La Gauche Cactus
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frSPIP - www.spip.net (Sarka-SPIP)SHANGHAI 2010 : EBLOUISSANTE MODERNITE, ANACHRONISME IMPOSE
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http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article11432010-08-01T19:03:00Ztext/htmlfrRémi AufrèreLe choix de la ville de Shanghai pour le lieu de l'exposition universelle qui a ouvert ses portes le 1er mai dernier, n'est point celui du hasard. Avec Hong Kong et Canton, Shanghai fut la porte maritime de la Chine moderne. Bien différente de l'austère pékin, à la fois complémentaire et concurrente du delta cantonnais, cette métropole a souvent produit de nombreux leaders charismatiques chinois (le fameux « clan des shanghaiens »). Ce ne fut pas non plus le hasard si (...)
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<div class='rss_texte'><p>Le choix de la ville de Shanghai pour le lieu de l'exposition universelle qui a ouvert ses portes le 1er mai dernier, n'est point celui du hasard. Avec Hong Kong et Canton, Shanghai fut la porte maritime de la Chine moderne. Bien différente de l'austère pékin, à la fois complémentaire et concurrente du delta cantonnais, cette métropole a souvent produit de nombreux leaders charismatiques chinois (le fameux « clan des shanghaiens »). Ce ne fut pas non plus le hasard si Shanghai fut mise à l'index, lors de la révolution culturelle chinoise. À la fois dynamique et rebelle, prétentieuse et roublarde, moderne comme fière de son passé, elle représente depuis 30 ans la Chine qui va vite et qui voit grand. Shanghai demeure tout en contrastes. Il reste au détour d'une rue, quelques demeures ouvrières décrépies (pour encore un temps limité, avant destruction), et de forts belles maisons bourgeoises datant de l'âge des concessions étrangères. Il y a aussi le Bund, cette avenue renommée le long de la rivière, conçue et construite au début du siècle dernier. Et pour marquer son temps, il y a Pudong, le quartier dont la modernité stupéfie par ses tours qui osent tutoyer le ciel.</p> <p>Avec le thème « meilleure ville, meilleure vie », l'exposition universelle veut bien marquer son époque et le futur. La Chine marque sa présence par un pavillon immense. La France a fait le choix d'un investissement important et d'un pavillon de grande taille concrétisant sa volonté de consolider sa présence et d'augmenter son poids économique et politique en Asie. Le Royaume-Uni s'est distingué par un pavillon d'une modernité créatrice de grande qualité, avec une forme rectangulaire hérissée de fibres optiques. 70 millions de visiteurs sont attendus à l'exposition universelle et près de 250 pays sont présents dans ce qui est la plus grande exposition jamais réalisée. C'est le positionnement de Shanghai à l'une des premières places de la scène économique et politique internationale et l'affirmation du pouvoir économique de la Chine. La métropole est dotée d'un réseau de transport particulièrement performant et nombreux sont les quartiers qui connaissent des travaux de voiries et de construction. Le quartier de la gare regroupe une partie des migrants provenant de la campagne et qui cherchent du travail dans la capitale provinciale. La Chine est un grand chantier et Shanghai est le premier.</p> <p>D'aucuns sont étonnés ou effrayés (ou les deux) de l'émergence de la République Populaire de Chine dans le jeu économique et politique mondial depuis deux décennies. Il ne s'agit pourtant que d'un retour. Notre mémoire occidentale sélective et l'arrivée des Européens au XIXe siècle sur le territoire chinois avaient éclipsé un temps l'empire du milieu en le reléguant à la périphérie du monde (et surtout de notre monde européen-centré). Les occidentaux ont souvent pensé la Chine en opposition avec l'universalisme des droits et plus largement le concept de civilisation (avec l'idée de progrès et d'égalité comme de liberté pour le citoyen). Pourtant, la traduction du mot civilisation est composée des éléments « culture » et « lumière ». Il fait référence aux sages et autres philosophes chinois anciens pour qui « l'empire du milieu » se devait d'être une « lumière » pour la « périphérie ». Cette démarche est assez identique au siècle des lumières français et à l'universalisme dont il est porteur. A la différence notable toutefois de l'affirmation des droits et devoirs du citoyen en tant qu'individu (intuitu personae). Aujourd'hui, face au formidable développement économique basé sur l'accroissement le plus rapide de la richesse individuelle, les messages philosophiques de la nouvelle civilisation chinoise ne sont pas encore définis.