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frSPIP - www.spip.net (Sarka-SPIP)NELSON MANDELA : LE DERNIER HEROS DE NOTRE TEMPS ?
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http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article17592013-12-09T19:29:43Ztext/htmlfrRaphaël PorteillaPour rendre hommage à Nelson Mandela, nous avons choisi de reproduire ici la chronique parue dans la revue Recherches Internationales (http://www.recherches-internationales.fr) qui, dans la vaste production éditoriale suscitée par son décès, nous a paru la plus proche de nos analyses et de nos sentiments Au risque de choquer un peu, l'annonce du décès de Nelson Mandela est finalement un soulagement. Comme le disent les Zoulous en Afrique du Sud, « il est retourné dans sa maison » (...)
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<div class='rss_chapo'><p>Pour rendre hommage à Nelson Mandela, nous avons choisi de reproduire ici la chronique parue dans la revue Recherches Internationales (<a href="http://www.recherches-internationales.fr/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.recherches-internationales.fr</a>) qui, dans la vaste production éditoriale suscitée par son décès, nous a paru la plus proche de nos analyses et de nos sentiments</p></div>
<div class='rss_texte'><p>Au risque de choquer un peu, l'annonce du décès de Nelson Mandela est finalement un soulagement. Comme le disent les Zoulous en Afrique du Sud, « il est retourné dans sa maison » après une vie entière consacrée à la lutte pour une société démocratique. Le héros sud-africain a le droit de partir en paix. Il a le droit de se reposer. Car sa vie a été particulièrement dense, parfois heureuse, souvent dramatique, toujours combative. Nelson Mandela a connu plusieurs vies qui en ont fait une icône vivante (son effigie figure depuis novembre 2012 sur les billets de banques sud-africains) aussi bien qu'un mythe, ce qu'il n'appréciait finalement que modérément ; il voulait que l'on se souvienne de lui non comme un prophète ou un messie mais simplement comme un être humain au service de son peuple.</p> <p><strong>Le jeune homme, le mari et le père</strong></p> <p>Né le 18 juillet 1918 à Mvezo dans le Transkei (aujourd'hui partie de la province du Cap est), Rolihlala (secoueur d'arbres/fauteur de troubles en Xhosa) Mandela a été à l'école de son village de Qunu. C'est là que son instituteur lui donna son second prénom Nelson. Confié aux soins du roi des Thembu au décès de son père en 1927, il est le premier à aller à l'école puis au lycée de Fort Beaufort où il rencontrera Oliver Tambo qui le suivra dans ses nombreux combats. A l'Université de Fort Hare, la seule accueillant des Noirs à cette époque, il resta un an (1939-1940), renvoyé pour avoir participé à une manifestation... déjà. De retour dans son village, pour échapper à un mariage arrangé, il décide de partir à Johannesburg et en 1941, il rencontre Walter Sisulu, l'autre grand compagnon de tous ses combats. Il reprend ses études universitaires en 1942/43 tout en commençant à assister aux réunions de l'ANC (créée en 1912). Sa vie personnelle se confond alors avec sa vie publique, la première pâtissant incontestablement de la seconde. En 1944, alors qu'il se marie avec Evelyne Mase (cousine de W. Sisulu) dont il aura quatre enfants (trois sont morts à ce jour), il co-fonde la ligue de la jeunesse de l'ANC, dont il devient secrétaire national en 1948 puis Président en 1951. Pris entre son travail, ses études et son engagement politique, Mandela est trop souvent absent et la séparation avec sa femme est inéluctable ; le divorce est consommé en 1958. Un an auparavant, il rencontre Winnie Madikizela, jeune et jolie femme de seize ans sa cadette avec qui il se marie en 1958, en plein procès pour trahison. Leur vie privée est alors totalement tributaire de son entrée en clandestinité. Ils ne se voient qu'occasionnellement, toujours en secret. Ils ont deux filles nées avant le passage à l'action armée et son emprisonnement à vie. Durant sa détention, la photo de Winnie ne le quittera jamais et Mandela se fera beaucoup de soucis pour ses filles quand elle-même sera en prison. Ses geôliers ne l'épargneront jamais, à plusieurs reprises ils lui laisseront des coupures de journaux relatant les frasques de Winnie. Le plus dur sans doute fut la liaison avec un homme bien plus jeune qu'elle, ce qu'il ne pouvait pas croire ni accepter. Ruinant ainsi non seulement son mariage mais aussi sa lutte de libération, leur divorce sera acté en 1995, cinq ans après sa libération. Mandela aimait la compagnie des femmes et sa dernière cour, il l'a réservée à la veuve du Président mozambicain, Graça Machel, qu'il épousera à l'âge de 80 ans. « Je suis amoureux d'une dame remarquable. Je ne regrette pas les revers que j'ai subis dans ce domaine ». Tout au long de sa vie, Mandela a du choisir entre le devoir et l'amour, c'est le premier qui l'a souvent emporté car il n'y a guère de place pour l'amour dans la vie d'un révolutionnaire, d'un combattant ou d'un détenu.</p> <p>La vie publique ou la vie privée... de liberté : du résistant au détenu
