https://www.traditionrolex.com/18 La Gauche Cactus http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/ fr SPIP - www.spip.net (Sarka-SPIP) La gauche : et maintenant ? (2e étape) http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2888 http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2888 2023-07-23T10:21:00Z text/html fr Jean-Luc Gonneau <p>Abordée dans l'édito de notre numéro précédent, la question de l'avenir de la gauche, et plus précisément de la Nupes se poursuit sous la plume de Jean-Luc Gonneau, notre directeur de publication, et traite notamment des futures échéances électorales. Mais ce point de vue, un peu trivial, dit-il, est loin d'épuiser un sujet qui retiendra notre attention ces prochains mois.</p> - <a href="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique75" rel="directory">La Gauche demain</a> <div class='rss_texte'><p>A la suite de l'édito de notre précédent numéro, une question centrale se pose concernant la Nupes : quel avenir ? A court terme, à l'aune des perspectives électorales à venir, l'unité obtenue de façon inespérée pour les dernières élections législatives parait mal partie pour les échéances à venir. Ainsi, pour les élections sénatoriales, dont les collèges électoraux comprennent pour l'essentiel les élus locaux, très peu de départements ont pour le moment choisi de constituer des listes Nupes. Ce ne serait pourtant pas difficile, chaque parti connaissant à l'avance son nombre probable de « grands électeurs », ce qui faciliterait l'accord sur l'ordre de chaque liste, et, s'agissant d'une élection parlementaire, le programme Nupes de 2022, dûment actualisé et adapté aux spécificités de chaque département. L'élection de 2023 touche la moitié des départements, soit quelques dizaines de milliers de « grands électeurs », mais leurs résultats sont perçus comme un indicateur de l'évolution des forces politiques. C'est pourquoi il serait bon que la Nupes puisse y exister.</p> <p>En 2024, et dans quelques mois donc, ce sera encore plus compliqué avec l'élection européenne, avec un scrutin de listes à un seul tour, à la proportionnelle, certes, mais avec un taquet : seules les listes passant la barre de 5% des votants pourront se partager les 79 sièges attribués à la France. Pour mémoire, lors de l'élection de 2019, le Rassemblement National et la liste macroniste passaient, dans l'ordre, la barre des 20%. A bonne distance, la liste écolo (13%), devançait celles des républicains/UDI (8%) de la France Insoumise et du PS et (un peu plus de 6% chacune). Au total 54 députés de droite et 25 de gauche. Pour la première fois, le PCF (2,5%) n'avait plus de députés européens.</p> <p>Fin du rappel historique. Et maintenant ? Pour en rester à la Nupes, ça cogite un max dans les états-majors. LFI est pour une liste Nupes, et, pas folle, suggère une tête de liste écolo. Le PS hésite : partir seul, et risquer de ne pas atteindre le graal des 5%, surtout si la Convention (vous voyez, ce club des fossoyeurs morts-vivants du socialisme autour de Cazeneuve, Hollande and co) se mêle de faire une liste, ou bien toper Nupes. Le PCF a désigné sa tête de liste, le jeune Léon Deffontaines, mais ne s'interdit probablement pas de changer d'avis si les sondages demeurent sous les 5¨% , d'autant que ses analyses concernant l'Europe ne sont guère différentes de celles de LFI (mais il existe aussi au sein du parti une rancœur certaine envers la personne de Mélenchon) Et EELV, devenu Les Ecologistes vient de désigner la sienne, de tête, Marie Toussaint, bin connue de ceux qui la connaissent bien, mais il est vrai que le vote écolo a rarement été lié à la notoriété d'une tête de liste, ce qui est plutôt sain.</p> <p>Se pose, pour tous, une question bien connue : l'union fait-elle la force plus que l'affichage de la diversité ? La réponse est tout aussi connue ; ça dépend. Un tout récent sondage (mais ce n'est qu'un sondage, hic et nunc, et il reste dix mois avant l'élection) fait état, au niveau de l'Europe, d'une poussée droitière, accentuée en France par ce qu'on a nommé les récentes révoltes ou émeutes (les pétochards penchent toujours à droite quand on craint le roussi). Et ce sonda donne 25¨% pour une liste Nupes, et 31% pour quatre listes de gauche (11% EELV, 9,5% PS, 8,5LFI, 2% PCF). De quoi alimenter la consommation de phosphore, chez les états-majors.</p> <p>Nous n'avons évoqué ici que les seuls et triviaux intérêts électoraux. L'avenir de la Nupes ne dépend pas que de cela : donc, suite au prochain numéro.</p></div> POUR UNE NOUVELLE INTERNATIONALE http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article1901 http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article1901 2014-11-19T16:40:17Z text/html fr Jacques-Robert Simon La « mondialisation » n'est qu'un mot pour dissimuler la main mise du capitalisme sur la planète entière. L'amassement de richesses par des individus a toujours existé mais il était contrebalancé par la puissance des Etats. La Démocratie tend à dissoudre la force étatique. Les raisons sont structurelles : il est très difficile de rester un citoyen lorsqu'on est un consommateur qui vote. Il ne reste donc plus globalement que le pouvoir du capital. La transition vers (...) - <a href="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique75" rel="directory">La Gauche demain</a> <div class='rss_texte'><p>La « mondialisation » n'est qu'un mot pour dissimuler la main mise du capitalisme sur la planète entière. L'amassement de richesses par des individus a toujours existé mais il était contrebalancé par la puissance des Etats. La Démocratie tend à dissoudre la force étatique. Les raisons sont structurelles : il est très difficile de rester un citoyen lorsqu'on est un consommateur qui vote. Il ne reste donc plus globalement que le pouvoir du capital. La transition vers une autre façon de vivre, nécessaire par l'épuisement de pratiquement toutes les ressources, peut-elle être guidée au sein du capitalisme ? C'est la seule question qui vaille de nos jours.</p> <p>Les groupes multinationaux ont prouvé une remarquable efficacité dans les secteurs d'activités les plus divers. Ils représentent les 2/3 du commerce mondial et leur nombre a considérablement augmenté depuis 1990. La concentration du pouvoir de décision entre les mains de quelques uns et leur aptitude à contourner les contraintes imposées par le législateur en font de très remarquables agents économiques. Une multinationale opère dans un domaine où il y a un marché, c'est à dire lorsque des consommateurs nombreux et friands de l'offre existent. Toutefois la seule société du futur qui puisse exister implique la sobriété, c'est à dire une attitude orthogonale à la propension actuelle à la goinfrerie. Les logiques d'incitation forcenée à la consommation par la publicité et le conformisme et celle qui nécessite prise de distance et maîtrise des pulsions sont-elles compatibles ? Il est plus que douteux que cela soit possible ! Quelle que soit la réponse, il est prudent qu'une alternative soit en place pour induire et conforter les changements radicaux nécessaires.</p> <p>Une société sobre ne peut être constituée que de citoyens conscients que celle-ci n'est pas seulement nécessaire mais aussi source de joies simples : regarder un coucher de soleil plutôt que la télévision, manger une choucroute plutôt qu'un « big mac », écouter un artiste chanter plutôt que l'entendre vociférer, faire l'amour plutôt que baiser… Il paraît pour le moins difficile de rassembler une majorité d'électeurs au sein d'un état afin, par la promulgation de lois, de parvenir à ses fins. Reste le tissage de liens au niveau mondial entre personnes qui partagent le sentiment d'une nécessaire mutation. Le communisme (de communis – universel) s'oppose résolument au capitalisme et à la propriété privée des moyens de production ; il vise à l'instauration d'une société sans classes sociales. Dans sa forme originelle, les défauts et les tares de cette approche ont clairement mis en évidence l'inaptitude de cette voie pour remplir ses objectifs. Mais les réseaux sociaux, surtout internationalisés, permettent d'avoir une tout autre façon de faire tout en conservant les objectifs. Et si le capitalisme est incompatible avec une société apaisée du futur, le communisme est tout au contraire adapté à celle-ci.</p></div> FRONT DE GAUCHE : PROBLEMES ET PERSPECTIVES http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article1684 http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article1684 2013-07-12T15:49:10Z text/html fr João Silveirinho En parvenant, depuis les élections européennes, à présenter des candidatures unies (mais pas partout), puis à se regrouper pour soutenir un candidat à l'élection présidentielle (Jean-Luc Mélenchon) défendant un programme cohérent, les différentes formations politiques composant le Front de Gauche ont ouvert une possibilité d'expression politique significative à la gauche du Parti Socialiste. Nous insistons sur « possibilité ». En effet, si la campagne des élections européennes a (...) - <a href="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique75" rel="directory">La Gauche demain</a> <div class='rss_texte'><p>En parvenant, depuis les élections européennes, à présenter des candidatures unies (mais pas partout), puis à se regrouper pour soutenir un candidat à l'élection présidentielle (Jean-Luc Mélenchon) défendant un programme cohérent, les différentes formations politiques composant le Front de Gauche ont ouvert une possibilité d'expression politique significative à la gauche du Parti Socialiste. Nous insistons sur « possibilité ». En effet, si la campagne des élections européennes a permis d'obtenir des résultats, modestes, en progrès par rapport à ceux du Parti Communiste précédemment, celle des élections régionales de 2010 fournit un bilan très nuancé : le Parti Communiste ne parvient pas à réaliser une unité du Front de Gauche sur l'ensemble du territoire et, dans cinq régions métropolitaines, ce parti fera alliance dès le premier tour avec les listes du Parti Socialiste. Malgré un score global honorable en pourcentage, la sphère politique représentée par le Front de gauche perd 20% de ses élus.