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LES BELLES HISTOIRES D’ONCLE SYLVAIN : HISTOIRE DU CAÏD BAHR Par S. Ethiré En ce temps là, je vous le dis, le Calife était un fin lettré, et son Grand Argentier un homme sorti du rang par son mérite, qui s’entoura avec discernement de jeunes gens un peu brigands mais sympas. Il arriva que le Caïd, qui s’appelait Bahr, ce qui veut dire mer en français, de l’acier, si nécessaire pour fabriquer les lames des sabres des janissaires qui avaient guerroyé peinards en Irak, avait besoin de sous pour faire une petite opération amusante. Et que le Caïd de l’une des banques du Califat, la ‘Assad Bank, ce qui veut dire banque du lion en français, avait besoin de sous pour masquer quelques opérations aventureuses par delà les mers.
Le Directeur des Argentiers, qui s’appelait Naqâl, ce qui veut dire tricher en français, du Grand Argentier ne voyait que du feu, ou faisait semblant, on ne sait trop, aux manips comptables de son pote banquier. Certains argentiers expliquèrent au Grand Argentier qu’il ne fallait pas filer un rond au duo acier-banque, mais le Grand Argentier était généreux, et adorait faire plaisir à ses amis, surtout s’ils étaient riches. Il donna les sous. Le banquier continua donc de maquiller, jusqu’au jour où tout fut découvert et où les impôts des sujets du Califat couvrirent les pertes de la banque avec joie et allégresse, car le peuple du Califat est ainsi, et le Caïd Bahr put faire son opération amusante, qui consista à virer moult ouvrier de l’acier du Califat, de s’allier à des étrangers en leur apportant les sous du Grand Argentier, et de s’installer hors les frontières.
Bien des années plus tard, ses talents furent à ce point reconnus qu’il devint à son tour Grand Argentier du nouveau Calife, ce qui n’est que justice. Mais la justice n’est pas toujours de ce monde, et l’ancien Caïd de la’Assad Bank, et même Naqâl, l’ancien Directeur des Argentiers, furent inquiétés par des juges sans doute envieux et jaloux. Ce fut d’autant plus injuste pour Naqâl qu’on lui avait promis de devenir le SuperGrand Argentier de l’Union des Califats du Nord. De temps à autre, des messagers nous apprennent que cette affaire dure encore, ce qui nous fend le cœur. Si on ne peut plus maquiller artistiquement quelques comptes ou faire des opérations amusantes, la vie vaut-elle, en effet, d’être vécue ?
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