La Gauche Cactus
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frSPIP - www.spip.net (Sarka-SPIP)Bolivie - A la veille de nouvelles élections prévues le 18 octobre.
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http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article25332020-09-15T16:24:00Ztext/htmlfrAllain Graux<p>Après la déposition illégale du président Evo Morales, les élections promises par son opposition vont avoir lieu dans un pays secoué par de fortes tensions. Le point par Allain Graux, un « témoin voyageur ».</p>
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<div class='rss_texte'><p>Depuis le renversement du gouvernement Moralès, malgré les conditions défavorables au MAS que nous avons décrites, on aurait pu penser ses jours étaient comptés, qu'il allait devenir un mouvement marginal, représentant des paysans cocaleros, comme le sont devenus des partis autrefois révolutionnaires et de gouvernement comme le MIR et le MNR. Mais dès le début de l'année 2020, le MAS est apparu en tête des sondages d'intentions de vote. En janvier, 21% de l'électorat était prêt à voter pour ses candidats et son programme électoral[1]. En mars, après sa désignation, Arce devance largement Mesa avec 33% contre 17%[2]. Cela semble signifier qu'il dispose d'une base électorale et sociale fortement idéologisée, mais pas au sens d'une idéologie classiquement définie comme le socialisme, le communisme, etc... Dans cette acceptation, le MAS n'a jamais été un parti idéologique, mais plutôt « unioniste ». Les ouvriers, les indigènes, les « cholos », les paysans, les secteurs populaires, continuent de voir dans le MAS la seule force capable de les représenter pour défendre la nation, l'égalitarisme, les acquis sociaux, les pouvoirs publics de l'Etat, l'indépendance nationale face aux multinationales. Cette base masiste est consciente qu'elle n'avait jamais connue une telle période de prospérité et de stabilité politique, malgré des erreurs et les accusations de fraude. Cette force populaire rejette les vindictes les plus radicaux de la droite extrême actuellement installés au Palacio Quemada, malgré « les éditorialistes des classes moyennes dans des médias qui ne cessent d'exalter la mystique de la « révolution des ficelles (pititas) » (à cause des ficelles et des cordes utilisées par les protestataires pour barrer les rues[3] ». Ils qualifient le coup d'Etat d'octobre 2019, comme une « révolution libératrice » et l'ère Morales comme une « tyrannie » de « quatorze ans de ténèbres », comme si le soleil avait disparu pendant ces années. Une allusion aux croyances des Incas. Ce qui était reproché à Morales, ce ne sont pas des mesures trop radicales, mais plutôt son insistance sur une réélection indéfinie dans un pays qui a toujours refusé ce principe. Malgré tout ce qui s'est passé, le MAS est resté au centre de la scène politique du pays, parce qu'il a su associer les luttes de classe aux processus d'identification raciale, autour d'une figure charismatique dans la tradition caudilliste (ou populiste). La personne du Jefe (Chef) articule des forces parfois divergentes. Morales a su éviter l'émergence de personnalités dangereuses pour l'unité du parti (et sans doute aussi pour son statut de leader incontesté !). Dans la nouvelle représentation politique proposée aux électeurs, David Choquehuanca, est le leader indigène de l'Altiplano et le jeune Andrónico Rodríguez est celui des fédérations syndicales des producteurs de coca toujours présidées par Morales. C'est l'aile formée par les organisations d'ouvriers et de paysans du « Pacte d'unité » avec la COB. Luis Arce est le candidat du centre militant de la gauche traditionnelle et radicale.</p> <p>Les classes moyennes, les intellectuels néo-marxistes, post-modernes, humanistes de gauche et démocrates progressistes ont des liens avec David Choquehuanca, et sont en grande partie liés à García Linera. Eva Copa, la présidente de l'assemblée, a conclu certains accords avec le gouvernement de Jeanine Añez, sans que sa conduite n'ait été désavouée par Morales. Il faut éviter toute rupture trop radicale, montrer une capacité restée intacte à exercer le pouvoir, poursuivre l'œuvre entreprise. Il s'agissait aussi, au plus fort de la répression, d'empêcher la désertion de la fraction parlementaire du MAS à l'Assemblée législative, alors qu'il est majoritaire.... Le MAS cherche à reconstruire sa coalition politico-sociale alors que le gouvernement est aux prises avec une mauvaise gestion de la crise sanitaire et que le bloc anti-MAS est profondément divisé[4].