</p> <p>L'histoire récente de la Chine a toujours provoqué des débats intenses. Trop souvent, la peur et la crainte s'affichent et la raison s'efface devant un taux de croissance inimaginable en Europe. En tout premier lieu, la première méthode de la Chine actuelle est le pragmatisme (et l'utilité). Par exemple, la république populaire de Chine est réticente à travailler avec des grands organismes internationaux comme le FMI ou la banque mondiale créée par quelques pays, et largement dominée par les USA. D'où sa participation active (car détenant la maitrise d'ouvrage) dans des structures qu'elle a mise en place comme l'organisation de coopération et de Shanghai, forme moderne d'OTAN asiatique. L'appellation montre à la fois le contrôle chinois et la mise en valeur de la capitale économique qu'est Shanghai.</p> <p>Quels sont donc aujourd'hui les atouts et les points faibles de la Chine ? Faut-il craindre une nouvelle définition du monde ? Qu'en est-il des Chinois ? De leur rêve, de leurs espoirs, de leur appréciation du monde ? Qu'en est-il du formidable défi démographique, des conflits sociaux quotidiens, des tensions ethniques, des libertés individuelles et collectives ? La première force de la Chine est incontestablement son marché intérieur en expansion même si ses exportations représentent aujourd'hui l'élément le plus dynamique de son économie. Sa formidable croissance à deux chiffres révèle à la fois une force et une faiblesse. Car en dessous de ce niveau, les tensions sur la production économique, le pouvoir d'achat, les formidables investissements dans les infrastructures, ne pourraient se poursuivre et provoqueraient une déflagration sociale et économique. Pour réduire ces risques, la Chine entend participer à la définition des normes techniques et technologiques mondiales. Elle montre une grande réticence aux questions concurrentielles pour préserver sa croissance phénoménale. Car il faut le rappeler, c'est par des financements publics massifs que la Chine prend la première place dans la production de cellules photovoltaïques par exemple. La Chine a compris toute l'opportunité d'investir massivement dans des technologies nouvelles pour prendre la première place, en délaissant les techniques actuelles (au niveau de la Recherche/Développement comme au niveau de la production).</p> <p>Afin de poursuivre sa croissance, elle investit massivement dans la recherche de matières premières indispensables à son appareil productif, développant des relations toutes azimuts en Afrique au Moyen-Orient ainsi qu'en Amérique latine. Qu'importe la nature du régime politique en place, ce qui importe c'est la régularité des approvisionnements et leurs prix. Elle consolide également sa présence en Asie. Par sa diaspora, elle s'assure la première place dans le secteur du commerce et de la distribution dans de nombreux pays en développement. Elle prend des parts importantes dans les centres financiers. Le secteur énergétique représente une de ses priorités avec l'agriculture qui permettra de nourrir son importante population. Ce faisant, il est notable de constater que la Chine devient moins accueillante pour les entreprises étrangères en adoptant des lois sur les fusions qui compliquent l'acquisition de sociétés chinoises. Avec le droit mondial sur la propriété intellectuelle, et l'affirmation universelle d'une concurrence libre, la Chine est en conflit avec le monde développé. Nous sommes ici sur les points faibles de la croissance chinoise. À la fois conquérante sur ces marchés extérieurs, elle fait preuve d'une rigidité sur son marché intérieur. Et elle n'admet toujours pas (mais pas systématiquement) les vertus fondamentales du contrat écrit.