</p> <p>Ces débuts difficiles seront sublimés par la campagne des élections présidentielles : un candidat unique (ce qui parait évident pour une élection de ce type, mais rappelons que la mouvance de la gauche du PS avait réussi l'exploit, en 2007, de présenter trois candidats avec des programmes extrêmement proches, avec un résultat évidemment microscopique), disposant d'un programme conséquent, déployant un talent de tribun reconnu tant par la classe politique que par l'opinion ; un résultat en forte progression, dépassant les 10%, soit 50% de mieux que les votes recueillis par les trois candidats de 2007. De quoi se réjouir ? Pas tout à fait : en fixant la barre plus haut, en annonçant haut et fort que l'objectif était de battre la candidate du Front national, ce qui fut objectivement un succès se nuança rapidement de demi-teintes, ce qui est plus joli en peinture qu'en séquence électorale. Ajouter que ces demi-teintes furent abondamment utilisées par les « politologues » patentés squatteurs d'écrans pour relativiser le score du Front de gauche est juste mais vain : l'erreur d'appréciation du camarade Mélenchon gâcha un peu sa superbe campagne. Et les législatives qui suivirent ont amplifié le phénomène, conséquence, aussi, de la stupide réforme Jospin-Chirac d'inversion du calendrier électoral, qui a consacré s'il en était besoin la prééminence de l'élection présidentielle : la « gauche de gauche » a perdu la moitié de ses députés, et Jean-Luc Mélenchon, à nouveau, ne peut faire mieux que Marine Le Pen dans le Pas de Calais</p> <p>Et depuis ? Depuis, le Front de Gauche a agrégé d'autres petites formations. Elles sont désormais huit, dont trois ex-courants du NPA, le PCOF (Parti Communiste Ouvrier de France, les ex-« albanais », assagis puisqu'ils ne taxent plus le PCF de révisionnisme, mais très loin d'être un parti de masse), Socialisme et République, semi-dissidents chevènementistes et, un peu plus implantés tout en ayant des effectifs modestes, la FASE (Fédération pour une alternative sociale et écologique), forte de deux députés et les Alternatifs, représentés dans plusieurs conseils municipaux. Sauf le respect qu'on leur doit, ces formations demeurent assez confidentielles. Le Front regroupe aussi deux partis plus importants, le Parti de gauche, celui de Jean-Luc Mélenchon, fort dune douzaine de milliers d'adhérents très militants et de quelques élus, et le PCF, plus de cent mille adhérents et un tissu d'élus locaux encore important.</p> <p>Depuis, le Front de Gauche, en tant que tel, a peu travaillé, ses composantes se consacrant davantage à leur vie interne qu'à des projets communs, à l'exception de campagnes unitaires, contre l'austérité ou, probablement à l'automne, contre la réforme des retraites en cours de discussion. Depuis, un tandem Jean-Luc Mélenchon-Pierre Laurent a principalement représenté le Front de Gauche, le bruit et la fureur de l'un, le calme distancié de l'autre. Ne nous cachons pas que le Front de Gauche peine à faire passer ses idées dans les médias. Et ne rejetons pas toute la faute (mais une bonne partie quand même) sur ceux-ci. Si les propositions du Front de Gauche élaborées lors de la séquence de l'élection présidentielle demeurent pertinentes, elles ont besoin d'être actualisées et complétées, mais ce travail, on l'a dit, se fait peu. On peut aussi s'interroger sur l'utilisation, notamment par le Parti de Gauche, d'une rhétorique parfois très agressive qui fait certes, ponctuellement, le miel des medias, mais un miel teinté de quelque amertume : les petites phrases sont reprises, les arguments de fond, beaucoup moins.</p> <p>L'approche de nouvelles séquences électorales, municipales et européennes, pourrait constituer, pour le Front de Gauche une opportunité pour s'inscrire davantage dans le paysage politique. Mais ça n'est pas gagné. Les élections municipales constituent pour le PCF un enjeu majeur, et la question des alliances, ou pas, avec le PS, se pose, divisant le PCF à l'instar de ce qui arriva lors des élections régionales. De plus, le désenchantement des citoyens devant la politique du gouvernement pourrait déborder l'électorat du PS et toucher l'ensemble de la gauche. Les risques sont moindres pour l'élection européenne, traditionnellement défavorable aux « gros » partis, même si le découpage en circonscriptions régionales, conservé contrairement aux engagements socialistes, leur offre une sorte de matelas de sécurité. De plus, l'élection européenne n'est pas un scrutin local, elle incite en conséquence à un effort programmatique, à l'élaboration d'un projet qui devrait, pour le coup, redonner de l'ambition à l'ensemble du Front de Gauche.</p> <p>Il demeure enfin un aspect qui n'a pas trouvé de solution : nombreux sont les citoyens devenus méfiants ou déçus des organisations politiques. D'une part, le plus grand parti de France est sans doute celui des anciens adhérents des partis politiques. D'autre part, beaucoup de nos concitoyens se sentent concernés par le fait politique, mais rebutés par les « orgas », y compris celles qui constituent le Front, jugées parfois trop confidentielles, et/ou difficilement audibles, parfois un peu claniques (certains s'étonnent ainsi du départ ou de l'éloignement du Parti de Gauche de Marc Dolez, son unique député, de Claude Debons, qui fut un des piliers de la campagne du non au référendum européen de 2005, de Jacques Généreux, l'inspirateur du programme économique de Jean-Luc Mélenchon…), d'autres (le PCF) subissant encore, malgré ses importants travaux de ravalement, le poids encore lourd d'une histoire qui connut des épisodes glorieux et d'autres moins. Trouver au sein du front de gauche une place pour cette population, au delà des « personnalités de la société civile » devrait être un des axes du développement du Front, dont les organisations sont davantage soucieuses de renforcer leur propre boutique que de développer la maison commune. Nous voulons bien comprendre les « spécificités » de chaque organisation, les cultures historiques différentes, mais, avouons-le, il y a des moments où ça devient pesant. La FASE était (est ?) idéalement placée, par sa diversité, pour impulser cet accueil. A elle de voir.</p></div> GAUCHE : POUR DES « FONDAMENTAUX » QUI LE SOIENT VRAIMENT http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article1165 http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article1165 2010-10-12T12:31:57Z text/html fr Jean-Luc Gonneau Peu à peu, les échéances électorales de 2012 approchant, et comprenant qu'il vaut mieux ne pas s'y prendre à la dernière minute, les différentes composantes de la gauche élaborent des propositions qui d'un projet, qui d'éléments programmatiques, le tout non sans désordres, hésitations, parfois contradictions, ce qui à tout prendre n'est pas grave : on ne construit pas quelque chose de solide sans peser chacun des termes, chacune des valeurs, chacune des (...) - <a href="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique75" rel="directory">La Gauche demain</a> <div class='rss_texte'><p>Peu à peu, les échéances électorales de 2012 approchant, et comprenant qu'il vaut mieux ne pas s'y prendre à la dernière minute, les différentes composantes de la gauche élaborent des propositions qui d'un projet, qui d'éléments programmatiques, le tout non sans désordres, hésitations, parfois contradictions, ce qui à tout prendre n'est pas grave : on ne construit pas quelque chose de solide sans peser chacun des termes, chacune des valeurs, chacune des propositions élaborés sans les soumettre à des critiques qu'on voudrait dénuées d'arrières pensées. Il convient également de conserver une certaine dose de prudence, mais pas trop quand même, pour être en capacité de tenir compte d'une part de l'évolution de l'environnement (social, économique, géopolitique..) national et international, et d'autre part des initiatives d'un adversaire dont on sait qu'il ne s'embarrasse ni de contradictions, ni de volte faces, ni de manipulations plus ou moins éhontées des faits et des chiffres. Sans vergogne, on vous dit.</p> <p>On lit parfois que la gauche doit « retrouver ses fondamentaux ». A trop flirter avec le libéralisme, nous pouvons convenir qu'il y eut en effet des pertes en lignes, de la financiarisation de l'économie encouragée par Pierre Bérégovoy aux amabilités faites aux stock options, de la négligence, ou au moins de la mollesse face au problème du logement aux privatisations hasardeuses des gouvernements de gauche entre les années 1980 et 2002. Bref, on confondit trop « gauche de gouvernement » et gauche gestionnaire d'un système qu'elle se garda bien, sauf entre 1981 et 1983, période, comme il se chante, que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, de remettre vraiment en cause.</p> <p>Les « fondamentaux » ? Il serait à notre sens erroné de confondre des outils et des méthodes avec ce qui doit être le socle d'une politique de gauche si les élections de 2012 permettent d'éloigner, enfin, Nicolas Sarkozy et ses affidés du pouvoir. Par exemple, François Hollande n'a probablement pas tort d'insister sur la nécessité d'une profonde réforme fiscale. Mais pour quoi faire ? Davantage de justice en la matière ? Applaudissons, de justice, nous avons grand besoin, et pas seulement en matière fiscale. Donner à l'état (et, ne l'oublions pas, aux collectivités territoriales, dont l'actuel gouvernement assèche méthodiquement les ressources tout en chargeant la barque de leurs obligations, normal, elles sont majoritairement à gauche) davantage de moyens d'intervention ? Certes, mais encore une fois, pour quoi faire ?</p> <p>Pourtant, les « fondamentaux », les indispensables, devraient sauter aux yeux : permettre à chacun de se nourrir et se vêtir convenablement (c'est la question du revenu minimum), donner à chaque ménage la possibilité d'accéder à un logement décent (c'est en autres la question de la lutte contre la spéculation immobilière, jamais vraiment abordée par les gouvernements de gauche, et de l'effort nécessaire en faveur du logement social et intermédiaire locatif, que ces gouvernements n'oublions pas que les « propriétaires » ont majoritairement tendance à voter à droite), l'accès à l'éducation (c'est le problème des moyens à y consacrer mais aussi de l'équilibre entre la formation citoyenne et culturelle et celles débouchant sur les qualifications professionnelles, les unes n'excluant pas les autres), et aux soins (c'est le problème des moyens de la santé publique mais surtout des choix, préalable à celui des moyens, le problème de la place à accorder aux soins publics, associatifs, coopératifs face aux secteurs à but lucratif, libéral ou commercial. Cela vaut évidemment pour la prise en charge de nos aînés)</p> <p>Une fois cela acté, mais seulement à ce moment, il y aura lieu de chiffrer et de proposer des éléments structurants. Et de conduire, en effet, une vaste réforme (fiscale mais pas seulement) pour parvenir à une répartition équitable des ressources entre capital et travail et, au sein des revenus du travail, à des systèmes de rémunération réduisant les écarts scandaleux des salaires.</p> <p>D'aucunes et d'aucuns gobergeront peut-être sur le thème « et l'écologie dans tout ça ? ». On la retrouvera dans la nourriture et la vêture, dans la conception de l'habitat et de la ville, dans la formation citoyenne, dans les modes de soin. Et les fondamentaux demeurent : ceux qui permettent à chacun de vivre dignement et si possible le sourire aux lèvres.