<a href="http://allaingraux.over-blog.com/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://allaingraux.over-blog.com</a></p> <hr class="spip" />
<p>[1] Paula Lazarte : « Ciesmori perfila al candidato del MAS como ganador en encuesta » -Página Siete -02/01/2020.
[2] « Arce aumenta ventaja y Mesa afianza el segundo lugar, según encuesta de Ciesmori » en Página Siete, 15/3/2020.
[3] « Les leçons que nous laisse la Bolivie » - Pablo Stefanoni – blog de Mediapart -11 mars 2020
[4] Source : F. Mayorga : « ‘Elecciones ya' : ¿el mas recupera la iniciativa ? » en Nueva Sociedad, edición digital, 6/2020, <www.nuso.org>.</p></div>
BOLIVIE : COUP D'ETAT RACISTE CONTRE LES PEUPLES INDIGENES
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http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article24302020-01-02T01:42:00Ztext/htmlfrGiorgos Mitralias<p>Autant la grande presse (y compris la majorité de celle « de gauche » en a fait des tonnes pour dénoncer les turpitudes ou les incompétences du gouvernement vénézuelien, menacé par un coup d'état présumé « démocratique », autant le coup d'état carrément réactionnaire (les deux activement, comme toujours en Amérique latine, soutenus par les Etats-Unis) en Bolivie est passé sous un relatif silence. Giorgos Mitralias, journaliste grec et militant pour la suppression des dettes du Tiers Monde en montre non seulement réactionnaire mais de plus raciste.</p>
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<a href="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique85" rel="directory">Bolivie</a>
<div class='rss_texte'><p>Que se passe-t-il ces jours-ci en Bolivie ? Et s'il s'agit d'un coup d'état, que veulent et qui ciblent les putschistes ? La réponse la plus claire et la plus autorisée à toutes ces questions est donnée par la protagoniste du coup d'état, la « présidente par intérim » autoproclamée du pays Jeanine Anez quand elle twitte de la façon suivante ce qui semble être son désir le plus ardent : « Je rêve d'une Bolivie libérée des rites indigènes sataniques, la ville n'est pas pour les « Indiens », il vaudrait mieux qu'ils aillent sur l'Altiplano ou au Chaco ». C'est à dire à la très haute montagne ou à la savane quasi désertique…</p> <p>Encore plus éloquents que les paroles sont pourtant les actes qui ont suivi. C'est ainsi qu'on a vu Mme Anez arriver au palais présidentiel pour prendre ses fonctions présidentielles en brandissant triomphalement ...une énorme Bible au-dessus de sa tête, tandis que le vrai cerveau du coup d'Etat, le raciste extrémiste de droite Luis Fernando Camacho et ses amis criaient “la Bolivie pour le Christ, Pachamama n'entrera plus jamais dans ce palais” !Tout un programme si on pense que Pachamama est la Mère-Nature de ces peuples indigènes que les putschistes assimilent à...l'Antéchrist. Et pour qu'il n'y ait pas le moindre doute sur l'appartenance et les intentions des putschistes, pendant que ceux-la officiaient au palais présidentiel, leurs partisans brûlaient au centre de La Paz le drapeau-symbole des 36 nations originaires de Bolivie, la Wiphala rectangulaire aux sept couleurs promue par les gouvernements de Evo Morales au rang de drapeau officiel de « l'État Multinational de Bolivie » ensemble avec son drapeau tricolore traditionnel. Le fait que tous ces « exploits » des putschistes font penser plutôt au Moyen-Âge et ne sont probablement pas compris par le lecteur européen, ne doit pas faire oublier qu'ils font partie intégrante du plus douloureux passé génocidaire de la grande majorité des habitants de Bolivie ! Et comme on voit se multiplier les témoignages sur les assassinats et les tortures de ceux qui résistent au coup, il n'est pas surprenant de voir et d'entendre les manifestants et surtout les manifestantes indigènes hurler que « aujourd'hui comme jadis, ils nous massacrent avec la Bible et l'épée » !... [1].</p> <p>Ce “jadis” se réfère évidemment aux tristement célèbres Conquistadors espagnols qui ne se sont pas limités de “découvrir” et de convertir au christianisme un continent américain habité depuis des millénaires par des dizaines de millions d'indigènes aux cultures bien avancées, mais se sont employés à les exterminer dans ce qui reste jusqu'à aujourd'hui comme le plus grand génocide de l'histoire de l'humanité. [2] C'est exactement cette tradition raciste et génocidaire - qui s'est perpétuée sans interruption durant cinq siècles - que veulent ressusciter aujourd'hui les “démocrates” néolibéraux comme Mme Anez, M.Camacho et leurs pareils, qui ne peuvent se faire à l'idée que les indigènes descendants des Incas puissent être autre chose que leurs domestiques et esclaves.