https://www.traditionrolex.com/18 La Gauche Cactus http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/ fr SPIP - www.spip.net (Sarka-SPIP) ALGÉRIE : SOUBRESAUTS DE L'ACCOUCHEMENT D'UN CAPITALISME BALBUTIANT http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2339 http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2339 2019-03-10T22:16:00Z text/html fr Ahmed Henni Jusqu'à récemment, les hommes d'affaires en Algérie s'abstenaient de s'activer en politique. Le pouvoir en place, monopolisant les dollars du pétrole, leur en octroyait une partie sous forme d'autorisations d'importation de produits sous tension à revendre ou de matières et semi-produits à transformer. Ils s'enrichissaient ainsi, accumulaient des fortunes aussitôt placées à l'étranger. Le reste de la rente pétrolière était destiné à deux (...) - <a href="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique88" rel="directory">Algérie</a> <div class='rss_texte'><p>Jusqu'à récemment, les hommes d'affaires en Algérie s'abstenaient de s'activer en politique. Le pouvoir en place, monopolisant les dollars du pétrole, leur en octroyait une partie sous forme d'autorisations d'importation de produits sous tension à revendre ou de matières et semi-produits à transformer. Ils s'enrichissaient ainsi, accumulaient des fortunes aussitôt placées à l'étranger. Le reste de la rente pétrolière était destiné à deux usages : entretenir l'appareil militaire et sécuritaire et acheter la paix sociale par l'importation de produits fondamentaux dans la consommation (blé dur, sucre, médicaments, etc.), par une politique publique d'accès à l'école, aux soins, au logement, à l'électricité, au gaz, à l'eau, etc., et enfin, une politique de subventions au prix de certains produits de consommation de masse (principalement alimentation et énergie). Cette équation tenait tant que le régime pouvait, en premier lieu, limiter l'enrichissement et le nombre des hommes d'affaires en sélectionnant par ses signatures administratives ceux qu'il transformait en clientèle politique soumise et, en second lieu, tant que le prix du pétrole lui permettait d'allouer les sommes nécessaires au maintien de la paix sociale. Or, c'est cette dernière variable que le pouvoir ne maîtrisait pas. Si on y ajoute la démographie – 10 millions en 1962 et 40 millions aujourd'hui – accompagnée du désir de chaque génération de vivre au moins comme vivait la précédente – bénéficier d'une redistribution généralisée – , on s'aperçoit, qu'avec le temps, l'équation devient intenable. Quand le père pouvait acheter la baguette de pain, le litre de lait ou d'essence à un prix dérisoire parce que subventionné ou aller dans une école propre, le fils doit débourser aujourd'hui un prix qui se rapproche du prix réel et même, dans quelques cas, contribuer à nettoyer son école. Les forces politiques d'opposition surfent sur cette nostalgie d'un âge d'or. Du côté des hommes d'affaires, la démographie joue aussi. Un desserrement législatif progressif les a poussés à s'autonomiser et gagner des dollars par eux-mêmes. Ils s'en sont avérés incapables, ne produisant presque rien d'exportable. Ils frappent toujours aux guichets du pouvoir pour avoir des devises. Les multiples desserrements législatifs n'ont eu comme résultat que de multiplier leur nombre, de nouveaux venus se lançant dans l'aventure du négoce d'importation ou de la transformation légère. Une vive compétition s'est installée pour accéder aux précieuses devises entre les hommes d'affaires installés et les nouveaux. Chaque groupe, pour accroître ses chances, a dû chercher à s'intégrer dans un réseau de clientèle d'hommes au pouvoir ou, s'il le pouvait, pousser des personnalités « amies » vers le centre du pouvoir. La chute du prix du pétrole en 2018 a aiguisé les compétitions pour les devises. En arrivant au pouvoir en 1999, M. Bouteflika a amené dans ses fourgons de nouveaux venus qui, placés dans des positions à signature, ont dû aussi bien satisfaire des appétits personnels (son frère, par exemple) que tenter de limiter les allocations attribuées aux anciens hommes d'affaires installés depuis quelques décades. D'un coup, ceux-ci se retrouvent démunis d'influence. Il n'est qu'à lire les communiqués du groupe Cevital, fondé par l'un d'entre eux, M. Rebrab, dont la fortune a été organiquement liée aux signatures d'importation, et qui s'est joint aux manifestants protestataires. Fin février 2019, le groupe rend public un communiqué où on lit ceci : « En cette période électorale, vous [Bouteflika] multipliez les déclarations appelant, au nom d'une certaine continuité, à la nécessité de développer et de diversifier notre économie. Il se trouve que, jusqu'à présent, il a été plutôt question de blocages et d'entraves à cette diversification ». Le groupe signale qu'il n'arrive toujours pas, après plus de 700 jours, à débloquer son projet de trituration de graines oléagineuses à Béjaïa. Il avait déjà subi plusieurs refus de signature pour d'autres affaires. Si auparavant, il suffisait de s'enrichir, il apparaît au groupe que c'est, maintenant, toute accumulation de capital qui est bloquée. Pour protester contre le blocage du projet, un comité a été créé par certains employés de Cevital et des citoyens qui ont organisé des manifestations à Béjaïa et à Tizi-Ouzou. Les mots d'ordre sont : « Non au blocage des investissements de Cevital », « Oui à la répartition équitable des richesses du pays » et « Non à la politique de deux poids, deux mesures dont est victime la Kabylie ». Voilà donc une affaire de signature administrative bloquant un investissement en capital qui se transforme en action politique mobilisatrice autour d'équité et de justice, et même de régionalisme. Débloquer ces situations exige d'accéder à une puissance de type politique. Chose inouïe il y a peu. Bref, certains hommes d'affaires ne peuvent plus se contenter de chercher à entrer dans les bonnes grâces du pouvoir installé. Ils entrent publiquement dans la scène politique. Ils ne se contentent plus d'accumuler en silence des fortunes à