</p></div> LE FRONT DE GAUCHE ENTRE DESIR ET JOUISSANCE http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article1038 http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article1038 2009-12-26T19:15:00Z text/html fr Jacques Broda Harcelé sur sa gauche ( !) par le N.P.A qui veut lui dicter sa conduite, sur sa droite par la nébuleuse sociale-libertaire, le Front de Gauche tente de créer un espace politique marqué du sceau du désir. D'une part il affirme ce qu'il veut, et tente de se donner les moyens d'y arriver, d'autre part ses fins sont affirmées d'un esprit de justice, d'une éthique mise en politique par le respect des règles démocratiques, de l'altérité. Le désir se (...) - <a href="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique75" rel="directory">La Gauche demain</a> <div class='rss_texte'><p>Harcelé sur sa gauche ( !) par le N.P.A qui veut lui dicter sa conduite, sur sa droite par la nébuleuse sociale-libertaire, le Front de Gauche tente de créer un espace politique marqué du sceau du désir. D'une part il affirme ce qu'il veut, et tente de se donner les moyens d'y arriver, d'autre part ses fins sont affirmées d'un esprit de justice, d'une éthique mise en politique par le respect des règles démocratiques, de l'altérité.</p> <p>Le désir se construit dans la pensée et l'action, l'élaboration, la confrontation, la détermination. Ne pas céder sur son désir, tout le risque est là disait Jacques Lacan. A l'aune de l'éthique et des valeurs de justice, le désir qui porte le Front de Gauche, me semble le plus légitime, le plus cohérent, il se donne les moyens de ses fins (pôle financier public, sécurité emploi-formation, intervention citoyenne et révolutionnaire dans toutes les instances de décision), il ne cède pas sur la lutte des classes, désigne l'adversaire, ne se trompe pas d'ennemi, est prêt à nouer des alliances, et prendre (enfin) le pouvoir.</p> <p>A l'autre bout, il s'agit de jouissance, c'est-à-dire d'une parole sans fin, sans confrontation aux réels du pouvoir, d'une incantation, d'un isolement fécond quant à la pureté, inefficace quant à l'avancée politique. Non bornée, illimitée, clivant les luttes et la mise en mouvement du rapport de forces politique, du bougé des alliances, la stratégie du N.P.A échoue là où le mouvement social s'échoue. D'absence de perspective politique.</p> <p>Cette perspective, elle se construit, jour à jour, pied à pied, mot à mot, dans les luttes, les reculs, les défaites, mais aussi, mais surtout dans l'entrée en politique, dans le désir de politique.</p> <p>Ici le Front de Gauche ne réussit pas à percer parce qu'il propose une démarche, une construction qui en appelle à la ténacité, la fidélité, la fermeté et le courage. Le courage de l'engagement. J'entends souvent ‘les gens veulent', ‘les gens espèrent', ‘gens attendent'… alors nous allons dire ce qu'ils veulent, ce qu'ils souhaitent, ce qu'ils attendent !</p> <p>Mais le désirent-ils vraiment ? S'ils le désiraient vraiment ils entreraient en lutte politique, en engagement solidaire, prendraient fait et cause dans la lutte des classes, mettraient au service de l'intelligence collective leurs savoirs. Alors il y aurait une levée en masse des capacités d'intervention et d'innovation. Force est de constater que ce n'est pas le cas. Saisir à bras le corps, les prochaines échéances électorales pour transformer l'essai de la démarche est absolument capital de notre capacité à donner une forme politique au souhait de transformation.</p> <p>Le Front de Gauche doit créer le désir de politique, le désir d'agir et de transformer le monde. Mais peut-on créer un désir ? Si oui, cela ne peut-être qu'à partir d'une révolution dans les modes d'expression, citons encore Lacan : <i>« Tout ce qui peut arriver de nouveau et qu'on appelle révolutionnaire ne peut consister qu'en un déplacement du discours. »</i> (1)</p> <p>La jouissance serait-elle étrangère au Front de Gauche ? Certes non, elle se loge à mon avis dans la langue de bois, dans la sempiternelle rhétorique du même, sans rythme, sans passion, sans chair ni accroche. Or la politique c'est <i>‘du désir engendrant le désir'</i>(2). Par la parole et l'action.</p> <p>A sa droite, la jouissance sociale-libertaire est pathétique, elle rassemble dans un conglomérat de plus en plus informe, une mouvance sans limite, sans principe, sans projet, sans rupture. La jouissance ici est dans l'anomie, l'absence de valeurs affirmées, la juxtaposition des contraires, la dérision et le cynisme.</p> <p>Au même instant, le peuple, les peuples vivent l'enfer. Que ne se révoltent-ils ? Que ne s'organisent-ils ? La responsabilité de chaque-un ici est convoquée, et nous ne pouvons croire qu'il ne s'agit que d'une incapacité de l'organisation Front de Gauche.</p> <p>Il y a quelque chose de plus profond, de plus inquiétant, de plus grave quant à l'échelle des valeurs. Et quand bien même les gens voteraient pour nous, cela ne suffira, nous le savons, le désir de politique n'est pas un électoralisme, c'est une éthique. Certes lorsque s'ouvre le champ des perspectives, s'ouvre le champ des possibles, de l'engagement. Mais c'est un cercle vicieux. Le Front de Gauche a du mal à percer parce qu'il affirme que la politique est une affaire de désir et non de jouissance.</p> <p>Ne pas céder à créer ce désir de politique, trouver – contre la langue de bois - d'autres formes d'énonciation de notre projet, engager et poursuivre dans les ateliers une véritable co-construction révolutionnaire : les trois mots d'ordre (!) des élections régionales. Et puisque la politique c'est du désir qui se construit à force de volonté et de courage, écoutons Vladimir Jankélévitch :</p> <p><i>« L'Internationale sera le genre humain, mais pas tout de suite, mais bien plus tard, mais à la fin de l'histoire pour n'affoler personne : car elle est bien élevée l'Internationale ; elle nous épargne le coût de l'instant…Le ‘grand soir', n'est grand que parce qu'il est remis à une date ultérieure. Quel mauvais tour il nous jouerait s'il s'avisait d'être pour ce soir, pour cet après-midi même, entre cinq et sept… »</i>(3)</p> <p>(1) Lacan, J ; « D'un discours qui ne serait pas du semblant « Seuil, Paris, 2006</p> <p>(2) Lévinas, E ; « Totalité et Infini », La Haye, M.Nijhoff, 1961</p> <p>(3) Jankélévitch, V ; « Traité des vertus », Bordas, Paris, 1968</p></div> UN SPECTRE HANTE L'EUROPE : L'ABSENCE D'UN PARTI AUTOGESTIONNAIRE POUR TOUTE LA GAUCHE http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article1044 http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article1044 2009-12-20T19:50:00Z text/html fr Jean-Pierre Lefebvre Une information est passée inaperçue dans les médias en octobre, écrit dans le Monde Hervé Kempf : le parti de gauche, le PCF, le NPA ont mis à leur programme l'institution par la loi d'un RMA, revenu maximal autorisé. Même le PS songerait à incorporer une formule assez vague s'y référant ! Après un an de crise générale du système capitaliste, à l'heure où, lâchement soulagée par l'injection massive d'argent de la société civile dans les déficits (...) - <a href="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique75" rel="directory">La Gauche demain</a> <div class='rss_texte'><p>Une information est passée inaperçue dans les médias en octobre, écrit dans le Monde Hervé Kempf : le parti de gauche, le PCF, le NPA ont mis à leur programme l'institution par la loi d'un RMA, revenu maximal autorisé. Même le PS songerait à incorporer une formule assez vague s'y référant ! Après un an de crise générale du système capitaliste, à l'heure où, lâchement soulagée par l'injection massive d'argent de la société civile dans les déficits bancaires, la cohorte des vautours retourne sans faiblesse à ses occupations premières, la mesure réformiste prend soudain un sens proprement révolutionnaire. Un homme n'en vaut jamais mille autres, cinq autres, c'est déjà beaucoup, il faudra bien s'y résoudre, fut-ce en franchissant de nombreux paliers. Aujourd'hui qu'un Badinguet affaibli dispense spoliation hystérique et bonapartisme insidieux, sur fond de recul social généralisé, l'avenir socialiste du peuple de gauche se cherche, après avoir frôlé les précipices de l'atomisation versus du débauchage et du vertige sulpicien. Parviendra-t-elle enfin à sa gauche, pour les régionales, à franchir le gué et à unir ses meilleurs éléments, du PCF au NPA et aux milliers de militants des comités, vers, comme en Allemagne Die Linke, l'émergence d'une formation unique qui mette l'épée dans les reins à une social-démocratie abandonnée par les siens car elle a déserté son rôle historique ?</p> <p>Nous entrons dans des décennies d'agonie du capitalisme et de chaos. Ou bien celui-ci se résoudra dans une régression sans pareille, un apartheid en cours d'expérimentation en Israël ou à Calais ou bien un pas décisif sera franchi, comme l'humanité en a connu pendant de brèves scansions de l'histoire, vers un élargissement sans précédent de la démocratie réelle, un juste partage entre citoyens de la responsabilité décisionnelle. Au delà des calculs étroits de boutiques empoussiérées de scories historiques, confinées aux délices de l'isolement stérile, aux ratiocinations des vérités premières d'un marxisme sans prise sur l'empirie, quel risque prendrait à l'union le NPA, phalange anticapitaliste la plus résolue ? Quantitativement, l'appareil essoufflé du PCF serait vite équilibré et dissout dans le courant d'air frais des comités. Sa base militante quitterait ses post-stalinisme et proto-réformisme pour contribuer à la prise du ciment nouveau d'une vérité révolutionnaire en élaboration plurielle. C'est naturellement un pari mais comme toujours l'audace utopiste tracerait dans l'effort, le sens à donner à l'événement. Le PS d'Aubry et de Hamon pourrait être amené, pour sa propre survie et s'il brise avec son armada capitularde ralliée à l'horrible « bisness as usual », à accompagner comme force d'appoint précieuse, le basculement anticapitaliste, pourvu que la morsure à ses basques ait suffisamment d'appétit.</p> <p>A ce point il faut bien s'interroger. Le RMA, certes. Sans doute aussi la RTT comme objectif central à l'effort des hommes, en remplacement de la fuite éperdue dans la compétition de l'avoir prédateur d'humanité et dévastateur de planète. Mais le seul éclairage capable d'ensoleiller la perspective, en dissipant les cumulus laissés par la tragique tentative léniniste, c'est la construction d'un socialisme par en bas. Sans ce choix radical, il n'existe aucun avenir pour la gauche. Cette stratégie manque cruellement, au delà des salamalecs rituels à la doctrine, à nos tribus gauloises dispersées où règne une manque de confiance étonnant dans l'initiative de salariés immensément majoritaires (90% des actifs). Pourtant, ceux-ci possèdent désormais les armes techniques d'une maîtrise économique qui se réconcilie avec un confort partagé et l'épanouissement des subjectivités.