</p> <p>En d'autres termes, ce coup d'Etat constitue l'énième maillon dans l'interminable chaîne des massacres et autres répressions et humiliations réservées depuis des siècles par les colonialistes européens aux nations indigènes de Bolivie, mais aussi de toutes les Amériques du sud et du nord ! C'est-à-dire, ce coup d'Etat ne vise pas en priorité Evo Morales et son régime, mais quelque chose de beaucoup plus grand, important et essentiel : La très grande majorité des nations indigènes et leur lutte séculaire pour défendre leurs droits et leurs libertés démocratiques et nationales. Évidemment, le fait que ces dirigeants des ramassis racistes qui tuent, lynchent et incendient les maisons de leurs adversaires politiques, soient aussi des entrepreneurs et des grands propriétaires terriens n'est pas une simple coïncidence. C'est le bien utile rappel du fait que ceux d'en haut ont toujours utilisé le racisme le plus brutal et violent comme arme pour terroriser et soumettre ceux d'en bas...</p> <p>Voici donc pourquoi la réponse des Aymaras, des Quechuas et des autres peuples originaires a été et reste prompte, massive et terriblement combative. A l'heure où nous écrivons ces lignes, pour le quatrième jour de suite des colonnes interminables des indigènes descendent à de La Paz de la ville de El Alto (plus d'un million d'habitants), laquelle semble se pencher au dessus de la capitale du pays du haut de ses 4.000 mètres d'altitude. Avançant en courant, agitant leurs Wiphalas multicolores, et brandissant des bâtons, les manifestants et les manifestantes indigènes, auxquels sont venus s'ajouter aujourd'hui des milliers d'autres paysans et des mineurs des 20 provinces et de l'intérieur du pays, arrivent de partout et remplissent le centre de La Paz, les milices paysannes des Ponchos Rojos en tête. Mais, à l'opposé de Morales qui depuis le Mexique multiplie les appels en faveur du « dialogue » et de la « pacification du pays », ces manifestants persistent à demander « la tête du fasciste Camach » et la « renuncia » de Anez, tandis que tous ensemble répètent en chœur un mot d'ordre très éloquent : « Ahora si, guerra civil » (Maintenant oui, guerre civile) !</p> <p>Il est impossible de prévoir quelle sera l'issue finale de ce terrible affrontement. Cependant, ce qui impressionne et est déjà une certitude c'est que les nations indigènes qui représentent la majorité de la population bolivienne, n'ont plus peur de leur oppresseur blanc, le regardent dans les yeux et se montrent décidées de tout faire pour faire échouer son coup d'Etat. Et c'est précisément parce que leur réaction est tant massive, tant unitaire, tant combative et tant décidée que les jours passent sans que la balance penche en faveur des putschistes racistes et de leurs protecteurs nord-américains, qui semblent perdre progressivement l'initiative qu'ils ont eu initialement. A l'heure où le Chili voisin est secoué par une révolte populaire sans précédent contre les politiques néolibérales inaugurées par la dictature sanglante de Pinochet et appliquées sans relâche depuis lors, la révolte des peuples de Bolivie vient compléter le tableau d'une Amérique latine qui ressemble à un volcan prêt à exploser. Et ce qui est sûr c'est que jamais autant qu'aujourd'hui n'a été aussi patente l'actualité de la phrase historique de celui qui reste la principale référence des combats des indigènes boliviens, le dirigeant héroïque de la révolte démocratique et plébéienne de 1780 Tupac Katari lequel, peu avant d'être démembré par les tyrans espagnols, lançait cet avertissement prémonitoire : “Je reviendrai et je serai des millions” !…</p> <p><i>[1] On peut suivre en direct les manifestations et les autres développements importants en Bolivie grâce a la chaine vénézuélienne TELESUR. Pour ça il suffit soit de capter Telesur qui émet à partir du satellite Astra, soit de cliquer sur son site : <a href="https://www.telesurtv.net/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>https://www.telesurtv.net</a>