</p> <p>Quant à l'État de droit, s'il existe par de nombreux textes législatifs de qualité plutôt correcte (notamment sur ceux concernant les libertés, le droit du travail…), il est d'application très différenciée selon les villes et les provinces. Quand à la peine capitale, elle est largement utilisée avec un entrain qui confine au cynisme d'Etat pour donner du contenu à une propagande gouvernementale parfois désuète car décalée entre « socialisme de marché » et « enrichissez-vous ». Investir en Chine et travailler à établir des relations égalitaires, restent toujours suspendus au relationnel déployé, aux échanges de cadeaux (réflexe dans la société chinoise), et à des décisions surprises d'un interlocuteur auquel l'attention nécessaire n'aurait pas été accordée. L'étranger doit s'accommoder de cette complexité. Mais quand les bons interlocuteurs sont trouvés, cela peut fonctionner. Au niveau social, j'avais visité deux entreprises de textile il y a une douzaine d'années dans les zones de Shenzhen et Zhuhai (Sud de la chine, zones économiques spéciales près de Canton et Macao). Si les rémunérations ont évolué positivement, les conditions de vie des salariés, comme le respect des dispositions législatives du droit du travail ne s'améliorent que très lentement. Le choix des défenseurs des travailleurs (syndicalistes « clandestins », dissidents discrets ou plus connus) est dans l'apprentissage du droit du travail officiel pour le faire respecter. Il n'y a pas un seul jour qui connaisse des conflits sociaux (grèves, occupations, manifestations, rassemblements) dans les provinces chinoises pour cause de non-respect du droit. En Chine, il y a toujours le Droit et la vraie vie ! Pour autant, le niveau de vie des citadins progresse comme en témoigne le confort du logis et la forte augmentation du parc automobile.</p> <p>La démographie chinoise représente une véritable bombe. Les prévisions de croissance minorent ce fait essentiel. Des analystes indiquent même que la Chine va « vieillir avant de devenir un pays riche ». Les projections actuelles prévoient que d'ici à 2050 la proportion des personnes de plus de 60 ans sera supérieure à celle des États-Unis ! Se pose les questions de l'alimentation, des ressources aquatiques (un niveau inquiétant), de la planification urbaine, des migrations campagnes-villes, provinces-provinces etc.… Sur les libertés, on mesure le décalage entre la modernité de Pudong (avec la seconde tour superbe la plus haute du monde - 544 mètres !) et l'utilisation du réseau internet (lorsque les sites sont hors contrôle du régime). J'ai voulu utiliser les services de Google et Yahoo. Pour le premier, c'est une impossibilité complète. Pour le second, c'est plus qu'aléatoire même sans avoir eu l'audace de taper « Tibet » ou le nom d'un dissident chinois sur le clavier ! Finalement, c'est peut-être cela le plus grand défi des autorités chinoises : comment assurer le contrôle continu du Parti sur les échanges entre les chinois, entre les chinois et l'étranger, et continuer d'assurer un filtre entre la Chine et le reste du monde (hors le business, et souvent avec un business contrôlé). Cet anachronisme aussi éclatant ne risque-t-il pas de devenir le handicap de la Chine en évolution ?</p></div>
LE MANAGEMENT CHINOIS, MODELE OU REPOUSSOIR ?
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http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2302005-09-24T22:00:00Ztext/htmlfrFrançois de la ChevalerieHier Marionnaud, CCF et Thomson, aujourd'hui Rover et Unocal, l'entreprenariat chinois est désormais dans nos murs. Après les délocalisations, la crainte d'être managé à la chinoise ne renforcerait-elle pas davantage les peurs ? Un retour historique s'impose. Longtemps, en Chine, l'entreprise était citoyenne. Nullement aiguillonnée par des études de marché, elle n'avait alors pas d'identité en propre. Ni entreprise publique, ni régie, plutôt le (...)