</p> <p>Contre chacune des tares précises du système archaïque, aucune voix ne s'élève pour opposer chaque fois l'issue véritable, audacieuse autant que de bon sens. Ce qu'attendent les militants recroquevillés dans leur pessimisme : <br /><img src="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> La course vers l'abîme spéculatif des banques exige l'instauration légale d'un conseil de surveillance des usagers, des titulaires de comptes, doté des pleins pouvoirs. <br /><img src="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Les délocalisations ne pourront être réellement bloquées que par l'extension des pouvoirs des comités d'entreprise qui s'opposent aux dégraissages boursiers, au brigandage des fonds d'investissements, aux spéculations hasardeuses, aux gouvernances assassines, etc. <br /><img src="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Déficit de la sécurité sociale : toujours plus de démocratie de base, pouvoir accru du salariat pour s'opposer au pouvoir exorbitant du mandarinat médical et des laboratoires dans une gestion rigoureuse et non mercantile. <br /><img src="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Crise de la ville, grands ensembles : comités de quartiers constitués en armée de l'An deux pour contrer les menées prédatrices des Bouygues, aérer le mandarinat au talent virtuel, faire pénétrer le débat architectural dans les foyers. <br /><img src="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Crise de l'enseignement : étendre le pouvoir de gestion des citoyens à tous les niveaux, organiser sa rencontre avec une pédagogie enfin libérée du carcan jules ferryste. <br /><img src="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Médias : les libérer de la tutelle oligarchique (dépérissement de la pub), autogestion au sein du marché, contrôle citoyen. <br /><img src="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Ecologie : Instituer dans tous les organes de production et de finance le contrôle citoyen à la base (CE), à la source des grands choix écologiques par la rencontre avec la science. <br /><img src="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Inégalités : Instituer partout dans l'entreprise le RMA et le juste partage de la plus-value produite, par le CE, formule transitoire vers l'autogestion.</p> <p>Ces campagnes concrètes seraient assorties d'un travail théorique-pratique systématique des forces de gauche pour traduire dans la loi républicaine la priorité au contrôle de la base et le tri des fonctions utiles dans les appareils d'Etat vers le dépérissement des structures obsolètes. Une condition est d'opérer la distinction entre la nécessaire défense des salariés du public contre les empiètements du capital et la perspective à terme du dépérissement de l'Etat, le remplacement des bureaucraties par des entités autogérées et concurrentielles. Il faut donc abandonner les billevesées antédiluviennes que sont la revendication de l'embauche demain matin d'un million de fonctionnaires en plus, la création d'une banque d'Etat unique, d'un plan centralisé, etc. Tout cela a déjà été expérimenté en 1917, 30, 45, 50, 81, avec l'immense succès qu'on connaît. De quoi, la victoire une fois acquise, désespérer un siècle de plus les élans de l'humanité en cours d'hominisation ! Parti de gauche, PCF, NPA, Comités alter, socialistes sincères, unissez-vous pour l'autogestion !</p> <p><i>Jean-Pierre Lefebvre est urbaniste</i></p></div> TRIBUNE LIBRE : CONGRES DU PCF : UN CDD DE SIX MOIS (renouvelable) http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article840 http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article840 2008-10-02T16:04:00Z text/html fr Jean-Luc Gonneau Une version plus ramassée de ce texte est parue le 1er octobre dans L'Humanité. Après quelques années passées à être, selon l'expression que la légende ou la réalité prête à Lénine, un idiot utile, ou si on préfère un compagnon de route, ou encore un républicain sincère, j'ai adhéré au PCF début juillet. Drôle d'idée, ai-je entendu, de rejoindre un parti en déclin, en crise. Justement. Bien évidemment, pas plus mon arrivée que celles d'autres que (...) - <a href="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique75" rel="directory">La Gauche demain</a> <div class='rss_chapo'><p>Une version plus ramassée de ce texte est parue le 1er octobre dans L'Humanité.</p></div> <div class='rss_texte'><p>Après quelques années passées à être, selon l'expression que la légende ou la réalité prête à Lénine, un idiot utile, ou si on préfère un compagnon de route, ou encore un républicain sincère, j'ai adhéré au PCF début juillet. Drôle d'idée, ai-je entendu, de rejoindre un parti en déclin, en crise. Justement. Bien évidemment, pas plus mon arrivée que celles d'autres que j'espère nombreux ne suffira, toute seule comme ça, à enrayer le déclin, à guérir miraculeusement la crise. Mais la prise de conscience de nombreux communistes que non seulement le PCF mais aussi toute la gauche qui se situe dans une perspective d'alternative au libéralisme politique et économique risque d'être rayée de la carte politique, comme cela vient d'arriver en Italie, m'a encouragé à rejoindre leurs efforts. Et il demeure, quel que soit son affaiblissement, que le PCF est l'organisation clé pour toute perspective de développement d'une gauche refusant de céder aux sirènes libérales. Cela dit, et nous y reviendrons, le PCF est indispensable dans cette perspective, mais il n'est pas suffisant à lui tout seul.</p> <p>Aussi, le congrès du PCF doit être un moment important. Car le temps est compté. Le déclin électoral du PCF est réel, et cruel. Inutile de rappeler les scores de la présidentielles. Inutile de cacher que les élections législatives et municipales n'ont pas été un succès pour les communistes : ils y ont, au mieux, limité les dégâts. Mais de limitation de dégâts en limitation de dégâts, il risque de ne plus rester grand'chose de l'édifice dans les années à venir : temps compté. D'où le CDD : ou bien le congrès ouvre réellement des perspectives, ou bien il donne dans le cosmétique. Si rien ne bouge ou si peu, une nouvelle vague de départs, avec ou sans portes qui claquent, viendra grossir les rangs des anciens du PCF, bien plus nombreux que les adhérents (maigre consolation : c'est aussi le cas des autres formations politiques).</p> <p>La base commune adoptée par le Conseil national du PCF souffre des avantages et des inconvénients des synthèses : plus petit dénominateur commun des idées en présence, elle est rassurante par son absence d'aspérités, et inquiétante par ses hésitations ou ses non-dits. Rituellement, un document préparatoire à un congrès commence par une analyse de la situation politique en France et dans le monde. Celle de la base commune est convenable, comme on dit de gens qui se tiennent bien à table. On voit mal qui, à gauche, ne partagerait pas ces analyses. Les propositions pour l'avenir, que ce soient les axes pour agir ou les grands thèmes politiques à développer ne sont pas impertinents, mais guère innovants par rapport à ce qui ressortait des congrès précédents. Les profondes transformations ne sont pas traduites concrètement dans des actes. Appeler à de rassemblements un peu partout, n'est-ce pas ce qui avait été tenté après le referendum de 2005 ? A ce sujet, le travail critique nécessaire, contrairement à ce qui avait été fait à propos de l'épisode de la gauche plurielle, est à peine abordé. Et passons sur l'impayable paragraphe où s'accumulent les « nous croyons ». Nous ne sommes pas à Lourdes en face d'un pape endimanché. Essayons de penser plutôt que de croire.</p> <p>Le communisme est un référent important de l'histoire politique, en France et dans bien d'autres pays. La base commune le rappelle opportunément. Tout comme elle rappelle, à juste titre, les défiances que le mot même suscite. Nous vivons une époque ou bien des mots et des concepts qui ont fondé et accompagné la gauche ont perdu leur sens, soit à l'épreuve d'échecs, voire de drames historiques, soit par le renoncement à défendre certains principes ou valeurs. Staline a tué le mot communisme, comme la dérive sociale-libérale est en train d'étouffer le mot socialisme, après avoir relativisé la notion de service public ou celle d'intérêt général. Le concept qui définit probablement le mieux nos aspirations est celui d'émancipation. Reconnaissons un fois cela posé que « parti émancipationniste » ne serait pas forcément propice à enthousiasmer les foules. Réfléchir sur le fond, c'est, ou plutôt ce doit être aussi, réfléchir sur le dire. Qu'est-ce, pour une majorité de nos concitoyens aujourd'hui, qu'un parti communiste ? Hors les cercles militants ou « bien informés », comme on dit, hors les lieux où les élus communistes sont en situation de pouvoir local, le parti communiste est, au choix, un souvenir ou un point d'interrogation. Faut-il changer le nom ? Certains affirment que les PC européens qui l'on fait ont couru à l'échec. C'est généralement vrai. Mais ceux qui ne l'ont pas fait ont, tout aussi généralement, échoué aussi. Le problème n'est peut-être pas là, mais il l'est un peu quand même. Un problème d'identité, d'autant plus difficile à traiter quand l'ambition est une « profonde transformation ».</p> <p>Cette identité, à mon sens, doit se construire à partir de quelques éléments simples correspondant aux aspirations populaires, exprimées notamment dans les luttes : si la lutte de classes n'a pas disparu, loin de là, elle a, pris des formes nouvelles, et diverses, qu'il faut prendre, le texte de la base commune le rappelle, en considération. Ainsi, donner un contenu concret de ce qui participe du bien commun, soumis à la notion d'intérêt général et en conséquence soustrait, en partie ou totalité, aux prétendues lois du marché parait indispensable. Le logement et l'emploi, la santé, l'éducation et la culture, les transports collectifs, l'énergie, l'eau, le service bancaire, les communications, l'accès aux services bancaires et aux produits alimentaires de base, voilà ce qui ne devrait pas être négociable. Redonner au travail sa juste rémunération et contrôler celle du capital est un autre point majeur. A partir de ces deux chantiers là, une politique émancipatrice prendra du sens. D'aucuns, nombreux chez les socio-libéraux, objecteront que nous devons tenir compte des contraintes internationales, imposées par l'Union européenne ou, allons donc, l'Organisation mondiale du commerce. Tant à Bruxelles qu'à Genève, il faut savoir dire non. Pas au nom d'intérêts égoïstes, mais au contraire au nom de la justice sociale et de l'émancipation des individus. Dans les périodes récentes où la gauche a été au pouvoir, elle n'a jamais, ou presque, dit non à Bruxelles sur des sujets importants. Il faut reconquérir le courage de dire non.