l'étranger. Or même pour maintenir cette dynamique, ils doivent poursuivre une accumulation dans le pays. Et voilà qu'on leur bloque cette accumulation ! Dès lors, ils entrent en conflit avec le pouvoir et veulent ne plus se contenter de quémander des signatures mais de les exiger. Pour cela, la puissance de l'argent corrupteur ne suffit pas. Il leur faut de la puissance sociale. Il faut donc faire de la politique. C'est bien la naissance balbutiante d'un capitalisme qui vise l'hégémonie politique. Le groupe ne cache pas son rejet d'un éventuel cinquième mandat du président Bouteflika. « Cevital, déclare-t-il, est une entreprise citoyenne qui forme les jeunes et crée des emplois et des richesses partout en Algérie. Pourquoi l'en empêchez-vous ? Pourquoi vous dressez-vous contre les aspirations légitimes de notre jeunesse à un emploi et à un avenir décent ? (..) Votre continuité, est-ce celle de la continuité dans le sabotage de notre pays au profit d'une poignée d'individus prêts à sacrifier l'avenir de nos enfants pour sauvegarder des intérêts particuliers mal acquis ? » Le même jour, des événements spectaculaires vont permettre de savoir qui est visé. Il existe, en effet, un autre groupe d'hommes d'affaires qui semblent, eux par contre, avoir l'oreille du pouvoir en place. Une conversation téléphonique étrange est diffusée sur certains réseaux sociaux révélant que M. Sellal, ancien chef de Gouvernement de M. Bouteflika, devenu son directeur de campagne pour la présidentielle, aurait convenu avec M. Haddad, président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), de faire appel à des « casseurs » pour « tabasser » les manifestants dans les rues d'Alger. De Genève où il est hospitalisé, le président Bouteflika annonce illico le limogeage de son directeur de campagne. S'en suit une cascade de démissions au FCE : celles du PDG du groupe Sogemetal, Mohamed-Arezki Aberkane et du PDG de l'Alliance Assurances, Hassen Khelihfati. Ils sont rejoints par M. Mohamed Laïd Benamor, qui annonce le gel de ses cotisations et sa démission du poste de vice-président du FCE. Il écrit dans sa lettre à M. Haddad qu'en « tant qu'industriel, je reste convaincu que relever le défi de la diversification réclame de la stabilité. Mais relever ce défi réclame aussi l'adhésion du peuple ». Le quotidien Liberté, lié au groupe Cevital, s'en félicite et titre : Le navire Ali Haddad sombre (Liberté, 03 mars 2019). Les patrons algériens sont donc clairement entrés en politique. Il y aurait donc certains d'entre eux qui se heurteraient aux blocages administratifs et qui soutiennent les manifestations populaires contre la « continuité » et d'autres qui seraient prêts, pour maintenir la stabilité du pouvoir, à recourir à la force. La retenue des forces de sécurité laisse supposer un attentisme, le temps de l'arbitrage. Si les partisans de l'usage de la force avaient eu le dernier mot, ils auraient, comme d'habitude, bien trouvé une quelconque provocation. L'étranger n'y est pas pour grand-chose. Il avait bien accepté, fermé les yeux et puis soutenu le maréchal Sissi qui, en Égypte, avait ordonné une répression sanglante. Si en Algérie, les « décideurs » ne l'ont pas fait, c'est qu'un arbitrage est en cours où interviennent des forces nouvelles. Les manifestations qui, elles, expriment un mécontentement pour tout autre chose, sont utilisées comme prétexte par les uns et les autres pour raffermir leurs positions antagoniques. Ce sont ces antagonismes qui semblent avoir provoqué l'attentisme des forces de répression. Pour l'essentiel, on observe une individualisation des hommes d'affaires avec un chacun pour soi inédit. Ce ne sont plus des moutons suiveurs du pouvoir quel qu'il soit. Ils veulent avoir leur mot à dire. Ils proposent même des solutions à la crise sociale en créant des emplois à gogo. Cevital n'hésite pas à annoncer 100.000 emplois pour son projet. En bref, une alternative à la redistribution sociale de la rente pétrolière par une économie de croissance. La population semble, elle, surtout nostalgique de cette redistribution. L'alternative serait donc entre un enrichissement d'individus pourvoyeurs d'emplois et le maintien d'une redistribution collective garante de la paix sociale. Les désirs d'enrichissement individuels, à l'exemple de ceux pratiqués par la « famille » du président, devenus la règle, vont à l'encontre de cette redistribution collective que garantissait le pouvoir d'avant. L'un des actes décisifs dans la voie de l'individualisation a été l'éviction il y a trois ans d'un seigneur militaire de l'« ancien » régime. Celui-ci, patron des services de renseignement, représentait les forces qui assuraient jusque là, l'hégémonie d'un pouvoir collectif de contrôle de l'enrichissement et de redistribution collective, garant de la pérennité de la domination collective de la génération de la guerre de libération. Les soubresauts que connaît actuellement l'Algérie sont l'expression des antagonismes engendrés par ce chacun pour soi qui remet en cause le contrôle de l'enrichissement privé et, par conséquent, les fondamentaux de la redistribution collective de la rente. Ils expriment également l'entrée fracassante dans l'arène politique de puissances d'argent jusqu'ici discrètes. C'est l'indice que l'armée n'est plus la seule maîtresse du jeu. Le pays est-il en train d'accoucher d'une dynamique où, profitant de manifestations populaires réclamant le maintien de la redistribution collective, des forces économiques se sentent assez puissantes pour exiger, au contraire, la levée des freins à l'accumulation individuelle ?