[2] La persistance des épigones des génocidaires à garder vivant le souvenir du génocide et aussi la terreur qui l'accompagne, est illustrée par l'histoire suivante : Il y a un an et peu après avoir pris ses fonctions de président du Mexique, Andres Obrador a demandé officiellement à l'État espagnol qu'il présente ses excuses pour les crimes commis par les conquistadors espagnols contre les peuples d'Amérique Latine. A l'exception de Podemos, la réponse unanime de tous les partis politiques espagnols a été non seulement de rejeter la demande du président Mexicain mais de le traiter aussi de... provocateur. Cette réaction était pourtant tout à fait prévisible étant donné que l'État espagnol persiste à... honorer chaque année ses ancêtres génocidaires en faisant parader son armée devant le roi et les chefs de partis, le jour de la fête nationale de l'Hispanidad. Il n'est pas surprenant que cette fête nationale à l'honneur des génocidaires d'Amérique latine a été inventée et inaugurée en 1958 par le dictateur fasciste Franco...</i></p> <p><i>Giorgos Mitralias est journaliste et co-fondateur Comité grec contre la dette, membre du réseau international CADTM. Article paru sur le site de la CADTM <a href="http://www.cadtm.org/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.cadtm.org</a> </i></p></div>
Marina Petrella
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http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article8552008-11-03T19:47:00Ztext/htmlfrJean-Michel ArberetLe 12 octobre, par la presse l'on apprenait que Nicolas Sarkozy avait décidé de ne pas extrader Marina Petrella en application de la clause humanitaire prévue dans la convention d'extradition franco-italienne de 1957 ; celle-ci permet de ne pas extrader une personne en raison de son âge ou lorsque cela entraîne des conséquences d'une "gravité exceptionnelle" sur sa santé. Nous ne pouvons que nous réjouir de cette décision, en espérant qu'elle ne soit pas arrivée (...)
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<div class='rss_texte'><p>Le 12 octobre, par la presse l'on apprenait que Nicolas Sarkozy avait décidé de ne pas extrader Marina Petrella en application de la clause humanitaire prévue dans la convention d'extradition franco-italienne de 1957 ; celle-ci permet de ne pas extrader une personne en raison de son âge ou lorsque cela entraîne des conséquences d'une "gravité exceptionnelle" sur sa santé.</p> <p>Nous ne pouvons que nous réjouir de cette décision, en espérant qu'elle ne soit pas arrivée trop tard. Mais ne nous trompons pas, cette décision de Nicolas Sarkozy n'est pas le fruit de sa compassion mais le résultat du combat acharné de Marina Petrella et de la mobilisation qui s'est créée autour d'elle.</p> <p>Les arguments en faveur de l'extradition tournent bien souvent autour de deux thèmes : la doctrine Mitterrand n'a aucun fondement juridique et l'Italie est une démocratie donc un Etat de droit ; ses décisions de justice sont donc indiscutables. J'ai déjà traité ces deux points, et n'y reviendrai pas ici1.</p> <p>Depuis la décision de Nicolas Sarkozy les familles des victimes se sont exprimées. Pour Olga d'Antona, veuve d'un conseiller juridique victime des Brigades rouges "Cette décision rouvre une page des relations douloureuses entre Italie et France que l'on croyait définitivement fermée". Le président d'une association italienne de victimes du terrorisme a déclaré entamer une grève de la faim pour obtenir l'extradition de Marina Petrella. Quelques manifestants italiens se sont rassemblés à Paris, dont Mario Borghezio, député européen de la Ligue du Nord. Françoise Rudetzki, fondatrice de l'association SOS attentats a dénoncé le chantage exercé par Marina Petrella afin de ne pas être extradée…
Ce qui peut paraître surprenant ce n'est pas tant la prise de position des familles des victimes que l'exploitation qui peut en être faite. Et il n'est pas inutile ici de se rappeler que l'histoire de Marina Petrella est partie intégrante des années de plomb en Italie, période peu connue en France.</p> <p>Elle est peu connue parce que déjà ancienne, et pour beaucoup liée à des souvenirs des articles de l'époque Elle est peu connue surtout parce que peu de travail de recherche a pu être effectué sur cette période, le travail d'historien ne peut concerner une période sur laquelle la justice travaille encore, et aucune loi d'amnistie n'est venue clôre en Italie les années de plomb.