</p> <p>Quel outil politique pour redonner corps et crédibilité à un projet alternatif au libéralisme ? Nous l'avons dit, le PCF est nécessaire (mais il faut faire vite) dans la construction de cet outil. Nécessaire, mais pas suffisant. Peut-on se contenter de « fronts » ou d'alliances électorales variables suivant les circonstances ? Je ne le crois pas. Le Parti communiste doit éviter deux écueils. Le premier serait de se réfugier dans une attitude purement contestataire, à l'image de la LCR et de l'organisation qui lui succèdera. Le second serait de se contenter d'être la caution sociale du PS, piège qui n'a pas été totalement évité lors de la période gauche plurielle. Il y a en France trois traditions politiques (plus quelques dérivées) qui composent la gauche : celle issue de l'anarchisme (qui a participé du corpus des organisations dites trotskistes), celle socio-libérale (plus ou moins socio ou libérale selon les époques) et celle d'une alternative au capitalisme dans une perspective gouvernementale, dont participe le PCF. L'objectif est de relever cette troisième famille, de recréer un rapport de force permettant de peser sur les choix politiques de l'ensemble de la gauche, bref d'aller à la conquête d'une hégémonie politique à gauche. Dans cette optique, il convient d'observer ce qui se passe dans certains pays voisins, et notamment en Allemagne avec l'émergence de Die Linke. Lapalissade : l'Allemagne n'est pas la France, ni la même histoire, ni les mêmes traditions politiques. Il n'empêche : sans qu'il soit question de modèle, n'est-ce pas une sorte de Die Linke à la française que nous devrions envisager ? Cela vaut le coup d'essayer.</p></div> LE TOUR DE LA GAUCHE (DE GAUCHE) EN UN TIERS DE COLLOQUE http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article696 http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article696 2007-12-28T12:41:00Z text/html fr La jeune et sérieuse association Raisons d'Agir, qui publie la non moins jeune et déjà riche revue « Savoir/agir », a organisé les 14 et 15 décembre derniers à Paris un colloque d'universitaires intitulé « Pour une gauche de gauche ». Pour des raisons d'agir professionnel le vendredi soir et d'agir personnel le samedi matin, le reporter du Cactus/Réchauffer la Banquise n'a pu se rendre qu'à la session du samedi après-midi ; un temps pour l'homme, un (...) - <a href="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique75" rel="directory">La Gauche demain</a> <div class='rss_texte'><p>La jeune et sérieuse association Raisons d'Agir, qui publie la non moins jeune et déjà riche revue « Savoir/agir », a organisé les 14 et 15 décembre derniers à Paris un colloque d'universitaires intitulé « Pour une gauche de gauche ». Pour des raisons d'agir professionnel le vendredi soir et d'agir personnel le samedi matin, le reporter du Cactus/Réchauffer la Banquise n'a pu se rendre qu'à la session du samedi après-midi ; un temps pour l'homme, un pour le travailleur, un pour le citoyen, voilà qui correspond à un certain projet social, sinon socialiste.</p> <p>Les sessions sacrifiées sur ce triptyque autel se penchaient l'une sur le processus allant « du mouvement social à la constitution d'un espace à la gauche de la gauche », l'autre sur « les nouvelles règles du champ politique ». Celle qui sera développée sans attendre était consacrée aux « traditions politiques en mal de redéfinition ».</p> <p>Rémi Lefebvre s'est intéressé à ceux (il s'en trouve encore) qui veulent « rester au PS pour le transformer ». Il nous a fait compatir sur le sort des militants « les plus moraux, qui doivent sans cesse faire des contorsions ; militer à gauche au PS, c'est synonyme de souffrance ». Ces militants souffrent notamment de dissonance cognitive. « L'économie morale du cynisme domine ce parti, ce que les militants de gauche vivent très mal ». En même temps, ils restent par animosité et volonté de revanche envers leurs camarades : « la haine socialise au parti socialiste ».</p> <p>Le congrès de Rennes a sonné le glas des courants d'Epinay ; on ne s'embarrasse plus dès lors d'homogénéité idéologique, les écuries peuvent mettre bas les masques. Les revues disparaissent dans les années 90. La Gauche Socialiste, devenue LE courant de gauche après le départ de Socialisme et République, est affaibli par Jospin qui nomme Mélenchon et Lienemann au gouvernement, mais constitue un vivier de cadres, qui se scinde lors du congrès de Dijon en 2003. L'héritier résiduel serait Pour la République Sociale, de Jean-Luc Mélenchon, qui fonctionne pourtant « comme un entresoi hors du PS, permettant de militer comme l'on aimerait mais ne peut plus le faire au PS ». Il s'agit d'un club formant des militants, par exemple avec ses ateliers de lecture (de Marx, Blum, Jaurès) - Mélenchon étant convaincu qu'ils doivent être « les garants d'une culture du texte ». Ce qui fait dire de PRS à Christian Picquet qu'elle est « la dernière organisation bolchévique de France ».</p> <p>Florence Johsua nous a entretenu de « la LCR et du nouveau parti », idée pas si neuve puisqu'elle en retrouve trace dans les débats préparatoires au 6ème congrès de cette organisation qui s'est tenu en 1984. La LCR est en forme depuis 2002, estime la chercheuse, qui signale le doublement des effectifs (de 1500 à 3000) cette année-là, et a diffusé en questionnaire lors du congrès de 2006, recueillant le taux impressionnant de 50% de réponses. Devant ces nouvelles recrues plus jeunes, moins homogènes, moins cultivés politiquement, moins diplômés, moins enseignants, encore moins ouvriers, moins hommes et beaucoup plus employés (25% des nouveaux adhérents contre 12% des présents antérieurement à 2002, permettant d'évoquer un « tournant employé »), la proposition de « nouveau parti anticapitaliste » servirait surtout à résoudre la nouvelle donne identitaire de la Ligue, qui n'aurait pas assez de cadres intermédiaires pour former cet afflux.</p> <p>On se permettra de ne pas comprendre la crédibilité accordée à cette stratégie, surtout portée par les médias. En effet, rien ne dit que ce futur parti « antitout » sera bien portant. Entre LO qui gardera le dogme et une recomposition possible de la gauche sur un modèle à l'allemande, quel est l'espace de cette formation ? De plus, la dynamique du succès de la LCR est contestable. Elle a duré en fait des élections régionale de mars 1998 au 21 avril 2002. Tous les scrutins suivants ont été traditionnellement catastrophiques, dont les législatives de 2007. Il y a un vote Besancenot, mais y a-t-il vraiment un vote LCR ?</p> <p>Georges Ubbiali a présenté « les usages du trotskyme dans l'extrême-gauche française » à travers ses trois organisations emblématiques : LO, LCR, PT. Ce dernier est composite, plusieurs courants de pensée sont censés s'y côtoyer sous la houlette des lambertistes. Le parti des travailleurs a porté plainte contre le ministère de l'Intérieur en 2007 pour classement officiel dans la rubrique électorale « extrême-gauche ». Il compterait plus de 5000 adhérents, multiplie les structures-gigognes et a effectué un virage politique « vers un discours de type IIIème République, une sorte de souverainisme social ». Il aurait tenu les meetings les plus fréquentés des trois candidats lors de l'élection présidentielle 2007 (on osera cependant, pour en avoir couru quelques uns, et sans vouloir froisser ce jeune chercheur, en douter).</p> <p>Lutte ouvrière se caractérise par un fonctionnement plus opaque et une participation systématique aux élections, y compris quand elle en a eu la possibilité, aux élections sénatoriales... Elle n'a pas la prétention de vouloir créer une internationale. Elle a mentionné l'adjectif « trotskyste » à la une de son journal qu'en 1989 à la chute du mur de Berlin. Elle s'est tenue à l'écart de la campagne unitaire contre le traité constitutionnel, et a perdu son leadership « présidentiel » le 22 avril 2007 au profit d'Olivier Besancenot, qui avait fait avec la LCR le choix inverse. D'où le paysage de la gauche ce soir-là : « une géante, un nain et des miettes de pain ».</p> <p>Avec l'amertume parfois sarcastique d'un ancien adhérent, « le dépit de celui qui rêve parfois de pouvoir le redevenir », Bernard Pudal s'est demandé du PCF « si un parti pouvait en cacher un autre ». Là encore, il est question de « dissonance politique, schizophrénie et crise suicidaire » d'un parti qui parle un discours de rupture mais dépend du PS pour sa survie électorale et financière (les cotisations des élus représentant semble-t-il 53% du budget du parti). Depuis 1990 et la « Mutation » des années suivantes, le PCF est soumis à des forces centripètes, et son univers, son système d'action, se délite ou lui échappe : journaux, CGT, Secours Populaire... La vie d'une section n'est pas du tout la même selon qu'elle se situe sur une commune communiste ou non. Le nom du parti est le débat qui semble aujourd'hui le plus important, question réglée comme l'on sait en Italie depuis 1991 (Bernard Pudal omettant de rappeler où cela avait conduit l'ex-PCI devenu PDS : dans la main du démocrate-chrétien Romani Prodi ; et oubliant de rappeler la survie de l'adjectif dans Refondation Communiste). La direction bien que très affaiblie notamment par le double revers électoral du printemps, se maintient en place par la pratique du décentralisme démocratique. Malgré ou à cause de cela, « le groupe Martelli-Braouezec a quasiment annoncé qu'il scissionnerait l'an prochain ». A ce propos, si le parti était encore le parti, le camarade Patrick aurait été exclu pour avoir soutenu José Bové contre Marie-George Buffet, et la question de la scission ne se poserait plus. C'est pourquoi, lorsque Bernard Pudal répond à sa propre question : « un parti peut-il en cacher un autre ? Oui : lui-même », il faudrait peut-être plutôt dire : l'ombre de lui-même.</p> <p>C'est du post-modernisme radical que Louis Pinto a voulu nous parler, s'attardant sur le cas (très lourd) de Toni Négri, l'homme des trois post : moderne, industriel, socialiste. Spécialiste de Spinoza, Toni Negri aurait effectué un tournant empirique en 2000 en analysant la mondialisation et serait entré dans le post-gauchisme (et de quatre, mais celui-là on ne s'en était pas bien aperçu), « en affinité avec Henri de Man, Serge Mallet, André Gorz, Alain Touraine ». Pour Louis Pinto, Toni Negri fait montre « d'un robuste économisme, d'un optimisme providentialiste, d'un piétisme actif ». Il se réjouit que pour mener les luttes les réseaux se soient substitué à un centre, car les réseaux convergent. Méditons : « le concept de multitude est un concept de classe, même si c'est une multitude de singularités ».