</p> <p><i>Ahmed Henni est économiste, enseignant à l'Université d'Artois</i></p> <p><i>Article paru dans le revue Recherches internationales (<a href="http://www.recherches-internationales.fr/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.recherches-internationales.fr</a>)</i></p></div> PROJET DE CHARTE POUR LE PARTI LAÏQUE DEMOCRATIQUE EN ALGERIE FONDAMENTAL http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article1234 http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article1234 2011-03-02T12:57:00Z text/html fr Algérie Laïque Chapitre premier : Pour une République Algérienne Laïque 1. Une modernisation sans modernité. Dès l'indépendance, les dirigeants du pays refusent de faire la séparation entre le politique et le religieux d'où l'introduction de l'article 2 dans la première constitution algérienne « Islam, religion de l'Etat ». Ils se sont ingéniés ainsi à instrumentaliser l'islam pour légitimer leur pouvoir mais aussi et surtout pour empêcher toute autonomisation (...) - <a href="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique88" rel="directory">Algérie</a> <div class='rss_texte'><p><strong>Chapitre premier : Pour une République Algérienne Laïque</strong></p> <p><strong>1. Une modernisation sans modernité.</strong></p> <p>Dès l'indépendance, les dirigeants du pays refusent de faire la séparation entre le politique et le religieux d'où l'introduction de l'article 2 dans la première constitution algérienne « Islam, religion de l'Etat ». Ils se sont ingéniés ainsi à instrumentaliser l'islam pour légitimer leur pouvoir mais aussi et surtout pour empêcher toute autonomisation politique de la société. Les pouvoirs en place se sont opposés farouchement à toute ouverture démocratique qui aurait pu mettre en perspective la construction d'un Etat de droit. Une convergence de fait a émergé entre les courants nationaliste et islamiste. Le courant nationaliste mit en œuvre une politique de modernisation des infrastructures économiques et sociales du pays, mais à aucun moment cette politique ne s'est accompagnée par la démocratisation de la sphère politique. L'aile islamiste s'est ralliée à l'idée de modernisation du pays à condition que celle-ci ne débouche pas sur les acquis de la modernité, en un mot oui à la modernisation de l'Algérie- mais sans modernité. Car cette dernière signifie un État de droit, avec des élections libres, des libertés de conscience et d'expression, des libertés individuelles et collectives, et une réelle séparation entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, etc. En fait l'idée dominante à cette époque là qui a présidé à tous les choix stratégiques du pays, largement approuvée par tous les patriotes et le courant socialisant, est qu'un programme socio-économique moderne et ambitieux de développement assurant une justice sociale véritable à lui seul, pouvait assurer le décollage de l'Algérie au niveau social et économique et permettre dans son sillage l'ancrage du pays à la modernité.</p> <p>Le summum de l'alliance entre les nationalistes et les islamistes fut atteint avec le virage ultralibéral de l'économie algérienne, à partir de 1980. Mais les desseins de cette alliance ont été fortement contrariés par la crise économique mondiale avec la chute du prix du baril de pétrole en 1986, le discrédit du parti unique et la disparition du bloc socialiste. L'instauration d'un état théocratique en Iran a encouragé le mouvement islamiste dès le début des années 1980. Il a permis l'infiltration de ce dernier au sein de l'université algérienne. Les premières violences armées ont vu le jour avec le « maquis » de Bouyali. La prise des mairies en 1990 par le FIS fut une étape dans la confiscation totale du pouvoir politique par les islamistes. L'arrêt du processus « électoral » en janvier 1992 a permis de sauver l'Algérie. Depuis 1992 l'islamisme politique est responsable de l'assassinat de dizaines de milliers de citoyens algériens et algériennes, dont beaucoup dans des conditions particulièrement atroces ; des milliers de blessés, dont certains mutilés à vie ; des centaines de ses jeunes filles et jeunes femmes kidnappées et soumises à des viols collectifs et répétés, avant d'être le plus souvent décapitées, quant d'autres ont perdu la raison ; des millions d'habitants poussés à l'exode des campagnes vers les villes ou d'une région vers une autre, fuyant les terroristes ; des centaines de milliers de ses citoyens, constitués principalement de cadres, d'artistes et d'intellectuels, se sont exilés ; sans compter les milliards de dollars de dégâts dus aux destructions, au sabotage et aux incendies commis par les islamistes. Ni la loi sur la rahma, ni celle de la concorde civile, ni celle de la réconciliation nationale, ni le projet d'amnistie générale ne feront oublier au peuple algérien le génocide islamiste. Malgré cela, nous assistons, à l'instar de tous les pays musulmans, à la montée en puissance de l'islamisme politique dans toute sa diversité qui vise à l'instauration d'un Etat théocratique plus inégalitaire et un ordre moral encore plus attentatoire aux libertés de conscience et d'expression des musulmans et des croyants des autres religions, ainsi que des agnostiques et de non-croyants. Les islamistes ne sont toutefois pas les seuls à exploiter la religion à des fins sordides. Les dirigeants politiques de nos pays font de même, pour se maintenir indéfiniment au pouvoir et continuer à opprimer leurs peuples. C'est pourquoi, l'Algérie doit tirer toutes les conclusions de cette expérience sanglante et adopter un antidote pour sortir de cette crise. Notre pays doit pour cela s'inspirer de certaines expériences historiques à valeur universelle et fécondes qui sont parvenues à mettre fin aux guerres de religions qui ont sévit plusieurs siècles. Toutes les tentatives de musellement de la société depuis 1962 n'ont fait toutefois que ralentir, mais non à empêcher, l'inéluctable marche de notre pays vers la modernité et la sécularisation des institutions officielles et l'évolution des mentalités en dépit de la persistance de l'islamisme politique dans la société algérienne et de manoeuvres au sommet de l'État.</p> <p>Grâce à leur génie, des peuples ont contribué à des degrés divers à la séparation du politique et du religieux. Mais la plus grande avancée émancipatrice dans ce domaine est sans conteste, la laïcité. Les militants du Parti pour la Laïcité et la Démocratie (PLD) sont convaincus que l'instauration de la laïcité en Algérie est le seul moyen de se protéger des conséquences des manipulations politico-religieuses, d'où qu'elles viennent pour construire une Algérie républicaine, démocratique, moderne et sociale. Il nous faut cependant préciser le sens de la laïcité, pour lever toutes les confusions qui l'entourent d'autant que ses ennemis la confondent sciemment avec l'athéisme.