La Gauche Cactus
http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/
frSPIP - www.spip.net (Sarka-SPIP)SIX JOURS D'UN AUTRE CONTINENT
http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article44
http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article442005-02-24T13:57:36Ztext/htmlfrPierre HenrySIX JOURS D'UN AUTRE CONTINENT Par Pierre Henry « Il est difficile de se concentrer sur les mathématiques lorsque l'on est obsédé par la faim » C'est à l'aéroport de Dakar, juste un panneau publicitaire pour rappeler au voyageur que l'Afrique autosuffisante sur le plan alimentaire ne mange toujours pas à sa faim. Cette évidence est banale à force de répétition. D'abord manger, puis réfléchir disait Brecht. Et si réfléchir.... faisait peur à certaines (...)
-
<a href="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique55" rel="directory">Sénégal</a>
<div class='rss_texte'><p><strong>SIX JOURS D'UN AUTRE CONTINENT</strong></p> <p><i>Par Pierre Henry</i></p> <p>« Il est difficile de se concentrer sur les mathématiques lorsque l'on est obsédé par la faim »
C'est à l'aéroport de Dakar, juste un panneau publicitaire pour rappeler au voyageur que l'Afrique autosuffisante sur le plan alimentaire ne mange toujours pas à sa faim. Cette évidence est banale à force de répétition. D'abord manger, puis réfléchir disait Brecht. Et si réfléchir.... faisait peur à certaines élites africaines ?
Face à Dakar, il est une île, patrimoine mondial de l'humanité où la plainte des esclaves suintent des battisses. Gorée dont les « signare » furent chantées par Léopold Sedar Senghor. Gorée, île de douceur autant qu'hier d'épouvante. Il y a trente ans, Philippe Decraene, journaliste au Monde, remuait ciel et terre pour empêcher le Club Méditerranée de s'y installer. La bataille fut couronnée de succès, mais les vieux démons reviennent. C'est Loulou Lapolice, métis, conseiller municipal de Gorée et dit-il corse d'origine qui raconte ; « il y a un an, le conseiller de Wade (président du Sénégal) Alain Madelin nous a dévoilé les plans de construction d'une marina avec casino. Juste là derrière, loulou s'agite, montrant avec force geste les restes d'un bâtiment colonial. La cupidité, l'absence de tout sens moral signe ainsi une trajectoire, celle de l'ancien ministre de l'industrie, ancien d'occident. Mais que penser du Président du Sénégal ?
Il y a quelques dizaines de mois sombrait au large de la Gambie le ferry reliant Dakar à Ziguinchor en Casamance. 1800 morts. Des extraits du discours du Président Wade figure en bonne place dans les hôtels de la capitale sénégalaise. « La catastrophe qui nous frappe n'a d'autre origine qu'en nous même » et de dénoncer pêle-mêle l'absence de scrupules et de sens commun de ses compatriotes. La rumeur dit une toute autre vérité quant à la corruption qui gangrène l'un des pays apparemment les plus stables de l'Ouest Africain. Les dons internationaux qui devaient servir à la commande d'un nouveau ferry et au désenclavement de la Casamance ont été employés à l'achat d'un avion personnel pour la présidence de la République.</p> <p>« Les hommes politiques allument l'incendie et ensuite ils jouent au pompier ; Ils nous mènent en bateau pour des destinations inconnues ». La radio du taxi brousse couvre le vacarme de la route et fait oublier quelques instants l'inconfort de la situation. Ces quelques phrases chantées disent aussi la globalisation. L'atomisation de tout projet collectif, la méfiance partagée du Nord au sud quant à l'intégrité des politiques. Mais qui donne le grain à moudre ? A Paris, la presse annonce une baisse du chômage en février moins vingt sept mille chômeurs. Quelques jours plus tard l'on apprend que plus de deux cent cinquante mille personnes ont été radiées depuis le premier janvier des listes de l'assedic. « Les hommes politiques allument l'incendie.... »
E.T.A ou Ben Laden. Apres le carnage de Madrid le gouvernement espagnol a voulu jouer avec la vérité.</p> <p>Vu de ce coin d'Afrique, Ben Laden est conjugué au quotidien. Est ce la pauvre carriole ou l'âne qui la tire qui porte son nom ? Son effigie trône en bonne place dans de misérables échoppes. Tee-shirts salis, oublié par le temps : le chef des déments comme pied de nez aux autres, à l'infortune, aux mécréants, aux occidentaux. Dans ce recoin du Siné Saloum, il est à souhaiter que les services secrets américains ne se mettent pas en tête d'avoir localisé une base d'Al Quaida. Il est vrai que l'humour d'africains fatalistes peut être assimilé à une arme de dérision massive. Il reste cependant à souhaiter que la désespérance ne mène pas au fanatisme.</p> <p>Deux villages accolés, l'un est à majorité chrétienne, l'autre est à majorité musulmane. L'un, Joal a vu naître Léopold Sedar Senghor, l'autre Fadiouth est construit sur des monticules de coquillages au milieu de la mangrove. Un pont en bois d'une centaine de mètres relie les deux bourgs. « On est tous des gens du pont » disent joliment quelques-uns uns des habitants rencontrés.</p> <p>Un pont pour le meilleur et pour le pire « Ici on s'entend bien, on vit ensemble, on se respecte ». L'interlocuteur reprend son souffle : » Les hommes musulmans peuvent prendre femme chez les catholiques, mais les femmes musulmanes doivent se marier avec un musulman, c'est impératif » Les femmes comme objet de conquête, outil d'expansion pour une communauté ici religieuse voilà qui n'est guère nouveau. Mais qui laisse forcément sceptique sur l'avenir du Sénégal gangrené par les communautarismes et l'ethnicisme</p></div>