mais majoritairement liés par des préjugés politiques, culturels ou ethniques, frisant parfois le racisme. Poser la question « c’est qui qu’a commencé ? », c’est réduire l’événement au niveau d’une rixe de cour de récréation. Sur cet épisode, la culpabilité du Hamas est évidente, et qu’on la désigne comme crime guerre ou action terroriste, peu importe, les deux nous vont : médiocre querelle sémantique alors que l’on déplore des milliers de morts, et d’autres milliers probablement à venir, sans compter les innombrables blessés. Curieusement, c’est Jean-Luc Mélenchon qui créa le « buzz » en ne qualifiant pas l’attaque du Hamas de terroriste : criminel de guerre lui suffisait. Vint le hourvari. Point d’orgue, le célèbre politologue Enrico Macias (qui pourtant chanta naguère « Enfants de tous pays ») « pense » qu’il faudrait « buter » des députés de la France Insoumise. Comme l’ensemble de la classe politique, et peut-être un plus, les chefs Insoumis ont le tweet facile et rapide. A ce sujet, il semble qu’il y ait deux Mélenchon, celui capable, y compris à propos de ce conflit, de proposer un discours argumenté et réfléchi, et l’autre, twitteur compulsif et parfois vindicatif.

Bon, pour cet épisode, la question du « c’est qui qu’a commencé » est close : c’est le Hamas. Un épisode particulièrement sanglant, qui marquera pour longtemps les cœurs et les esprits et évidemment, avant tout, ceux des familles et des proches des victimes, quel que soit leur camp. Pour cet épisode, déjà épouvantable mais qui, hélas, n’est pas terminé. Mais pour les autres épisodes ? Seuls les dieux, s’ils existaient, ce dont nous, Cactusiens, doutons fortement, sauraient leur nombre exact depuis les trois-quarts de siècle de coexistence rarement pacifique entre la Palestine et Israël, tant il y en eut : escarmouches, attentats, meurtres, intifadas (révoltes et résistance face à l’occupation militaire par Israël de territoires palestiniens), blocus de Gaza (depuis 2007), colonisation continue, assortie de violences (et renforcée sous les gouvernements de Netanyahou) en Cisjordanie et expropriations à Jérusalem, toutes illégales et condamnées par les Nations-Unies.

Le blocus de Gaza a réduit la population de cette enclave à des conditions plus proches de la survie que de la vie. Les colonies et expropriations, ont mité les territoires cisjordaniens, exaspéré (à juste titre !) l’ensemble de la population, au premier rang desquels les expropriés, affaibli la déjà vacillante autorité du gouvernement palestinien. Notons que ces colonisations continuent en Cisjordanie depuis le 7 octobre. La férocité de la répression israélienne suite à l’attaque du Hamas en rajoute encore sur le vif ressentiment (énorme euphémisme, genre quai d’Orsay) du peuple palestinien envers Israël et pourrait même le pousser à se rapprocher du Hamas, qui, ne l’oublions pas est aussi un parti politique, fanatique certes, mais qui a des bases en Cisjordanie. Cette répression, jugée « disproportionnée » jusqu’à l’ONU, entraîne, on pouvait s’y attendre, de nombreuses manifestations de soutien à la Palestine dans le monde arabe, mais aussi dans de nombreux pays dans le monde, comme en France et même aux Etats-Unis, et redonne de la vigueur à l’antisémitisme latent qui ronge depuis toujours les sociétés occidentales, et, concernant le Hamas, à l’« antiarabisme » issu des guerres coloniales.

Tout ceci considéré, on ne peut que s’étonner que le président de la République française ait annoncé immédiatement son « soutien inconditionnel » (juste après Joe Biden) à Israël, ajoutant, mezzo voce mais soyons justes, que Netanyahou ne devait pas être trop méchant avec les civils palestiniens (traduction libre), mais se gardant (comme Biden) de prôner un cessez le feu, dont Netanyahou ne veut pas entendre parler. On voit ce qu’il en est sur le terrain. Soutenir le peuple israélien dans la douleur, évidemment. Soutenir « inconditionnellement » Israël ? Il appelle à la paix, les gouvernements de nombreux pays aussi, les sociétés civiles aussi. Et nous aussi, toujours. Facile à dire, mais pas facile à faire. Beaucoup d’entre eux sont plus précis et exigent un cessez le feu (pas Biden, donc, pas Macron), préalable inévitable pour espérer la paix. Nous aussi, mais vu le caractère borné des protagonistes, ça n’en prend pas le chemin. Ce qui n’est pas une raison pour arrêter d’exiger plus nous serons nombreux, plus nous ferons de bruit, peut-être que… Les plus timorés (dont Biden et Macron) parlent d’une trêve humanitaire : c’est mieux que rien, peut-être un pas vers le cessez le feu, ou peut-être simplement un moment pour se refaire (un peu) une santé pour repartir au charbon. Mais revenons à la paix : quelle paix, et à quelles conditions ?

Une paix se négocie. On voit mal aujourd’hui quels peuvent être les interlocuteurs actuels capables de conduire une négociation. Du côté israélien, Netanyahou, sans foi ni loi, et ses alliés ultraorthodoxes ou représentants des colons se sont, à notre sens, disqualifiés pour toute initiative pour la paix. Du côté palestinien, ni le Hamas, qui, même en ayant gagné des points dans une partie de la population palestinienne, ni l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, totalement déconsidérée ne peuvent apparaître comme des interlocuteurs à même de sortir du conflit. A notre sens, suivant en cela plusieurs prises de position sur la question, un changement interlocuteurs est nécessaire. Côté Israël, il apparaît que les oppositions populaires à Netanyahou se renforcent tandis que son crédit international fond comme neige au soleil. Il semble qu’un début de consensus se fasse côté palestinien sur le nom de Marwan Barghouti, ex-dirigeant palestinien du Fatah détenu en Israël depuis 2002 suite à un procès pour le moins controversé et qu’un candidat, quelques années plus tard, à la présidence d’Israël, Shimon Peres, promit de gracier, ce qu’il « oublia » une fois devenu président (c’est ça aussi, l’attitude des gouvernements d’Israël face aux palestiniens).

Si ce changement d’interlocuteurs n’intervient pas, la seule alternative pour éviter une « victoire » d’Israël sur un charnier à Gaza, serait une initiative internationale pour contraindre Netanyahou à arrêter les frais et à contraindre le Hamas à la discrétion (car il ne disparaîtra pas sous les bombes). Ceux qui peuvent le faire sont ceux qui ont les sous et/ou les armes : les Etats-Unis, le Qatar et l’Arabie Saoudite (ne comptons pas sur l’Iran sur ce coup-là, les mollahs et la paix, ça fait deux, et l’Union Européenne ne compte pas : Von der Leyen et Macron ne seront sur la photo, si photo il y a, que si Biden veut bien). Cette solution pourrait permettre de mettre fin à cet épisode, donc aux massacres actuels, mais ne garantirait aucunement d’autres épisodes. Resteront à aborder la création de deux « vrais » états (dans l’idéal un seul, laîque et démocratique, mais ne rêvons pas tout de suite), l’arrêt des colonisations, la restitution des colonisations déjà faites et des expropriations, le retour des réfugiés palestiniens, l’égalité des droits entre citoyens israéliens… Bref, comme il se dit ici, on n’est pas sortis de l’auberge.


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