</p> <p><strong>2. Qu'est-ce que la laïcité ?</strong></p> <p>La laïcité est la forme d'organisation politique la plus aboutie, consacrant le long processus d'autonomie de l'individu par rapport à la communauté ; processus enclenché, à partir des XVe-XVIe siècles en Occident, et porté intellectuellement pas les philosophes des Lumières. Elle est en ce sens un puissant vecteur de l'affirmation des libertés individuelles et collectives. Elle est un ordre juridique d'organisation de l'État, fondé sur une séparation radicale entre les institutions religieuses et l'État. Pour autant, la laïcité n'est pas antireligieuse, puisqu'elle garantit la liberté de conscience, c'est-à-dire le droit de chacune et de chacun d'adopter la religion de son choix, d'en changer ou de n'en croire à aucune. Ceci est également valable pour toutes les opinions politiques, philosophiques, culturelles… De même qu'elle garantit leur libre expression dans la sphère privée. C'est ainsi qu'on peut être tout naturellement laïque et musulman, laïque et chrétien, laïque et juif, laïque et bouddhiste, laïque et athée… La laïcité est en revanche anticléricale, dans la mesure où elle s'oppose à la prétention des religions, dont l'islam, à vouloir régenter tous les domaines de la vie des individus. Elle assure de ce fait la primauté de la citoyenneté sur l'appartenance religieuse ou communautaire. Voilà pourquoi, elle bannit les religions et les particularismes de la sphère publique, tout en garantissant leur libre expression dans la sphère privée.</p> <p><strong>3. Qu'entendons-nous cependant par sphère publique et sphère privée ?</strong></p> <p>La sphère publique, c'est l'espace de la puissance publique. C'est, autrement dit, l'État et les collectivités territoriales (wilaya, commune). Elle ne doit être régie ni par les lois religieuses ou d'inspiration religieuse, ni par les particularismes de quelque nature que ce soit, mais par des lois positives, modernes et communes à tous les citoyens, au-delà de ce qui les particularise en tant qu'individus (religion, irréligion, sexe, langue, couleur de peau…) C'est pour cette raison que cette sphère est soumise au principe de neutralité. Il faut comprendre ce principe dans le sens d'indifférence de la puissance publique envers aussi bien les religions que les diverses opinions et appartenances existant dans la société, afin d'être en mesure de traiter sur un pied d'égalité tous les usagers, en leur qualité de citoyens, tout en faisant abstraction de leur qualité d'individus. Cette neutralité s'applique aux lois et règlements qui régissent le fonctionnement de cette sphère, ainsi qu'à ses rapports avec ses citoyennes et citoyens ; à son personnel, qui ne doit afficher, conformément à sa mission de service public, aucun signe d'appartenance ; et à ses locaux où ne doit s'afficher aucun symbole, en dehors de ceux de la République, qui sont des valeurs communes à tous les membres de la nation. Elle s'applique aussi aux élèves des établissements scolaires primaires, moyens et secondaires de l'enseignement public, qui sont des êtres en formation, des sujets en voie de constitution. Quant à la sphère privée, elle se compose de deux espaces : public (rue, mosquée, entreprise commerciale ou industrielle, lieu de loisirs, local syndical) et de l'espace personnel (domicile). La liberté n'est toutefois pas absolue dans les sphères, aussi bien publique que privée. Elle s'exerce dans les limites du respect du principe de l'ordre public, qui n'est pas non plus réductible à la notion de trouble de l'ordre public, bien que cette dernière en fasse partie. Ce titre générique inclut ce que les juristes intitulent les lois impératives. Le respect de ce principe s'impose au citoyen et au chef de l'État. Par séparation radicale entre la sphère publique et la sphère privée, il faut entendre l'autonomie entre ces deux sphères. Chaque sphère ne doit pas s'ingérer dans le fonctionnement de l'autre. C'est pourquoi, c'est un abus de langage que de qualifier par exemple de laïcité, l'anti-religion, voire l'athéisme militant, dans l'ex-URSS. Certes, Lénine avait promulgué, la loi du 23 janvier 1918, relative à la laïcité de l'État soviétique, en s'inspirant de la loi française, du 9 décembre 1905 qui stipulait que tout citoyen est « libre de professer le culte de son choix ou de n'en professer aucun. ». Mais l'implication de l'Église orthodoxe russe aux côtés de la contre-révolution intérieure et les États impérialistes, et les graves menaces qu'ils avaient fait peser sur la survie de la jeune République des Soviets, obligèrent les bolcheviques à déclencher de violentes représailles, contre elle, jusqu'à la soumettre au nouveau pouvoir. Ce qui a signifié la mort de la laïcité dans ce pays, car il fut porté atteinte à la liberté de culte et à l'autonomie du religieux par rapport au pouvoir politique. Bien plus tard, la liberté de culte fut rétablie, mais non l'autonomie du religieux envers les pouvoirs publics. Il en est de même de ce qu'on appelle improprement en Turquie, la laïcité, alors qu'elle s'apparente à la sécularisation qui s'est effectuée à sens unique, puisque la religion est placée sous l'autorité du pouvoir politique. Il s'agit en effet d'une laïcité « bancale », dès la tentative de sa mise en place de fait, en 1923, avec l'abolition du système théocratique, incarné par le califat. Elle a consisté également en la nationalisation des mosquées et des écoles coraniques, de la prise en charge de la formation des imams, et celles des théologiens à la faculté d'Istanbul, ainsi que le contrôle du culte, par la création, en 1924, d'un ministère des Affaires religieuses. L'abrogation, en 1928, dans la Constitution de l'article : « L'islam est religion d'État » n'eut aucun effet pour la rétablir. Dans les années 1970, le pouvoir « laïque » turc enseignera l'islam dans les écoles, comme cela s'est passé dans tous les pays musulmans, croyant couper ainsi l'herbe sous les pieds des islamistes. Aujourd'hui, la « laïcité » en Turquie est à la croisée des chemins avec un président et un gouvernement islamistes, ainsi qu'une Assemblée nationale majoritairement islamiste. Le risque de la dérive vers un État théocratique n'est pas à écarter.