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<div class='rss_texte'><p>Hier Marionnaud, CCF et Thomson, aujourd'hui Rover et Unocal, l'entreprenariat chinois est désormais dans nos murs. Après les délocalisations, la crainte d'être managé à la chinoise ne renforcerait-elle pas davantage les peurs ?</p> <p>Un retour historique s'impose. Longtemps, en Chine, l'entreprise était citoyenne. Nullement aiguillonnée par des études de marché, elle n'avait alors pas d'identité en propre. Ni entreprise publique, ni régie, plutôt le bras productif d'une idéologie politique. Centralisée, jamais rentable, dépourvue de règles comptables précises, indifférente à l'idée du profit, elle administrait un objectif plutôt qu'elle ne créait des biens. Sans compétence sur la stratégie et les investissements, l'équipe managériale assurait les charges courantes selon des méthodes mélangeant autoritarisme et discipline militaire. Chaque unité de production constituant un carré, chaque équipe une cellule.</p> <p>Au début des années quatre-vingt, l'entreprise chinoise connaît une mutation en demi-teinte avec la disparition progressive du management doctrinal. Avec la mise en concurrence des parcs industriels, un nouvel objectif s'impose, le taux de croissance. A la tête de chaque entreprise publique, le Président se mue dans la figure du père, tout à la fois vénéré et craint. S'écartant de la phraséologie idéologique, le management se cale autour de règles hiérarchiques. Parallèlement, le développement des marchés publics favorise l'éclosion d'entreprises privées.</p> <p>Sous les coups de butoir de l'arrivée des multinationales mais plus encore des chinois de l'étranger (Hong Kong et Taiwan), le management s'épaissit. Les règles comptables se renforcent, contrôle et reporting s'installent, la gestion des carrières apparaît. Si l'exigence du profit se profile, le droit au maintien de l'emploi n'en demeure pas moins primordial. Lors du récent différend sur le textile chinois, les autorités de Pékin ont fait valoir la priorité absolue donnée au maintien de l'emploi existant, public ou privé.</p> <p>Cette même préoccupation hante les salariés européens à la perspective du rachat de leur entreprise par des intérêts étrangers. Les repreneurs chinois, maintiendront-ils l'emploi ou chercheront-ils à réduire le coût salarial ? Si les entreprises chinoises sont issues du continent (China mainland), elles ne joueront pas d'emblée sur la variable de l'emploi. Elles porteront davantage leur attention sur l'organisation, la logistique et la sous-traitance. De surcroît, elles privilégieront le court terme et le pragmatisme plutôt que la mise en oeuvre de stratégie au long cours. Qui plus est, elles solliciteront des salariés un investissement plus marqué et une fidélité absolue.</p> <p>Seulement voilà, en France, la législation de travail est opposable à tous. Si d'aventure, la société chinoise n'a pas la possibilité d'imposer sa culture d'entreprise, elle pourrait recourir à l'emploi ethnique en puisant dans la communauté asiatique des salariés plus aptes à comprendre les règles du jeu. Venus dans les années 50 et 70, souvent du Cambodge ou du Vietnam, s'étant élevés à la force du poignet, les franco-chinois témoignent d'un dynamisme entrepreneurial exceptionnel. Comme le confirme le Greffe du tribunal de commerce, les entreprises détenues par des chinois se placent désormais au quatrième rang parmi les sociétés étrangères à Paris. 65% d'entre elles ont moins de cinq ans d'existence, 48% étant présidées par des femmes. Biculturels, généralement bien formés, leur force de travail est attractive. Cependant si les entreprises chinoises veulent s'imposer dans l'hexagone, elles devront élargir la palette des compétences, recruter tous azimuts.</p> <p>Dans le contexte d'un emploi raréfié en France, le bon sens veut que l'on s'adapte à chaque situation. De surcroît, la promesse du maintien de l'emploi est un gage de confiance. A priori donc, il n'existe pas de choc culturel frontal entre l'entreprise chinoise mondialisée et l'emploi stabilisé.</p> <p><i>François de la Chevalerie est président de China Messengers</i></p></div>
LES CHINOIS, BOUCS EMISSAIRES DE L'HUMANITE ?
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http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2422005-09-14T22:00:00Ztext/htmlfrFrançois de la ChevalerieLe venin s'annonce, gisant sous nos pieds, se répandant déjà. Il se nourrit d'une mondialisation échevelée, d'une actualité confuse, des libertés économiques. Il n'est pas à son premier coup d'essai. Dans les années 30, le péril jaune avait le visage d'un japonais. Aujourd'hui, le chinois en porte les traits. Que ne fait-il pas au monde entier pour cristalliser les peurs ? En France, les canons communs du racisme n'offrant guère de prise, que (...)