Il est toutefois intéressant de lire les quelques livres parus sur cette période, et notamment les deux ouvrages de Leonardo Sciascia, "L'affaire Moro" et "Rapport minoritaire présenté par le député Leonardo Sciascia", les deux ayant été traduits en français. Pour le premier l'auteur s'est appuyé sur les lettres écrites par Aldo Moro après son enlèvement le 16 mars 1978.
Aldo Moro président de la Démocratie chrétienne avait écrit de nombreuses lettres à ses "amis" politiques pour leur demander de négocier avec les Brigades rouges pour obtenir sa libération. Devant le refus de négocier de la Démocratie chrétienne la famille d'Aldo Moro publiera une dernière lettre écrivant notamment " La famille juge que le comportement de la DC est tout à fait insuffisant pour sauver la vie d'Aldo Moro".1
Deux jours après, le gouvernement répond par une note "la ligne du gouvernement est connue qui n'envisage pas la plus infime dérogation aux lois de l'Etat" 3, comme l'a noté Leonardo Sciascia, l'Italie avait un gouvernement fort pour la première fois.
Mais le point le plus intéressant dans cette note du gouvernement n'est pas la revendication de cette posture, sûrement plus facile à revendiquer pour les "amis" d'Aldo Moro que pour lui-même et sa famille ; mais l'argument suivant ".et n'oublie pas son devoir moral en respectant la douleur des familles qui pleurent les tragiques conséquences de l'action criminelle de la bande subversive" 3. Comme l'a très bien analysé Léonardo Sciascia "en Italie la famille explique tout, justifie tout, est tout… Et donc pour l'emporter sur les raisons de la famille Moro, pour les anéantir… rien de mieux que de lui servir un certain nombre de familles déjà en deuil, et à plus forte raison les cinq familles en deuil de ceux qui composaient l'escorte de l'onorevole Moro" 3. Comment s'étonner aujourd'hui de l'utilisation des familles des victimes alors que la classe politique italienne a utilisé ces mêmes familles pour refuser de négocier, quand Aldo Moro écrivait " Sur cette position qui condamne à mort tous les prisonniers des Brigades rouges… s'est retranché le gouvernement, s'est retranché avec obstination la D.C., se sont retranchés les partis en général, avec quelques réserves émanant du Parti socialiste." 3.</p> <p>Cette mise en avant des victimes, des familles fait office de rideau de fumée, donnant l'impression que le gouvernement n'a pas à définir, à exprimer de politique sur ce point. Cette mise en avant est pourtant bien un choix politique, choix d'abord dans une mise en avant sélective. Giuseppe Pinelli n'est pas des victimes mises en avant, il est pourtant l'un des premiers morts des années de plomb,. A la suite de l'attentat de la piazza Fontana à Milan Giuseppe Pinelli, anarchiste, fait partie des centaines de personnes arrêtées par la police, et alors que sa garde à vue avait été prolongée de manière illégale, il se jette par la fenêtre du 4ème étage du commissariat, selon la version officielle qui, bien qu'officielle, manquait terriblement de crédibilité.