</p> <p>Avec Gérard Mauger enfin, nous avons cherché à savoir si l'on pouvait parler d'un « champ de la gauche antilibérale ». Sans doute parce qu'il s'agissait de la dernière intervention et que votre auto-envoyé spécial commençait à fatiguer, mais elle lui a semblé d'une opérationnalité assez limitée. Ainsi avons-nous bien pris note que la professionnalisation du champ politique en accru le prix d'entrée, qui est acquitté aux partis politiques et aux médias, et nécessite au moins du temps libre et un minimum de capital culturel » ; ce qui ne nous paraît pas si neuf, de même que « les frontières du champ politique sont un enjeu de luttes perpétuel, et que l'enjeu commun des luttes politiques est aujourd'hui ( ?) le pouvoir sur l'Etat, et l'occupation des places ». Selon Gérard Mauger, le label est un enjeu, « par exemple le label : trotskyste ». Pour qui aura été bien attentif jusque-là, il semblera qu'il n'en est rien puisque le PT n'en veut pas et la LCR n'en veut ; le label est donc à LO, nul ne le conteste et bon vent ! Dommage en revanche que l'intervenant n'ait pas développé le concept de « capital politique négatif ». Il aura indéniablement le soutien du Cactus quand il voudra « rénover le répertoire d'actions politiques, lutter contre le radicalisme de campus et les oppositions de salon ». Mais lorsqu'il s'excuse, vers la fin, de son propos sans doute un peu incantatoire », ce n'est pas le mot qui vient spontanément à l'esprit ; ce serait plutôt : touffu sûrement, confus peut-être, et cette envie de lui dire quand il se perd dans le subtil et labyrinthique dessin « des composantes frontières des sous-champs du politique, univers parfois distincts et autonomes » : choisis ton champ, camarade !</p></div> La « gauche antilibérale » doit atterrir http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article709 http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article709 2007-12-24T15:34:00Z text/html fr Au lendemain du 1er tour de l'élection présidentielle, qui a vu N. Sarkozy capter une partie de l'électorat du FN et le PS utilisé en vote utile par les électeurs de gauche, chacun des deux camps droite/gauche est parti à la pêche aux voix des millions d'indécis regroupés autour du « troisième homme » F. Bayrou. Pour qui veut accéder au pouvoir et doit subir la contrainte de cette élection monarchique, l'exercice de ralliement des voix est indispensable. Pourtant, à (...) - <a href="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique75" rel="directory">La Gauche demain</a> <div class='rss_texte'><p>Au lendemain du 1er tour de l'élection présidentielle, qui a vu N. Sarkozy capter une partie de l'électorat du FN et le PS utilisé en vote utile par les électeurs de gauche, chacun des deux camps droite/gauche est parti à la pêche aux voix des millions d'indécis regroupés autour du « troisième homme » F. Bayrou. Pour qui veut accéder au pouvoir et doit subir la contrainte de cette élection monarchique, l'exercice de ralliement des voix est indispensable.</p> <p>Pourtant, à S. Royal, qui lui a téléphoné et s'est dite prête à le rencontrer et « à enrichir son programme de certaines de ses propositions », O. Besancenot a opposé une fin de non-recevoir : « Il y a incompatibilité totale entre nous » (Libération, 27 avril 2007). A. Krivine a ajouté : « La danse du ventre de Royal avec Bayrou est dans la logique de la dérive sociale libérale du PS. Aller chercher l'électorat de Bayrou, on est pour, y compris parce que des électeurs de la gauche radicale ont voté pour lui, mais envisager un gouvernement avec un dirigeant de droite complice de Sarko, c'est désastreux et risque d'encourager des gens de gauche à s'abstenir »...</p> <p>Si Alain Krivine parle de « dérive » du PS, ce qui implique, si les mots ont un sens, que ce parti n'est pas complètement social-libéral, on croit comprendre comment il envisageait de contrecarrer cette dérive : par une dénonciation formelle, via des médias au mieux avides de petites polémiques, au pire prêts à jouer les chausse-trapes lorsque l'intérêt le leur dicte. Il ne voyait pas malice, en revanche, à ce que « des électeurs de la gauche radicale » aient pu voter F. Bayrou plutôt que S. Royal pour éliminer N. Sarkozy. Selon ce calcul, auquel même Machiavel ne pourrait croire, l'arrivée au pouvoir - et non comme ministre ! - de F. Bayrou devait engendré une crise fatale du PS, et, par voie de conséquence, une recomposition valable des forces... Une recomposition d'apprentis sorciers, évidemment, avec un « centre » qui entraînerait le Parti socialiste à droite et laisserait une « gauche » efflanquée, c'est-à-dire une « gauche » de toute nature, de plus en plus divisée et de plus en plus démoralisée.</p> <p><strong>Une concurrence « libre et non faussée » ?</strong></p> <p>Avant cela, la LCR s'était également dite « supersatisfait[e] » de son résultat 1 (O. Besancenot, Le Figaro, 23 avril 2007), puisqu'elle avait fait mieux que ses concurrents directs et pensait avoir résisté au « vote utile ». Peu importe que l'enjeu se trouvât ailleurs, ou que Lutte ouvrière (LO) perde l'essentiel de ce qu'elle avait obtenu cinq ans avant. Vingt ans après le Parti des travailleurs (PT), grand spécialiste de la construction en vase clos « du » grand parti des travailleurs, LO avait compris la leçon et n'en parlait plus comme en 2002. Elle a même appelé cette fois franchement à voter pour la candidate du PS au second tour. Mais c'est au tour de la LCR, au lendemain du 1er tour, d'invoquer ce genre d' « apparition christique »... et dire vouloir battre N. Sarkozy sans appeler clairement à voter S. Royal ! Puis, la LCR a refusé de participer à un rassemblement commun de « la gauche de la gauche » entre les deux tours.</p> <p>La politique de la chaise vide à tous propos et de dénonciation propagandiste de cette organisation s'est accélérée depuis son rapprochement électoral avec LO aux élections européennes de 1999, dont le résultat (plus de 5 % et 5 députés élus) leur servit à tous deux de tremplin médiatique pour les années à venir, même si leur alliance a ensuite éclaté pour des raisons essentiellement boutiquières.</p> <p>Son purisme l'a conduit l'an passé à quitter les « collectifs antilibéraux » 2, au prétexte que le PCF entretenait une ambiguïté inacceptable sur son éventuelle participation à un gouvernement de gauche, qui ne pouvait être que social-libéral 3... La direction du PCF en a profité pour s'exonérer de ses propres responsabilités et imposer à son tour sa propre candidate - sa secrétaire nationale - contre les militants des collectifs unitaires, une partie de l'opinion en attente et les rénovateurs, dans un équilibrisme sensé contenir les forces centrifuges en son sein.</p> <p>De la LCR et du PCF, c'est à celui qui représenterait le mieux le camp des travailleurs, et en récolterait les retombées financières, médiatiques et symboliques. Seulement, nous le savons tous depuis qu'elle laboure les campagnes électorales depuis trente-quatre ans, qui « d'autre [qu'Arlette] peut se dire sincèrement dans le camp des travailleurs » ?...</p> <p><strong>La fin du trotskysme</strong></p> <p>Dans la petite cuisine de la LCR, c'est en fait Léon Trotsky qui disparaît. Par des « coups » médiatiques, l'intox, dont les effets boomerang ne tarderont pas à venir, cette organisation cherche à disputer le leadership de la gauche au PS, dans une outrance où l'ennemi devient la social-démocratie, le « social-traître », présenté inexpugnablement comme social-libéral. Avec ses 3 000 membres (?) et quelques « succès » électoraux, elle croit être plus « à la page » et pense avoir gagné les cœurs. Considérant la marginalisation du PCF comme réglée, alors que ce parti représente des couches sociales ouvrières et populaires qu'on verra encore dans la rue, au grand dam des gauchistes qui marcheront derrière, elle se tourne ennemi du PS ! Abandonnant, faute de mémoire ou d'éducation politique, ce qui pouvait constituer l'apport de la tradition trotskyste à la culture politique marxiste-révolutionnaire, le Front unique (la volonté de rapprocher les forces du mouvement ouvrier entre elles) et l'idée de la transition (c'est-à-dire la popularisation de thèmes politiques porteurs, capables de faire levier - et pas simplement la déclinaison de revendications sociales multiples et variées, aussi légitimes soient-elles, plutôt l'apanage des syndicalistes) 4. Ne reste plus, pour organiser la résistance, que son cadre militant, autour de son « noyau » dirigeant 5... On pensait pourtant ces débats, d'une autre période, tranchés.</p> <p>Mystificatrice et source de nombreuses dérives sectaires, l'idée d'une avant-garde (autoproclamée), autour de laquelle viendraient s'agréger les autres forces, est non seulement néfaste mais vouée à l'échec, et conduit la LCR, si elles n'avaient pas des conséquences désastreuses, au ridicule. Les tentatives multiples de LO, du PT et d'autres l'ont amplement démontré. Cette stratégie, ou absence de stratégie, peut être comparé au solo funèbre du Front national, qui a mis vingt-cinq ans à cristalliser « la protestation » sans jamais parvenir au pouvoir. Pour peu qu'un candidat de la bourgeoisie opère intelligemment et voilà ce parti plongé dans la crise.</p> <p>Dans notre cas, il y a pire. Démonstration vient d'être faite que les résistances sociales, faute de réponse politique à leurs attentes, ne peuvent pas éternellement se prolonger. Elles peuvent même finir par subir une défaite stratégique, comme il en résulte des élections que nous venons de vivre. C'est dire combien la spéculation de la LCR est mortifère pour la gauche : le temps que cette organisation atteigne des scores identiques à ceux du FN et le monde du travail se retrouverait atomisé, appauvri socialement et politiquement. Sa très improbable ascension se ferait alors sur un champ de ruines.</p> <p><strong>L'errance du PCF</strong></p> <p>C'est aussi cette capacité à affronter la vérité en face qui a fait défaut au PCF. Lorsqu'on voit l'errance dans laquelle il se trouve, notamment pour n'avoir pas fait jusqu'au bout le procès du stalinisme, tiré à fond les leçons de l'échec dramatique du « socialisme réellement existant » (aujourd'hui la Chine, Cuba...), on s'explique mieux pourquoi il ne parvient pas à se réorienter, tout prêt de reprendre les pratiques anciennes (« M.-G. Buffet, la candidate de la gauche antilibérale et populaire ») tout en sacrifiant au « mouvementisme », l'idéologie du moment. En se débattant avec sa mauvaise conscience, le PCF ne parvient pas à offrir un visage autre que compassionnel aux nouvelles générations.</p> <p>En dépit d'un certain effort de renouvellement, attesté par son quotidien L'Humanité, le naturel est revenu au galop, exprimant par là une réelle difficulté de ses dirigeants à penser aussi le passé récent qui l'opprime - le bilan de sa participation au pouvoir sous F. Mitterrand comme sous la gauche plurielle ; et à rompre avec le même schéma du parti d'avant-garde qui sévit à l'extrême-gauche, réflexe identitaire des orthodoxes, qui n'ont pas non plus, il faut l'avouer, d'interlocuteurs rénovateurs rassurants susceptibles de les aider à traverser l'épreuve.