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<div class='rss_texte'><p>Le venin s'annonce, gisant sous nos pieds, se répandant déjà. Il se nourrit d'une mondialisation échevelée, d'une actualité confuse, des libertés économiques. Il n'est pas à son premier coup d'essai. Dans les années 30, le péril jaune avait le visage d'un japonais. Aujourd'hui, le chinois en porte les traits. Que ne fait-il pas au monde entier pour cristalliser les peurs ?</p> <p>En France, les canons communs du racisme n'offrant guère de prise, que leur reprocher ? Une délinquance très faible ? Une natalité dans la moyenne ? Aucune revendication particulière ? A l'inverse, l'on observe une intégration économique réussie, un chômage ridiculement bas. De surcroît, ils ne doivent rien à personne, peu aux bienfaits de la République ? Qui plus est, ils sont souriants, discrets, profil plutôt bas. Rien, absolument rien ne suggère la critique.</p> <p>Comment alors vilipender son prochain ? Tout simplement, en transformant ses qualités en défaut ! Leur discrétion devient suspecte, leur goût forcené au travail comparé à de l'aliénation. Leur intégration ? Mais ils ne travaillent qu'entre eux ! Leur faible natalité ? Ils sont déjà si nombreux ! Leur profil bas ? Leur encombrante force s'impose d'elle-même ! Donc, désormais, pointés du doigt. A Belleville, les slogans hostiles résonnent sous prétexte qu'ils rachètent à tour de bras les baux commerciaux du secteur. Partout dans le monde, la gangrène prend. Dans les universités américaines, naguère les étudiants chinois soulevaient l'admiration. L'on fustige maintenant des promotions comptant jusqu'à 40 % des leurs. Au Mexique, dans les villes frontalières des Etats-Unis, les chinois sont désormais affublés du surnom de « malditos chinos ». L'on prétend qu'il serait à l'origine de la fermeture de 30 % de l'industrie locale de la sous-traitance. Au Maroc ou en Tunisie, la rage s'installe depuis que de nombreuses usines du textile sont à l'arrêt. En Italie, les industriels de la chaussure sont à cran. A Dakar, l'on s'émeut de voir l'artisanat ancestral fabriqué à Canton. A Kabarovosk ou à Vladivostok, le chinois est détesté. La charge s'emballe, s'abreuve de raccourcis. Telle usine fermée, c'est la faute aux chinois ! Telle magasin en liquidation, toujours eux ! Tel perte d'emploi, c'est la Chine ! Complaisants, les politiques s'en mêlent. L'augmentation du prix des matières premières, l'invasion des produits chinois sont autant d'occasion de discours militants, confinant à la vindicte populaire. Curieusement tous les camps se retrouvent dans une même cabale. En France, les partisans du oui proclament que l'Europe est un instrument de guerre contre la menace chinoise. Dans les rangs du non, l'Europe a déjà courbé l'échine. La Chine, ennemi juré de l'humanité ? Profitant insidieusement du climat général, des universitaires japonais réécrivent l'histoire lâchant cette incidente : le Japon a bien fait de les mater dans les années trente ! L'injure ne suffit plus. En Indonésie, ces dernières années, la chasse aux chinois a souvent été sonnée.</p> <p>Tout s'embrase, tout s'emmêle, de Mexico à Rome, de Casablanca aux campus californiens en passant par Djakarta, le nouveau bouc émissaire du monde entier s'appelle M. Li ou M. Wang.</p> <p>Il n'existe pas un racisme tolérable sous prétexte que l'on verrait d'un mauvais œil un pays renaître de ses cendres. Comment reprocher à un pays autrefois famélique de s'en sortir ? Ce peuple à l'histoire par trois fois millénaire prend une revanche sur l'histoire. Il s'y accomplit avec une volonté dont beaucoup de pays gagnerait à s'inspirer. Autant il faut pointer du doigt l'absence de liberté ou l'état de l'environnement en Chine autant rien ne permet de fustiger la volonté des autorités chinoises de favoriser l'augmentation du niveau de vie de leur population en jouant le jeu des règles du commerce mondiales. Plutôt que de crier au loup en se gavant de slogans, cherchons à mieux se connaître les chinois. Comme s'y sont employées les années croisées France-Chine, il faut créer du lien, des échanges, s'écouter, se comprendre, construire le monde ensemble, ne pas voir peur.</p> <p><i>François de la Chevalerie est président de China Messengers</i></p></div>
LE DEVELOPPEMENT DE LA CHINE, UNE CHANCE POUR L'AFRIQUE ?
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http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2552005-08-31T22:00:00Ztext/htmlfrFrançois de la Chevalerie, Mahamadou KaDans les années soixante, les relations entre l'Afrique et la Chine s'apparentaient à une course de vitesse entre Taipei et Pékin. C'était à la capitale qui décrocherait le plus d'Ambassades ! Dès la fin des années 70, Pékin devait l'emporter largement confinant Taipei à de seules relations avec l'Afrique du Sud et les pays alentours. Si le discours musclé de Pékin contre la colonisation et le régime de l'apartheid en sont les principales raisons, (...)