</p> <p><strong>4. La laïcité : un combat démocratique.</strong></p> <p>La lutte pour la laïcisation de l'État algérien n'est ni une utopie, ni une question, qui doit être posée dans un horizon lointain, dans le meilleur des cas. Nous pensons, au contraire, que ce combat est plus que jamais d'actualité, car la séparation des religions et de l'État en Algérie constitue l'une des options fondamentales pour sortir notre pays de son marasme. La laïcité est une tâche de nature nationale et démocratique, car elle est conforme à l'intérêt de la grande majorité de notre peuple et de notre pays. Elle protège la religion, dimension spirituelle essentielle du musulman, de tous les charlatans. Elle répond en effet à un besoin patent chez certains et latent chez beaucoup d'autres. Ses partisans seront encore bien plus nombreux, lorsqu'ils prendront progressivement conscience des liens étroits entre laïcité et réalisation de plusieurs de leurs aspirations profondes et légitimes, telles que l'élargissement du champ de leurs libertés individuelles et collectives, le droit aux libertés d'expression et de pensée, la libération du carcan de traditions conservatrices étouffantes, l'accès à l'égalité totale en droit et en dignité entre les Algériennes et les Algériens. Ceci d'autant plus, que nous sommes conscients du caractère anachronique, liberticide ou misogyne, de plusieurs lois et pratiques qui régissent notre État et notre société ; et contre lesquelles il nous faut continuer à lutter pour les abroger. Il s'agit avant tout de l'article 2 de la Constitution algérienne qui stipule que : « l'islam est religion d'État », ainsi que de toute loi ou disposition analogues. Car elles sont en contradiction avec la démocratie et le droit moderne qui accordent la liberté de critiquer tous les dogmes, notamment leurs dimensions misogynes et attentatoires aux droits de l'Homme, sans craindre pour sa vie ou sa liberté. Il en est de même du Code de la famille, fondé sur des préceptes de la charia, qui bafoue la dignité et les droits de femmes, et qu'il faut remplacer par des lois civiles. Il faudrait que dans les écoles, le cours d'instruction civique fondé sur la critique des savoirs et l'imprégnation par les valeurs humaines universelles soit inscrit dans le programme scolaire.</p> <p><strong>5. La laïcité en Algérie : une utopie réaliste.</strong></p> <p>En dépit de la montée de l‘islamisme politique, ainsi que de la régression partielle et temporaire qu'il a imposée aux peuples et aux États musulmans, nous observons néanmoins, surtout depuis la décolonisation des progrès de la sécularisation dans nos sociétés et nos États. Les deux processus de sécularisation et de modernité entraîneront immanquablement l'allègement croissant du poids des religions, des particularismes nationaux, ethniques ou linguistiques, ainsi que des pouvoirs politiques sur les libertés individuelles, collectives, et sur les choix de vie des femmes et des hommes. Cette évolution est appelée à s'accélérer avec la mondialisation, et la révolution scientifique et technique en cours, surtout pour ce qui est des technologies de la communication et des moyens de transports. Conjugués à d'autres dimensions de cette révolution, ils réduiront davantage les distances entre les pays, entre les continents et les peuples. Ces derniers seront alors incités à partager des valeurs humaines communes, et à faire reculer encore plus leurs préjugés respectifs. Nous ne voyons toutefois aucunement cette évolution, comme un processus uniforme et univoque. Mais comme une tendance, avec ses avances, ses stagnations et ses reculs sur les court et moyen termes, mais avec des progrès inéluctables sur le long terme. Nous sommes également attachés à une conception matérialiste et dialectique de l'évolution des sociétés humaines, à savoir que ce sont les conditions matérielles des Hommes, qui, en dernière analyse, déterminent leurs consciences, cela ne fait pas de nous pour autant les adeptes d'un déterminisme social, qui minore le rôle des êtres humains dans la lutte pour la transformation de leurs conditions d'existence et leur émancipation. L'instauration de la laïcité dans notre pays est une œuvre de longue haleine, les laïques algériens ne doivent pas moins s'atteler, dès aujourd'hui, à en poser les jalons. C'est en tout cas l'une des raisons d'être essentielle de la création du Parti pour la Laïcité et la Démocratie. Vive la République Algérienne Laïque, Démocratique, Moderne et Sociale !</p> <p><i>Alger le 5 juillet 2010, Le Bureau National. (publié dans le soir d'Algérie du 13 juillet 2010, dans la Dépêche de Kabylie du 15 juillet 2010, et dans El Watan du 19 juillet 2010)</i></p> <p><strong>NB : Toutes les remarques, critiques et enrichissements peuvent être adressés à l'adresse suivante : algerielaique@yahoo.fr</strong></p></div> ALGERIE : AU-DELA DE LA REVOLTE http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article1214 http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article1214 2011-02-06T13:44:00Z text/html fr Tarik Mira Quelques jours après la promulgation de la Loi de finances 2011, des émeutes à caractère social ont éclaté à travers l'ensemble du territoire national. Elles ressemblent à s'y méprendre à celles d'octobre 1988 par les causes et la composante sociologique. Les mobiles de ces manifestations de ras-le-bol relèvent du marasme social et économique, d'absence de perspectives, résumés en deux mots : la cherté de la vie. Les produits de base tels que le sucre, l'huile (...) - <a href="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique88" rel="directory">Algérie</a> <div class='rss_texte'><p>Quelques jours après la promulgation de la Loi de finances 2011, des émeutes à caractère social ont éclaté à travers l'ensemble du territoire national. Elles ressemblent à s'y méprendre à celles d'octobre 1988 par les causes et la composante sociologique.