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TRIBUNE : SORTIR DU CAPITALISME, MAIS ENCORE…

dimanche 14 octobre 2012
par  Antonio Pereira Nunes
popularité : 59%

C’est vrai que les travailleurs n’ont pas à prendre position dans ces histoires de la finance mondialisée, de comment s’y prendre pour sauver « la bête », et autres calembredaines. Renverser le capitalisme ? Certes ! Mais lequel ? Car des capitalismes il y a plusieurs. Là, les choses se compliquent déjà. La lutte à coups de manifestations toujours sur mêmes boulevards, les meetings et autres sittings toujours aussi réprimés par les forces de l’ordre qui finissent par avoir le dernier mot car les moyens sont inégaux, toutes ces actions loin d’être négligeables contre le ou les capitalismes ont néanmoins leurs limites. A supposer qu’en Grèce, au Portugal, ou en Espagne voire en France, la balance penche un jour du côté des gauches radicales, ce qui au regard des dernières toutes récentes élections dans les pays respectifs paraît loin d’arriver, que feraient-elles face aux besoins d’argent frais nécessaire pour faire fonctionner les économies, face aux incontournables de la finance ? Tant que cette dépendance, plutôt encouragée et acceptée par nos gouvernements existera, il n’y a pas raison d’espérer des changements majeurs dans nos sociétés "libérales avancées", à la Giscard d’Estaing.

A moins d’un grand soir - qui y croit encore ? - ou d’un cataclysme financier majeur - celui-là bien plus probable mais pas forcément souhaitable - dans lequel les banques se trouveraient à sec d’argent comme nous en parle Frédéric Lordon, à moins d’accepter d’avance le risque de se trouver à ne pas avoir à manger pour ses gosses ni pour soi-même pour un temps indéterminé, rien ne sert de se livrer à des exorcismes, danses mystiques, rites sacrificiels et autres conjurations d’un temps révolu. Les logiques de la lutte passeront souvent par des biais bien plus discrets et productifs, autres que les "escarmouches" entre partis radicaux portant des idéalismes plus au moins surannés face à des réformistes mous tel qu’il nous est donné d’assister dans notre Europe "protectrice".

Renverser le capitalisme, en définitive, quelles que soient les tournures de langage reste un impératif... pour le long terme. Mais "à terme nous serons tous morts" nous dit Keynes. Tout prête à croire qu’il s’agira plus de contourner l’obstacle que de l’affronter de face. Quand Marx nous dit que "l’émancipation de peuples sera l’œuvre des peuples eux-mêmes" il ne se trompe pas. Mise au goût du jour l’idée des "producteurs associés" est toujours bonne à prendre, et la preuve nous est donnée ne serait-ce qu’au vu des reprises et tentatives de reprise en main d’entreprises lâchées par leurs anciens propriétaires, par les travailleurs. La lutte passe aussi par des circuits monétaires à l’intérieur des agglomérations, par des échanges hors argent comme un retour au troc mais d’une façon bien plus élaborée tels que les SEL (Systèmes d’échange locaux), par une généralisation du covoiturage, la mise en place de transports urbains et interurbains gratuits (Monde Diplo, oct2012, La gratuité, un projet de société), la multiplication des AMAP (Associations pour le maintien des cultures paysannes), bref la liste de toutes expériences, démarches, concepts et initiatives est loin d’être exhaustive. C’est donc plutôt du côté des populations et leurs structures proches, associations, conseils municipaux voire régionaux, qu’une bonne partie de l’effort mérite d’être appliqué. Ce qui n’empêche pas de considérer certaines initiatives plus larges telles que la taxe Tobin, celle-ci malheureusement en cours d’une application minimale et bien insuffisante autant au vu des espoirs que des besoins. Parallèlement on peut aussi tenir compte de bien des travaux plus intellectuels et/ou utopiques tels que ceux de Bernard Friot (Monde Diplo, fév 2012, page 12, La cotisation, levier de l’émancipation), sans parler de tout ce qui existe déjà au tour du concept de la Décroissance. Voilà qui peut être utile pour déceler ce qui pourrait nous mener à un vivre ensemble d’un mode plus adéquat, pour parler comme Spinoza, tel que l’on pourrait l’imaginer et souhaiter.


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