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<a href="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique59" rel="directory">Chine</a>
<div class='rss_texte'><p>Dans les années soixante, les relations entre l'Afrique et la Chine s'apparentaient à une course de vitesse entre Taipei et Pékin. C'était à la capitale qui décrocherait le plus d'Ambassades ! Dès la fin des années 70, Pékin devait l'emporter largement confinant Taipei à de seules relations avec l'Afrique du Sud et les pays alentours. Si le discours musclé de Pékin contre la colonisation et le régime de l'apartheid en sont les principales raisons, jouait également une certaine affinité entre les Etats africains ayant opté pour un socialisme à caractère scientifique et la chine communiste. Qui plus est, la gérontocratie pékinoise n'était pas pour déplaire aux vieux sages d'Afrique. Même si les accords de coopération engagés à l'époque étaient modestes, des étudiants africains étaient alors accueillis sur les campus universitaires chinois.</p> <p>A la fin des années 70, cette sympathie est mise en brèche par les razzias contre ces mêmes étudiants sous prétexte de leur liberté de moeurs. Depuis cette époque, les relations entre l'Afrique et la Chine sont entrées dans une espèce léthargie sur fond d'indifférence. L'affaiblissement du mouvement des non alignés, comme un nécessaire recentrage régional expliquent aussi cet éloignement.</p> <p>Désormais arrimée à une croissance exceptionnelle, la Chine d'aujourd'hui entend redevenir une puissance mondiale. A la conférence de Bandoeng, version 2005, le Président Hu Jintao a appelé de ses vœux un nouvel élan dans les échanges entre les pays africains et la Chine. Loin de supposées sympathies idéologiques, c'est désormais le pragmatisme qui domine. Pour son développement, la Chine compte avec le réservoir des matières premières africaines. En posant un pied en Afrique, la Chine entend aussi contourner les barrières douanières qui menacent la zone Europe. De surcroît, des entreprises chinoises souhaitent s'installer sur le continent. A petits pas, en exportant d'abord leur produits mais avec l'ambition d'y installer à moyen terme des unités industrielles souples et mobiles. Couplé avec l'envoi de techniciens, cette stratégie est déjà en marche.</p> <p>Quel en est l'intérêt pour l'Afrique ? La Chine s'offre-t-elle comme un nouveau partenaire ? D'entrée de jeu, le renchérissement du prix des matières premières lié à la croissance chinoise répond à la très ancienne revendication de mettre fin à la dégradation des termes de l'échange. Certes, tous les pays africains ne sont pas logés à la même ancienne mais d'ores et déjà, l'augmentation du cours des matières premières est à l'origine d'un regain de croissance, notamment, en Afrique australe. Plus encore, grâce à la compétitivité des produits chinois, l'Afrique peut s'équiper à moindre coût sautant ainsi l'étape des infrastructures lourdes à la rentabilité hasardeuse. C'est vrai dans le domaine informatique comme également pour les produits « essentiels » (industrie pharmaceutique). Dans ce dernier cas, leur accessibilité favorise une amélioration de l'état sanitaire et par là, concourt au développement économique. In fine, le coût opérationnel des coopérants chinois est quatre fois moins élevé que celui des occidentaux. A critères techniques égaux, mieux vaut donc les recevoir.</p> <p>Au-delà de ces éléments, il est possible d'aller beaucoup plus loin mais il faut pour cela une véritable prise de conscience en Afrique. Au lieu de privilégier l'axe européen, mieux vaut élargir le cercle, voir ailleurs. D'une certaine manière avec la Chine, l'enjeu est clair. Nul retour sur l'histoire, nul débat post-colonial. En outre, comme les Chinois ne sont pas partisans de la politique des dons, les règles sont plus simples. Avec la Chine, c'est la politique du win-win qui domine, chacun doit y trouver son compte dans l'heure. En Afrique australe, certains pays ont déjà compris la mécanique. Par exemple, des étudiants kenyans se forment désormais aux méthodes chinoises. D'autres pays devraient emboîter le pas. Le coût d'apprentissage en Chine est cinq fois moins élevé que celui dispensé dans les universités occidentales et ce, pour des résultats plus efficaces puisque l'axe pédagogique est articulé autour du concret. Dans un délai de deux ans, des techniciens kenyans seront capables d'installer de petites unités industrielles souples et à moindres frais.</p> <p>Comme le disait naguère Cheikh Anta Diop, le jour viendra où « déconnectée d'un trop étroit et laborieux partenariat avec l'Europe, l'Afrique deviendra libre ». Le rôle croissant de la Chine peut y concourir. C'est une chance à saisir, celle de « s'enrichir ensemble, loin de la pauvreté, de la fatalité » comme le rappelait récemment le Président Hu jin Tao.</p> <p><i>François de la Chevalerie est président de China Messengers, Mohamadou Ka est conseiller municipal de Dakar</i></p></div>