</p> <p>Les mobiles de ces manifestations de ras-le-bol relèvent du marasme social et économique, d'absence de perspectives, résumés en deux mots : la cherté de la vie. Les produits de base tels que le sucre, l'huile et la semoule sont devenus tout à la fois chers, objets de spéculation et, pour le lait en pochette, - substance du pauvre - rare. Pour acquérir ce fameux breuvage, il faut faire « la chaine » de triste souvenir. Ce geste met en évidence la marginalisation d'une catégorie importante de la population et fait naître en soi de l'humiliation. Le légitime sentiment d'injustice est issu du dangereux rétrécissement du pouvoir d'achat et du décalage entre cette lente descente aux enfers pour les plus faibles et l'existence d'une énorme manne financière, mal gérée et/ou en partie détournée. Même la classe moyenne n'échappe pas à la crise due à la cherté de la vie. A l'évidence, le taux d'inflation officiel est truqué. L'impunité judiciaire et l'immunité politique de la classe dirigeante, combinée à la corruption de celle-ci, exacerbe le sentiment de révolte d'une jeunesse qui veut bénéficier de la richesse nationale et vivre dans la liberté et la dignité. Tout esprit doué de raison comprend cette logique mais l'échec du pouvoir provient certainement d'une mauvaise gouvernance et du manque d'ambition pour le pays. Octobre 88 et ses conséquences n'ont pas guéri le système en place de son pêché mignon : l'exercice du pouvoir pour le pouvoir. Le mal est ancien et profond.</p> <p><strong>ABSENCE D'INTERMEDIATION</strong></p> <p>En l'absence d'intermédiation crédible, parce que la société civile est muselée, les syndicats autonomes surveillés, les médias lourds aux ordres et le parlement politiquement soumis alors qu'il est constitutionnellement déjà faible, les contestations récurrentes depuis un certain nombre d'années s'expriment violemment et s'en prennent souvent au patrimoine public, voire aux biens privés. Le pouvoir craint ce genre de révoltes par leur possible effet de contamination et éventuellement leur récupération politique, même si, au final, il arrive à maîtriser la situation par un dosage de répression et de pourrissement. La tâche est aisée quand il n'y a pas d'organisation qui structure la contestation, lui fixe des buts et la coordonne sur le terrain. Une fois l'évènement maîtrisé, les mêmes seront méthodes reconduites et la prochaine tempête s'annoncera. Un jour toutes les digues cèderont dans un fracas assourdissant.</p> <p>Le verrouillage de tous les canaux d'expression et l'interdiction de manifester dans la rue d'Alger, capitale et centre névralgique du pays, aboutissent logiquement à ce genre d'expression violente et désorganisée.</p> <p>Face à cette situation, où les premiers morts sont annoncés, le pouvoir demeure étrangement muet. Devant l'ampleur de l'évènement, ce silence donne le vertige. Est-ce un signe de contradictions non réglées ? On ne sait si ce mutisme est dû à de la désorientation ou à du mépris. Ce qui est sûr, c'est que le mépris n'a jamais occasionné que davantage de destructions et de victimes.</p> <p><strong>DES MESURES POLITIQUES URGENTES</strong></p> <p>Avant tout, il faut arrêter la malédiction de l'écoulement du sang, épreuve fatale pour les hommes et pour tout projet. Adopter des mesures sociales et économiques pour enrayer la cherté de la vie est également une nécessité. Mais si elles ne font pas l'objet d'un accompagnement politique, elles resteront vaines car les mêmes causes produiront les mêmes effets.</p> <p>Dans cette perspective, la levée de l'état d'urgence est un premier palier pour établir le dialogue entre les divers acteurs de la société et instaurer les mécanismes de concertation et de régulation de la vie publique. Le déverrouillage politique, médiatique et social est une autre condition pour réamorcer le processus démocratique. Les luttes populaires et pacifiques centrées sur les droits – politiques et sociaux – et les libertés – individuelles et collectives - sont les garants d'une démocratie effective, meilleure protection des plus faibles. La plus grande subversion est de se saisir des instruments de lutte liés à cette philosophie et à cette stratégie pour permettre au peuple algérien de prendre son destin en mains. Seul un nouveau processus de légitimation basé sur la volonté populaire peut asseoir un pouvoir crédible et audible. La diversification de l'économie, la lutte contre la corruption et la distribution équitable des richesses ne peuvent être que l'œuvre d'un pouvoir à légitimité incontestable.</p> <p>L'Algérie ne manque pas d'atouts pour aller dans ce sens. Il faut faire preuve d'imagination, d'audace et de responsabilité.</p> <p><strong>Tarik MIRA est député de Bejaïa.</strong></p></div> UN ETAT BIGOT ET CONFESSIONNEL http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article1168 http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article1168 2010-10-09T12:41:00Z text/html fr Ali Brahimi, Tarik Mira L'acquittement des deux non jeûneurs de Ain El Hammam, le 05 octobre dernier, est à la fois un soulagement et en même temps une interrogation. Soulagement parce que le droit et la raison l'ont emporté. Interrogation car, en réalité, ce procès n'aurait jamais du avoir lieu. Sa tenue est une prime à la crispation identitaire et à la provocation. C'est dire la régression que l'on a subi depuis l'indépendance à ce jour et les écarts que l'on a pris (...) - <a href="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique88" rel="directory">Algérie</a> <div class='rss_texte'><p>L'acquittement des deux non jeûneurs de Ain El Hammam, le 05 octobre dernier, est à la fois un soulagement et en même temps une interrogation. Soulagement parce que le