Mais si la sélection se fait dans les victimes, les victimes des Brigades rouges étant plus recevables que celles de l'extrême droite voire de l'Etat lui-même, elle se fait aussi sur le discours des victimes. Ne sont entendables que les victimes réclamant vengeance. C'est là une position habituelle humaine, quoique le terme d'inhumaine soit sûrement plus approprié. Mais au-delà de cette position il existe une construction médiatique et politique de l'expression et de la place des victimes. L'exemple le plus frappant est peut être le suivant : après le décès de soldats français en Afghanistan le président de la République française lui-même juge nécessaire le voyage sur place des familles des victimes.</p> <p>Ce choix politique de mise en avant de victimes est sur le plan du droit non pas surprenant mais à contre-courant. La justice pénale n'est pas l'institutionnalisation de la vengeance, le repentir n'est pas une catégorie pénale. Quelque que soit la douleur des victimes, des familles des victimes, elles voient très souvent sortir de prison ou être amnistié le coupable sauf à enfermer à vie tous les coupables. Et il n'appartient pas aux victimes et familles de victimes de décider des mesures de libération anticipée, d'amnistie ou de grâce.
Les victimes et les familles de victimes, ont une place reconnue dans les systèmes judiciaires quel qu'ils soient. Mais même dans le système judiciaire américain, système accusatoire où au contraire de celui que nous connaissons en France, les deux parties au procès pénal sont à égalité devant le tribunal, le contentieux n'est pas entre l'accusé et la victime, mais entre l'accusé et l'Etat. Le type de fonctionnement de la justice américaine est bien connu au travers des films et séries américains qui inondent nos écrans.</p> <p>Si les victimes ont une place reconnue dans la procédure pénale, après la décision, elles n'ont aucune place reconnue. Le traitement de la peine pénale ne relève que de la compétence de l'Etat.
Cela n'empêche pas la demande légitime des victimes, des familles de victimes, de savoir qui étaient responsables, coupables.</p> <p>Si la réponse à ce type de question peut être apportée parfois partiellement par la justice, dans le cadre des années de plomb l'on conçoit mal une réponse globale apportée par la justice.
En effet, si lors d'un procès on peut espérer savoir comment se sont déroulés les faits incriminés, qui était présent, auteurs ou complices, le procès ne porte que sur les faits incriminés à condition qu'il y ait un procès, que la police ait réussi à identifier et appréhender tous les auteurs. Mais dans le cadre des années de plomb, période qualifiée de guerre civile de basse intensité, même si tous les procès avaient eu lieu, en aucun cas la justice ne pourrait expliquer l'enchaînement des évènements depuis l'attentat de la piazza Fontana, et ce n'est pas le rôle de la justice.</p> <p>La compréhension des années de plomb nécessite une analyse globale, s'appuyant aussi sur les archives de l'Etat italien, intégrant l'opération Il Gladio, mise en place par les Etats-Unis dès 1947, et qui fut une structure clandestine ayant pour but de contrer un coup d'Etat ou une victoire électorale des communistes.
Mais qui souhaite aujourd'hui que ce travail soit fait ?</p> <p>Là aussi il n'est pas inutile de se référer aux deux ouvrages de Leonardo Sciasca.
Leonardo Sciasca a été élu député en 1979 et a fait partie de la commission d'enquête parlementaire sur la disparition d'Aldo Moro.. Comme il ne partageant pas les conclusions de cette commission il a présenté un rapport minoritaire.
Ce document pourrait être comique s'il ne touchait pas au tragique. Au fur et à mesure de la lecture de ce document on oscille entre la sensation d'incapacité totale et la volonté d'une action spectaculaire et totalement inefficace. La commission a en outre vécu une situation de "conflit latent – et parfois explicite – qui régnait entre les membres de la commission, reproduisant celle qui s'était manifesté entre les partis de ce qu'on a appelé l'arc constitutionnel, et en particulier le Parti communiste et le Parti démocrate-chrétien d'une part, le Parti socialiste de l'autre, tout au long de la séquestration de Moro et au-delà…"4</p> <p>Faut-il trouver un lien entre ceci et ce qu'écrivait dans ses lettres Aldo Moro après son enlèvement.