</p> <p>Le PCF n'a pas saisi de ce fait la chance des collectifs antilibéraux pour se régénérer dans le cadre d'un arc-en-ciel de forces dont il pouvait constituer l'ossature, sans prétendre en être l'unique chef d'orchestre. Sans cet effort théorique et pratique, il est conduit à se laisser couler au gré des tactiques de l'appareil, sans aider à la construction d'une alternative digne de ce nom. Les mairies qu'il dirige, ce qu'il lui reste du tissu associatif qu'il irrigue, ses liens avec le mouvement syndical, en premier lieu la CGT, auraient pu constituer des têtes de pont d'une nouvelle politique. Au lieu de cela, il a pris la responsabilité d'empêcher l'opportunité historique d'une campagne unitaire, sans pour autant être capable de se démarquer stratégiquement des autres candidats qui lui disputaient sa place. Son matraquage volontariste contre le vote utile dans la dernière ligne droite devînt pathétique.</p> <p><strong>L'unité ne fait pas tout</strong></p> <p>Cette division de « la gauche de la gauche » fut d'autant plus inacceptable qu'à l'exception de leur image, quiconque a lu les professions de foi de ses candidats (avec J. Bové en sus, parti pour fédérer et qui a fini en candidat de témoignage de plus) aura été bien en peine de voir leurs différences.</p> <p>Le troisième homme ne devait pas être F. Bayrou mais cette gauche-là, prémisse à une réorientation anti social-libérale du PS, dans un contexte où le PS avait vu 41 % de ses membres désapprouver le Traité établissant une Constitution pour l'Europe (TCE) à sa consultation interne, puis subi le camouflet de la victoire du « non » au référendum. J.-L. Mélenchon s'interrogeait alors sur son départ du PS et D. Strauss-Kahn se demandait à haute voix si L. Fabius comptait y demeurer !</p> <p>Mais, déjà, les collectifs antilibéraux n'avaient pas su prolonger la victoire du « non » au TCE, en initiant une campagne populaire pour une autre république, qui aurait mis le thème de la démocratie au cœur du combat entre les classes sociales. Le Congrès (Assemblée nationale et Sénat réunis) et le Président de la République, activement engagés en faveur du « oui », n'avaient pourtant plus de légitimité et les collectifs antilibéraux auraient trouvé là de quoi maintenir leur unité, s'élargir à d'autres courants, et au moins prendre date pour les élections à venir... Une revendication politique, si elle est portée en temps en heure et à un échelon de masse, peut modifier de façon décisive un rapport de forces. Au lieu de cela, ces collectifs ont préféré s'abîmer dans des histoires à la mords-moi le nœud, et la VIe république, appelons-là comme on veut, est devenue secondaire, un petit point de propagande parmi bien d'autres...</p> <p>Ces collectifs avaient assisté passivement aussi à la désignation du candidat pour le PS à l'élection présidentielle, sans jamais penser marquer leur préférence pour un candidat du « non », toujours obnubilés par leur propre importance, et leur échéance... de division à la Présidentielle ! La division avait commencé par déteindre. Chacun se regarde désormais en chien de faïence et prend l'autre pour son adversaire. C'est un des aspects de la décomposition et de la défaite politique, déjà analysées, que les forces de la gauche subissent depuis longtemps. Outre ces erreurs, toutefois, il faut bien admettre que la simple unité, pour changer la donne, n'aurait peut-être pas suffi...</p> <p><strong>De la propagande à l'irresponsabilité</strong></p> <p>Pour nous faire comprendre, prenons quelques exemples dans le catalogue des 125 propositions des collectifs antilibéraux, la référence de tous ces courants. Sur l'Europe, parent pauvre de la campagne alors qu'il constitue le noeud gordien des contradictions entre les classes, il est stipulé ceci : « Nous nous opposerons à l'actuelle directive européenne sur le temps de travail et [nous] agirons immédiatement pour une réduction européenne du temps de travail » 5 (19e proposition)... Si nous étions au pouvoir, qu'est-ce que cela signifierait exactement ? Que probablement, vu l'état du rapport de force, les autres pays continueraient à appliquer leur propre temps de travail. Cela obligerait la France à accepter la « discipline » européenne ou à agir seule. Si la France agissait seule, sachant que notre politique de réduction du temps de travail serait suivie d'embauches compensatrices, « notre » productivité serait alors moindre ; de ce fait, « nos » entreprises auraient tendance à délocaliser, puisque « nos » produits seraient moins exportables parce que plus chers. Nous vivrions certes mieux, mais nous serions économiquement plus pauvres. La question est cependant ailleurs : dans pareil cas, accepterions-nous que les mêmes produits venus des pays voisins arrivent sur notre territoire à un tarif moins cher, sans leur imposer une taxation qui compense le dumping social ? Certainement non. Nous serions alors contraints d'utiliser les outils du protectionnisme.</p> <p>Voilà pourquoi si nous mettions à exécution une grande partie des propositions de ce programme (notamment celles du chapitre « Une autre Europe dans un autre monde »), nous entrerions aussitôt dans un conflit ouvert avec les institutions européennes, au point d'aboutir à une rupture avec l'Europe réellement existante. Pourquoi ne pas le dire plutôt que d'entretenir des illusions sur une réorientation non-libérale d'une Europe qui nous enchaîne ? Sur un autre registre, l'immigration (proposition 99). A partir de la fausse bonne idée que « (...) La liberté de circulation ne doit pas être réservée aux marchandises et aux capitaux » 7, il est demandé la régularisation immédiate des sans-papiers « avec une carte de séjour de dix ans », « la dépénalisation du séjour irrégulier » (sic), la suppression « des visas de court séjour, le passeport sera suffisant », et « tous les résidents bénéficieront des mêmes droits sociaux [que les citoyens français] ». J. Bové, dans sa profession de foi, a appelé « aux droits de vote des immigrés », de même que M.-G. Buffet lors d'une émission télévisée. Elections locales, nationales, européennes, pourquoi spécifier ?! Dans les 125 propositions, il est écrit : « locales et européennes », mais il est réclamé ailleurs dans le texte « le droit de vote et l'éligibilité de tous les résidents à toutes les élections » 8. Pour ces résidents, il est demandé aussi qu'ils puissent bénéficier de nouveaux droits, en particulier l'obtention de moyens convenables d'existence par la collectivité (argent, logement, etc.)... Bref, l'effet d'aubaine est évident : « Avec la gauche antilibérale, on rase gratis ! »</p> <p>Par-delà les bonnes intentions sociales, une politique qui n'allie pas utopie et responsabilité, c'est-à-dire qui n'anticipe pas les conséquences de son action, n'a aucune chance de convaincre. Il ne s'agit pas de se rallier à un réalisme de rond-de-cuir ; mais être solidaire avec les peuples ne peut pas consister à s'abandonner au libre-échange mondialisé.</p> <p><strong>La nation</strong></p> <p>D'autres sujets continuent d'achopper. La sécurité, par exemple. La mondialisation, ce n'est pas seulement le chômage de masse et le désoeuvrement chez les jeunes de condition modeste de 18-24 ans en France, c'est aussi un mode de production et de consommation dispendieux, rapide - un état d'esprit prédateur, au point que le langage de la cité a finit par emprunter celui des salles de marché. C'est un nouvel état de la civilisation. Dès lors, peut-on exclusivement incriminer les conditions sociales et économiques pour « euphémiser » la violence urbaine des jeunes, en particulier des mineurs, et refuser la police de proximité, au prétexte que mettre des policiers dans la rue ne réglera pas le problème ? Nier l'évolution inédite des banlieues, pas encore à l'Américaine comme l'a expliqué Loïc Wacquant, mais avec tout de même de plus en plus de similitudes, et la nécessité d'une sécurité publique qui intervienne, a simplement fourni l'occasion au candidat du CAC 40 d'être adoubé dans le rôle du pompier par une certaine population exaspérée, pas toujours blanche, raciste et propre sur elle. Avons-nous ainsi fait avancer le problème ?</p> <p>Réfuter les faits quand ils existent ne fait que créer un élément anxiogène supplémentaire. De même, l'identité... L'identité est certes une construction, mais elle ne peut continuer de s'enrichir qu'à condition qu'on ne lui dispute pas, comme un préalable, ses fondations : sa langue, son territoire, son socle politique (en l'occurrence, la république française). Face à l'euromondialisme, vécu comme un Grand Tout, le réflexe national ne doit pas être identifié au chauvinisme, à la réaction contre les autres peuples. Il faut l'analyser comme un besoin d'appréhender les problèmes centraux, là où les peuples pensent pouvoir les régler parce qu'ils sont davantage à portée de la main. C'est pourquoi l'exercice politicien, qui consiste à revendiquer d'un côté la souveraineté populaire - une VIe république -, thème qui aurait pu devenir l'un des quatre points d'ancrage de la campagne unitaire de la gauche antilibérale (tout comme la rupture avec l'Union européenne, les mesures d'urgence sociale et écologique, et une politique véritable de co-développement), en faisant disparaître dans le même temps toute notion de nation, en considérant celle-ci comme un gros mot, parce qu'on se rêve déjà « citoyen du monde »..., est un véritable non-sens.</p> <p>Le « furieux » Nicolas Sarkozy, cynique ultra-libéral, a su là aussi jouer sur tous les tableaux. Il faudra que les européïstes, réformistes, « radicaux » ou « altermondialistes », admettent que le niveau de mobilisation pour un projet commun est différent d'un pays à l'autre et ne sera pas harmonisé du jour au lendemain. La voie nationale reste alors, encore, un passage obligé 9, puisque les conditions peuvent être réunies dans un seul pays avant qu'elles se transmettent à d'autres... Mais le rêve est en marche et naturellement n'a pas de limites.</p> <p>Nos idéalistes à l'universalisme ingénu devraient plutôt réfléchir au contenu du socialisme, à l'aune des leçons du XXe siècle (p.e. comment recouvrir une vraie démocratie ?) et de la question écologique ; peut-être s'apercevraient-ils alors que la construction de l'Europe n'est pas l'horizon indispensable qu'ils croient. Pire, il s'avère être le projet contre-révolutionnaire par lequel les bourgeoisies fusionnent sur le dos des peuples. Ces bourgeoisies qui dénient aux Etats-nations le droit de se défendre alors qu'elles-mêmes doivent à ce droit leur enrichissement, voire leur existence, ceci parce que l'étape européenne sert aujourd'hui mieux leurs intérêts, avant de se déployer avec plus de forces sur le marché mondial.</p> <p><strong>Le retour sur terre</strong></p> <p>Tous ces problèmes, en plus de sa division - hier pour des divergences artificiellement gonflées, aujourd'hui pour la pêche aux voix dans le cadre du financement des partis 10 -, la gauche de la gauche les esquive, ne proposant que des formules hâtives. Généreuse en intentions, multipliant ses aspirations, elle reste décalée par rapport aux rapports de force réels et aux enjeux posés. Si elle veut se mettre en situation de pouvoir, participer à une réorientation de gauche du PS et jouer un vrai rôle face à la construction européenne qui avance et limite de plus en plus la marge de manœuvre des peuples, elle doit rompre avec l'idéologie (dont la forme sectaire est « l'avant-gardisme » et le messianisme), les propos généralisateurs et suffisants, les calculs étroits, les rêves éthérés, et même la prétention d'une contre-expertise tout aussi technocratique que ceux qu'elle conteste. Elle pourra alors s'interroger avec plus d'honnêteté sur le contenu de ce qu'elle veut vraiment faire.