droit et la raison l'ont emporté. Interrogation car, en réalité, ce procès n'aurait jamais du avoir lieu. Sa tenue est une prime à la crispation identitaire et à la provocation. C'est dire la régression que l'on a subi depuis l'indépendance à ce jour et les écarts que l'on a pris avec les principes et fondements du Mouvement national dans l'ensemble de ses composantes, y compris avec les Ulémas de l'époque. C'est dire également à quoi mène la concurrence – biaisée par nature – entre l'Etat et les intégristes sur un terrain balisé par ceux là, et ce dans toute l'aire musulmane. De glissement en dérapage, on quitte la patrie spirituelle pour entrer dans l'Etat confessionnel qui revêt les habits de la bigoterie et de l'intolérance, les deux piliers qui mènent tout droit à l'inquisition. La poursuite judiciaire des non jeûneurs – incroyants ou chrétiens – relève de ce phénomène où l'Etat brandit la coercition, là où il n'y a que liberté de conscience. Ce faisant, l'Etat séculier perd ses oripeaux un à un, au grand soulagement des intégristes qui voient leur travail s'accomplir par procuration. Nos dirigeants doivent se rappeler que l'inquisition est née au Moyen âge, en Espagne, par l'obligation faite aux musulmans et aux juifs de se convertir. Puis ne croyant pas en leur apostasie car « dissimulateurs ayant fait semblant d'avoir adopté la vraie foi », les Rois catholiques et leurs descendants décidèrent de « purifier les cœurs et les âmes » de ces damnés par la violence. Voilà la préfiguration des purifications ethnique, religieuse et idéologique du XXème siècle et du début de l'ère actuelle. La décennie noire est un avatar de cette configuration où la terreur a fait office de justice. L'avenir est parsemé d'embûches aux conséquences redoutables si les digues de la liberté ne sont pas mises en place face aux douaniers de la pensée.</p> <p><strong>Le droit de la force ?</strong></p> <p>Devant la montée de l'uniformisation religieuse, il faut se battre pour des choses simples mais essentielles : les libertés démocratiques. La liberté de croire, de s'exprimer, entre autres, sont constitutives de la dignité de la personne humaine. Le pacte civil et des droits de l'homme de 1966, ratifié par l'Algérie en 1989, est cet égard suffisant pour cet ensemble des droits et libertés, notamment celui de l'exercice du culte. La constitution, qui vient en seconde position dans la hiérarchie des normes juridiques, confirme cet engagement. Dés lors, pourquoi a-t-on peur des convertis au christianisme ? L'islam n'est il pas la religion de la tolérance ? Comment peut-on s'indigner chaque fois des difficultés des musulmans à exercer leur culte dans des espaces décents en Occident et ne pas le faire pour les chrétiens en Algérie ?</p> <p>C'est pour « exercice illégal du culte » que les quatre prévenus de Larbaa Nath Irathen seront déférés devant le tribunal, le 10 octobre 2010. Sans rentrer dans les arcanes de la justice, il y a comme une contradiction entre la difficulté d'obtenir des endroits publics pour exercer son culte et l'arrestation des fidèles dés lors que ceux-ci dégagent un espace privé pour ce but ? Quel crime y a-t-il à cela ? Combien y –t-il de mussalat dans des lieux publics et privés de rite musulman sans autorisation ? Que dit à ce sujet l'ordonnance régissant la pratique cultuelle ? Deux poids et deux mesures ?</p> <p>La République à laquelle nous croyons, issue des limbes du Mouvement national, est fondée sur l'exercice des droits et libertés. L'égalité des droits est l'alpha et l'oméga de cette citoyenneté républicaine. Peut-on rappeler que des Chrétiens – Français et Algériens – se sont engagés pour l'indépendance de l'Algérie parce que précisément la justice est indivisible. Les textes et les paroles de Jean Amrouche notamment ont été des balles assassines contre le colonialisme afin qu'advienne l'Algérie, libre et indépendante.</p> <p><strong>Croyant ou citoyen</strong></p> <p>A l'instar des pays musulmans, l'Algérie est confrontée au salafisme – intolérant, uniformisateur et dominateur – qui semble s'infiltrer dans les interstices de l'Etat pour en modifier la substance idéologique. Atteint par un déficit de légitimité à cause du mariage raté entre la République et la Démocratie, le pouvoir cède d'autant plus facilement aux revendications salafistes que celles-ci permettent le contrôle social sur les masses. La citoyenneté cède le pas, trahie. Le combat entre le citoyen et le croyant est relancé de façon inattendue par ces multiples affaires de Aïn El Hammam, Larbaa Nath Irathen et Ighzer Amokrane. Auparavant, c'était Tiaret.</p> <p>La citoyenneté, qui se base sur la non discrimination, doit l'emporter car elle inclut la croyance. Le contraire n'est pas toujours vrai. Ce postulat doit se manifester, aujourd'hui, à Larbaa, comme demain à Akbou, afin que le vivre ensemble se passe dans l'harmonie et le respect des uns envers les autres. Auparavant, la parole doit se libérer de l'auto censure face « des sujets délicats et sensibles » qui, si on les attaque pas de front, vont demain constituer la norme culturelle, sociale et politique.</p> <p><i>Ali Brahimi, député de Bouira et Tarik Mira, député de Bejaïa, sont non inscrits, n'appartenant à aucun groupe parlementaire. Article paru dans le quotidien Watan</i></p> <p><i>En complément, Tarik Mira, nous a fait parvenir la question orale qui suit, posée au gouvernement algérien. Aux dernières nouvelles, il attend toujours la réponse.