Aldo Moro dans ses lettres, dans toutes ses lettres appelait ses "amis" à négocier. Dans sa première lettre du 29 mars il écrivait " la doctrine selon laquelle l'enlèvement ne doit rien rapporter, discutable déjà dans les cas communs, où le dommage subi par la victime est extrêmement probable, n'est pas soutenable dans des circonstances politiques où l'on provoque des dommages certains et incalculables non seulement à la personne mais à l'Etat"5. Devant l'insistance d'Aldo Moro la réponse de la classe politique italienne fut la création d'un groupe d"amis de Moro" qui prépara un document de désaveu "Le Moro qui parle de la prison du peuple n'est pas le Moro que nous avons connu".
Le message était clair, et Aldo Moro écrira ensuite "Je meurs si mon parti en décide ainsi…"6 après avoir poussé plus loin les accusations " Et enfin je me dois d'ajouter en ce moment suprême, que si mon escorte n'avait pas été, pour des raisons administratives, tout à fait en-dessous des exigences de la situation, je ne serais sans doute pas ici" 7.</p> <p>Quand il évoquait les dommages certains et incalculables non seulement à la personne mais à l'Etat, imaginait-il à quel point il avait raison et que la Démocratie chrétienne et le Parti communiste italien allaient disparaître ?</p> <p>A la lecture ce ces quelques éléments concernant l'affaire Aldo Moro qui ne constitue qu'une part des années de plomb même si elle fut surmédiatisée, on peut se demander si la classe politique italienne souhaite réellement que la vérité soit connue. La réalité sur l'action de l'Etat italien, des partis politiques, de l'extrême-droite , de l'opération Il Gladio remettrait peut être en cause la ligne de partage entre "eux" et "nous", entre le bien, et le mal.
" où est l'ombre, où est la lumière ?" disait le docteur Germain dans le Corbeau. Ne faisons pas payer aujourd'hui le prix de cette réponse aux réfugiés italiens et ayons le courage d'analyser et de comprendre les années de plomb.</p> <p>1 Liberté pour Marina Petrella <a href="http://jm-arberet.over-blog.com/article-22287662.html" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://jm-arberet.over-blog.com/art...</a>
2 L'affaire Moro p 615, Œuvres complètes tome II Fayard
3 L'affaire Moro p 616
4 Rapport minoritaire présenté par le député Leonardo Sciascia p 645
5 L'affaire Moro p 564
6 L'affaire Moro p 611
7 L'affaire Moro p 577</p> <p>Le 2 novembre 2008</p> <p>Jean-Michel Arberet Conseiller municipal d'Arcueil Partenaire du groupe communiste
<a href="http://jm-arberet.over-blog.com/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://jm-arberet.over-blog.com/</a></p></div>
NOUVELLES DE BOLIVIE
http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article841
http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article8412008-09-28T16:51:00Ztext/htmlfrAttentat à la dynamite contre la maison du ministre bolivien des hydrocarbures Le nouveau ministre des hydrocarbures, Saúl Ávalos, a dénoncé ce lundi que des inconnus ont fait exploser une charge de dynamite contre sa maison dans la ville de Santa Cruz, le foyer principal de l'opposition autonomiste en Bolivie, bien que les dommages soient seulement matériels. Ávalos, qui est natif de Santa Cruz, soutient que l'attentat a été commis à l'aube par des inconnus qui ont lancé (...)