</p> <p>Autrement dit, se mettre en situation de répondre de manière affûtée à la question suivante : qu'est-ce qu'une politique de gauche, visant une transition vers le socialisme, à l'échelle d'un pays comme la France ? Qu'est-ce qu'une politique nationale de civilisation ? Répondre à cette question, c'est commencer à être plus crédible dans la résistance.</p> <p><i>1. Inférieur à celui de 2002 : 4,08 %, soit + 288 019 voix, avec une participation de près de 8 millions d'électeurs de plus qu'en 2002.</p> <p>2. Issus de la coalition du « non » de gauche au Traité de constitution européen (TCE), allant du PCF à la LCR, aux écolo-socialistes, les Alternatifs, les libertaires, altermondialistes et adhérents d'associations en tous genres.</p> <p>3. Même si personne n'envisageait la configuration du 1er tour, avec un Bayrou encore plus libéral en embuscade... Et puis, in fine, la victoire de N. Sarkozy, qui met un terme aux projections fantaisistes.</p> <p>4. Voir les articles de Gérard Filoche, l'un des fondateurs de la LCR, sur le site de son courant dans le PS www.démocratie-socialisme.org.</p> <p>5. A noter la situation à Clermond-Ferrand, où deux candidats de la LCR se sont opposés aux législatives. La direction nationale a parachuté sa propre candidate et donné son feu vert à une dissolution de la fédération, 47 militants sont concernés par une exclusion qui devait être discutée à la fin des élections. « Il n'était pas question de laisser le sigle à des militants qui ont fait la campagne de Bové », a expliqué A. Krivine (Le Monde, 7 juin 2007).</p> <p>6. L'actuelle directive européenne sur le temps de travail fixe, notamment, la durée légale du temps de travail à 48 h par semaine, avec la possibilité d'aller jusqu'à 64 h.</p> <p>7. Rappelons à ce propos ce qu'est la libre circulation, selon un libre-penseur, lorsqu'elle n'est pas cadrée : « Dans l'état actuel de la société, qu'est-ce donc que le libre-échange ? C'est la liberté du capital. Quand vous aurez fait tomber les quelques entraves nationales qui enchaînent encore la marche du capital, vous n'aurez fait qu'en affranchir entièrement l'action. » (K. Marx, Discours sur le libre-échange, 1848).</p> <p>8. Avec ce commentaire entre crochets : « Le débat reste ouvert pour savoir si l'obtention de ces droits politiques implique ou non l'acquisition de la nationalité, étant entendu que la double nationalité reste toujours possible en fonction des accords existants entre Etats. » L'influence des idéologues du post-national, comme on parle de post-moderne, est évidente dans cette vision d'un monde sans frontière, sans que le dépérissement de l'Etat ait même commencé, la France ou autre devenant un territoire de transit.</p> <p>9. Ce que Edgar Morin a fini par admettre : « Une démocratie à l'échelle planétaire n'est pas présentement possible. Une démocratie à l'échelle européenne mettra du temps à s'instaurer, via des partis et des syndicats transnationaux. Je crois malgré cela qu'il existe au niveau de la France la possibilité d'une politique de civilisation. » (« Où va la France ? » le débat Edgar Morin-Luc Ferry, in Le Monde 2 n° 168, 5 mai 2007).</p> <p>10. Première fraction : 1,63 euros par voix obtenue, versés chaque année durant cinq ans, à condition d'avoir au moins 50 candidats dans au moins 50 départements ayant atteint, chacun, au moins 1 % des suffrages. Puis, deuxième fraction : 44 394,03 euros pour chaque élu au Parlement ou au Sénat.</i></p></div> TRIBUNE LIBRE : AVERTISSEMENT A LA GAUCHE http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article708 http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article708 2007-12-20T15:22:00Z text/html fr Après la magnifique gueule de bois d'après élections, est venu le temps de la réflexion. Il est venu le temps du bilan, il est venu le temps de répondre aux questions : est ce que mon vote a servi à quelque chose ? Est-ce que le résultat est à la hauteur de l'énergie dépensée, du temps passé, des débats et des combats ? Le résultat des présidentielles est clair, nous avons tous, plus ou moins, voté pour des candidats qui n'avaient aucune chance, isolés, et qui ont tous (...) - <a href="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique75" rel="directory">La Gauche demain</a> <div class='rss_texte'><p>Après la magnifique gueule de bois d'après élections, est venu le temps de la réflexion. Il est venu le temps du bilan, il est venu le temps de répondre aux questions : est ce que mon vote a servi à quelque chose ? Est-ce que le résultat est à la hauteur de l'énergie dépensée, du temps passé, des débats et des combats ?</p> <p>Le résultat des présidentielles est clair, nous avons tous, plus ou moins, voté pour des candidats qui n'avaient aucune chance, isolés, et qui ont tous fait plus ou moins la preuve de leur incompétence. Donc là, c'est clair, temps perdu et énergie dépensée en vain. Pour les législatives, c'est en gros semblable, les groupuscules de gauche isolés et en pleine compétition interne ont perdu de vue le véritable adversaire. Lequel passe d'ailleurs une bonne partie de son temps à leur rappeler qu'ils ont perdu les élections : « Les français ont décidé... » tout en les félicitant... « je rends hommage... aux syndicats... etc ».</p> <p>Alors, au bout du bout, on se rend assez facilement compte que chacun de nous a en fait déposé, non pas un bulletin de vote, dans la mesure ou tout a été fait plus ou moins « par défaut », mais 1€60 dans la caisse d'un groupuscule - électoral - de gauche, quel qu'il soit... du PCF à la LCR ou à LO ou le PT comme chacun le sent. Le résultat est maigre mais donne peut être une piste pour l'avenir. Si les partis de gauche se contentent de notre 1€60 (je rappelle qu'au premier tour des législatives se décide la dotation en argent public et que cette dotation est de 1€60 par électeur si le candidat fait plus de 1% des voix), ceci donne une idée de la pression que les électeurs non encartés pourraient faire peser sur les partis de la gauche dite « de gauche ». Comme leurs adhérents sont souvent à peu près aussi groupusculaires que leurs résultats aux élections, on pourrait tenir le raisonnement suivant : soit vous nous présentez un programme de gauche unitaire, « les 125 propositions par exemple) et des candidats communs soit nous ne votons pour aucun de vous au premier tour des législatives, ce qui revient en gros à vous couper les vivres si vous ne voulez pas faire ce qu'on dit.</p> <p>Il me semble qu'il est sérieusement temps d'arrêter ces élans de grand guignol, qui consistent pour les responsables de partis de gauche, non pas à vouloir arriver au pouvoir, mais simplement à vouloir devancer leur partenaires, être « le premier parti de gauche » : que le PCF soit devant la LCR ou l'inverse, ça sert à quoi ? En 1968, les jeunes avaient comme slogan « élections piège à cons. », ça reste malheureusement très vrai. Quand d'une part on constate la déliquescence dans les partis de gauche (à tel point qu'on se demande si la gauche existe encore), qu'on voit des syndicats hésiter à poursuivre ou entreprendre une grève malgré l'avis de leur mandants, on se dit qu'il va y avoir un sérieux boulot de reconstruction à faire et que ça ne se fera sans doute pas avec les « leaders » actuels dont le crédit est pour l'instant au ras des pâquerettes : il va falloir que la base pousse !</p> <p>Quand, dernière nouvelle, des syndicats étudiants demandent de ne plus combattre la loi Pécresse, qu'ils regardent les lois d'outre-manche, ils devraient en particulier regarder le document du gouvernement britannique sur les « trust schools », c'est à dire l'entrée des entreprises, non seulement dans l'université, dont les taux d'inscription ont sérieusement augmenté, mais dans les autres écoles. A titre d'exemple : « Trust schools will not be owned by business : business foundations and other partners can support the school through a Trust and take a role on the governing body, but not take it over ». Traduction libre : « une école en partenariat ne sera pas la propriété d'une entreprise : les groupements d'entreprises et les autres partenaires peuvent soutenir une école à travers ce partenariat et prendre une rôle dans le conseil d'administration, mais pas la diriger », il est toujours sympathique de voir ce genre de discours : « vous, entrepreneur vous pouvez payez mais pas diriger ». Reprenons le dialogue : Monsanto : « nous avons payé votre laboratoire pour prouver que les OGM étaient inoffensifs » ; Université : « nos études montrent, que les toxines sont détectées dans toutes les parties de la plante (feuilles, racines, pollen, grain, tissus, que bien sûr, les produits végétaux sont destinés à l'expérimentation », et ainsi de suite. Pour ceux qui veulent avoir une idée de la suite du dialogue, voir le site de la Commission du génie bio-moléculaire qui donne ou non les autorisations d'essais OGM. Qui pense sérieusement qu'une entreprise va continuer à mettre du fric dans des laboratoires qui ne vont pas dans son sens ? Voyez ce qui arrive déjà au laboratoire de Christian Velot (pour ceux qui auraient des doutes. Pour ceux qui veulent voir la réalité actuelle et voir ce qui peut se passer (1)</p> <p>Il semble donc qu'actuellement, dans les partis politiques et les syndicats, on retrouve le même clivage : les institutionnels, le PS et le PCF, et de l'autre côté la CFDT et la GCT ont un peu de mal à considérer que, s'ils survivent, c'est grâce d'une part aux cotisations de leurs membres, peu nombreux, mais aussi aux votes des non syndiqués ou non encartés politiquement, et ceux ci ont un véritable pouvoir : l'abstention. Pour un vieux républicain comme moi ce n'est pas facile à dire. Voter est un droit et un devoir, comme on nous l'a expliqué dans les cours d'instruction civique, mais voter pour des cons (je n'ai pas trouvé d'autre raccourci pour.. stupides, mégalomanes, égocentristes etc...) est ce bien raisonnable ? Donc, mon attitude personnelle sera de ne plus voter aux élections qui servent de base pour la distribution de l'argent public, par exemple le premier tour des législatives, pour des candidats de partis qui ne sont pas unitaires. Autrement dit, pas de programme unitaire, pas de candidat unitaire, pas de vote et donc pas de sous. Est ce clair ?</p> <p>(1) <i><a href="http://sciencescitoyennes.org/spip.php?rubrique14" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://sciencescitoyennes.org/spip....</a>)</i></p></div> https://www.traditionrolex.com/18 https://www.traditionrolex.com/18