</i></p> <p>L'Algérie connaît depuis quelques années une montée de l'intolérance que semble couvrir les institutions de l'Etat. Les dernières affaires de non observance du jeûne pendant le ramadhan, à Ain El Hammam, Ighzer Amokrane, Tébessa confirment s'il en est cette situation extrêmement préoccupante pour les libertés publiques et le respect de la constitution. Monsieur le ministre, sur quelle base la police que vous commandez a-t-elle agi pour arrêter ici et là de nombreux citoyens algériens ? L'article 144 bis-2 du code pénal, par ailleurs si vague et si extensible, sur lequel la police semble avoir assis son action est-il supérieur à l'article 35 de la constitution algérienne qui garantit l'inviolabilité de la liberté de conscience (Article 35 : La liberté de conscience et la liberté d'opinion sont inviolables). Il me semble qu'en matière de droit, la hiérarchie des normes consacre la supériorité de la Constitution sur la loi et textes juridiques. Monsieur le ministre, vous êtes un produit de la lutte de libération nationale sur laquelle repose la légitimité de l'Etat national souverain, vous n'êtes pas sans savoir que la citoyenneté a été l'un des fondements du mouvement national ? Dès lors, sommes-nous en République, qui est censée consacrer la citoyenneté, ou aurions-nous glissé sans le savoir dans un régime théocratique ?</p></div> POUR L'ABOLITION DE LA PEINE CAPITALE EN ALGERIE http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article882 http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article882 2008-12-27T14:51:00Z text/html fr Tarik Mira Le groupe parlementaire du RCD a organisé un colloque pour élargir le débat à propos du dépôt d'une proposition de loi qui vise à l'abolition de la peine de mort. Cette proposition de loi a certes une histoire immédiate, liée à une revendication maintes fois réitérée dans les congrès successifs du RCD, mais elle est également née d'une réflexion ancienne qui tire son origine d'un passé récent consacré à la lutte en faveur du respect et de la promotion des droits de (...) - <a href="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique88" rel="directory">Algérie</a> <div class='rss_texte'><p>Le groupe parlementaire du RCD a organisé un colloque pour élargir le débat à propos du dépôt d'une proposition de loi qui vise à l'abolition de la peine de mort. Cette proposition de loi a certes une histoire immédiate, liée à une revendication maintes fois réitérée dans les congrès successifs du RCD, mais elle est également née d'une réflexion ancienne qui tire son origine d'un passé récent consacré à la lutte en faveur du respect et de la promotion des droits de l'homme. Ce combat fut mené par la génération politique des années 80, arrivée sur le terrain des luttes pour, entre autres, réaliser la consécration des libertés démocratiques et la réappropriation de l'ensemble du référentiel identitaire et historique national.</p> <p>La dureté de la répression qui s'est abattue sur ces militants aux actions exclusivement pacifiques a accéléré le mûrissement de la question de la peine de mort dans leur conscience politique. Faut-il rappeler que 24 d'entre eux ont été déféré devant une Cour d'exception en 1980 et 23 en 1985. Ils encouraient tous la peine capitale* pour des revendications qui sont, aujourd'hui, réclamées par pratiquement l'ensemble de la classe politique nationale. Imaginez-vous un seul instant que ce verdict extrême soit tombé et exécuté à l'époque ? Cela paraît absurde aujourd'hui d'évoquer que cela put se présenter. Pourtant cette menace avait bel et bien existé et, en terme jurisprudentiel, les funestes virtualités de cette sentence sont toujours en vigueur contre de fauteurs potentiels. En effet, la raison d'Etat peut mener à tout instant à de monstrueuses dérives.</p> <p>L'injustice et l'arbitraire inhérents à cette peine barbare sont encore plus significatifs en cas d'erreurs judiciaires. L'irréversibilité du caractère expéditif de la sentence rend la situation davantage tragique. L'exemple des Etats-Unis, où les erreurs judiciaires sont connues et médiatisées, donne à réfléchir sur l'implacabilité de cette option que la raison et l'intelligence humaines, dans leur évolution historique et éthique, réprouve. A présent, nous avons une opportunité exceptionnelle de faire avancer, tous ensemble, au sein de légalités institutionnelles, une cause fondamentale de la lutte en faveur des droits de l'homme.</p> <p>Le combat pour les droits et libertés doit associer le plus grand nombre et se situer au dessus des clivages politiques. Il en est de même pour l'abolition de la peine capitale qui est d'abord une question éthique avant d'être idéologique. Pour un autre rappel historique, l'Algérie combattante a souffert et dénoncé la peine capitale dont furent victimes quelques uns de nos glorieux martyrs. La lutte contre la peine capitale et la torture a participé à la révélation et au retentissement international du combat de l'Algérie pour le recouvrement de son indépendance. Voter favorablement cette proposition de loi est également une sorte d'hommage à ces combattants de l'ombre qui ont fait passer l'Algérie à la lumière.</p> <p>Les fondements qui ont porté sur ses fonts baptismaux le Mouvement national dans sa quête de construire l'Etat national souverain, démocratique et social dans sa nature, militent en faveur de l'abolition de cette peine aussi dégradante qu'inhumaine. Du reste, les autorités nationales ont souscrit au moratoire de suspension de cette sanction inique. L'Algérie a été la banque de sang de la région pour l'émancipation des peuples du sud, elle a encore une fois l'occasion, si elle abolit la peine capitale, de participer à l'intégrité de la dignité humaine et à l'universalité de cette aspiration. En tant que femmes et hommes de ce pays, pétri par une culture millénaire et une permanence historique singulière, où la violence a occupé une place assez large, nous devons nous rappeler que la vie humaine est sacrée. Les principes et valeurs des morales religieuse et laïque participent de concert à cette sacralisation. Il est venu le temps de la maturité pour transformer des normes éthiques en principes juridiques afin d'être en accord avec le mouvement de l'histoire mondiale. Cinq décades en arrière, l'Algérie participait à une épopée historique. Cet esprit doit encore guider nos pas.</p> <p><i>*Sur 12 chefs d'accusation, 8 au moins renvoyaient à la peine capitale pour l'année 1980.</p> <p>Tarik MIRA est Député de Bejaia, Secrétaire national aux relations internationales du RCD.</i></p></div> https://www.traditionrolex.com/18 https://www.traditionrolex.com/18