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<a href="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique85" rel="directory">Bolivie</a>
<div class='rss_texte'><p><strong>Attentat à la dynamite contre la maison du ministre bolivien des hydrocarbures</strong></p> <p>Le nouveau ministre des hydrocarbures, Saúl Ávalos, a dénoncé ce lundi que des inconnus ont fait exploser une charge de dynamite contre sa maison dans la ville de Santa Cruz, le foyer principal de l'opposition autonomiste en Bolivie, bien que les dommages soient seulement matériels. Ávalos, qui est natif de Santa Cruz, soutient que l'attentat a été commis à l'aube par des inconnus qui ont lancé l'explosif contre son domicile et que déjà, l'an passé, quand il était à l'assemblée constituante, il a été victime d'un autre attentat avec un cocktail Molotov. Il a déclaré, qu' « heureusement », sa famille ne se trouvait pas dans la maison, dont les vitres et les lumières ont été détruites par l'explosion, en plus d'autres dommages dans la résidence.</p> <p>Le ministre a dit que les groupes conservateurs d'opposition de Santa Cruz le qualifient de traître à sa région, mais il soutient qu'il s'est toujours défini comme « un militant de gauche et révolutionnaire » et que depuis trois ans, il appuie le président Evo Morales. « Je ne les ai pas trahi parce que je n'ai jamais été avec eux », a ajouté le ministre Ávalos, qui a prêté serment il y a une semaine pour succéder à Carlos Villegas, qui a pris le portefeuille du Plan. L'attentat se produit durant le conflit prolongé où s'affrontent le gouvernement de Morales et les dirigeants et préfets (gouverneurs) de l'opposition et qui a conduit dans les dernières semaines à une tension grave avec des confrontations armées qui ont causées plusieurs morts dans les derniers jours dans la région septentrionale de Pando.</p> <p><i><a href="http://www.lanacion.cl/prontus_noticias_v2/site/artic/20080915/pags/20080915190422.html" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.lanacion.cl/prontus_noti...</a>
Traduction de Jean-Michel Hureau qui questionne : Qui sont donc vraiment les terroristes ? Morales et son gouvernement au service du Peuple ou le sinistre préfet de Santa Cruz, Ruben Costas, et ses sbires au service de l'oligarchie locale ? La réponse est contenue dans la question !</i></p> <p><strong>Le préfet d'opposition est arrêté sous l'accusation de génocide</strong></p> <p>Les militaires ont arrêté Leopoldo Fernández, gouverneur de Pando, désigné par l'administration d'Evo Morales comme le responsable du massacre de paysans survenu jeudi dernier. Le préfet du département bolivien de Pando, l'opposant Leopoldo Fernández, que la justice a décidé d'inculper de génocide, a été arrêté par les militaires ces dernières heures. Fernández est désigné par le gouvernement d'Evo Morales comme le responsable du massacre de paysans survenu jeudi dernier dans ce territoire en convulsions, frontalier du Brésil. Selon la chaîne publique, les militaires ont occupé le siège de la préfecture andine à Cobija -capitale départementale- et ont conduit Fernández à un véhicule où se trouvait aussi un responsable d'opposition de la région. Si les flèches du gouvernement de La Paz se pointent sur Fernández, en le rendant responsable du massacre en engageant des mercenaires péruviens et brésiliens, la version de l'opposition est différente et fait remarquer que la responsabilité des morts revient à l'exécutif, qu'elle accuse de monter une machination.</p> <p>Les paysans sont morts jeudi, victimes d'une embuscade alors qu'ils effectuaient une marche entre les municipalités de Porvenir et Filadefia, près de Cobija, emmenée par Miguel Becerra Suárez, leader du Mouvement Amazonien de Libération, qui appuie Morales et dont le refuge est inconnu depuis. Ces morts ont causé une grande préoccupation des Présidents de la région, et de fait, cela a été un thème central de la réunion de l'Unasur (Union des Nations sud-américaines -ndt) qui a eu lieu hier à Santiago, où a été analysée la crise bolivienne. Il faut rappeler que, dans la déclaration finale, les Présidents de l'Unasur se sont mis d'accord pour réaliser une « enquête impartiale » du massacre de Pando.</p> <p><i><a href="http://www.lanacion.cl/prontus_noticias_v2/site/artic/20080916/pags/20080916111532.html" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.lanacion.cl/prontus_noti...</a></p> <p>Traduction de Jean-Michel Hureau qui ajoute : En voilà un qui ne l'a pas volé !</i></p></div>