Bien qu'engagé au sein de l'ANC dès le début des années 40, c'est en 1952 que son combat pour la libération entre dans une nouvelle phase, celle du résistant plusieurs fois arrêté par le gouvernement d'apartheid. Bien que frappé de bannissement en 1952 et interdit de toute activité politique, il ouvre avec O. Tambo le premier cabinet d'avocats africains. Dès lors, Mandela conçoit la stratégie des futures opérations clandestines de l'ANC dans le cadre de la lutte non-violente. La rédaction de la Charte de la liberté en juin 1955 adoptée par le Congrès du Peuple (regroupement de quatre organisations de lutte contre l'apartheid) à laquelle il assiste depuis le toit d'un magasin voisin, fixe pour l'avenir le contenu et le sens de son combat : « l'Afrique du Sud appartient à tous ceux qui y vivent, Noirs et Blancs ». Renforçant la dimension non-raciale de sa ligne de conduite Mandela, alors influencé par les idées africanistes d'Anton Lembede, s'est pourtant opposé à la fin des années 40, à l'entrée des Blancs ou des communistes à l'ANC, ce qu'il regrettera plus tard, car de fait le combat du parti communiste sud-africain (SACP créé en 1921) et celui de l'ANC sont plus que convergents ; l'apartheid étant aussi un laboratoire du capitalisme.</p> <p>A nouveau emprisonné en 1960 au lendemain du massacre de Sharpeville (21 mars), l'ANC et le PAC étant alors déclarés illégaux, Mandela, acquitté en 1961, optera dès lors pour une autre stratégie : « nous avons toujours cru à la stratégie de la non-violence. Quand les conditions exigeaient de s'en tenir à la non-violence, nous le faisions ; quand les conditions nous dictaient de dépasser la non-violence, nous le faisions ». Après avoir convaincu non sans mal les dirigeants de l'ANC du passage à l'action armée, Mandela est chargé de créer le bras armé de l'ANC, le MK (la lance de la nation). Dès décembre 1961, des actions ont lieu mais peu fidélisé au maniement des armes, Mandela part début 1962 se former à l'étranger suivre un entraînement militaire et chercher des soutiens. Plus d'une vingtaine de pays l'accueillent ainsi que certains de ses compagnons d'armes. A son retour en Afrique du Sud mi-1962, il est arrêté et condamné à cinq ans de prison pour incitation à la grève et pour avoir quitté illégalement le pays.
Le 11 juillet 1963 une descente de police dans la ferme de Liliesleaf à Rivonia (près de Johannesburg) conduit à l'arrestation des principaux leaders du MK. Mandela, déjà détenu, sera joint à leur procès (le fameux procès de Rivonia) qui durera jusqu'en juin 1964. La déclaration lue par Mandela (alors considéré comme terroriste) sera reprise et largement diffusée faisant connaître au monde la lutte morale contre l'apartheid : « J'ai condamné le racisme toute ma vie, je le combats aujourd'hui et je le combattrai toute ma vie jusqu'à mon dernier souffle. J'ai défendu l'idéal d'une société démocratique et libre dans laquelle tous les individus vivront en harmonie et bénéficieront de chances égales. C'est un idéal pour lequel j'espère vivre et que j'espère voir se réaliser. Mais c'est aussi un idéal pour lequel je suis prêt à mourir ». Tous furent finalement condamnés à la prison à perpétuité et conduits à Robben Island (sauf Goldberg qui était blanc).
Le matricule 466/64 reçu par Mandela à Robben Island est aujourd'hui célèbre mais à cette époque, il était un numéro de prisonnier comme un autre, soumis au silence, aux conditions de détention les plus dures et les plus inhumaines, le but étant de briser les prisonniers politiques Dépouillés de presque tout, la prison a été pour tous le lieu d'une épreuve extrême, celle du confinement, du dénuement maximal, du travail quasi-forcé. Ce fut aussi le lieu d'une formidable (« université de ») résistance luttant pied à pied pour ne pas perdre leur humanité : « la prison loin de nous briser a renforcé notre détermination à poursuivre le combat jusqu'à la victoire ». Pendant ces 27 années sombres, d'abord à Robben Island, puis à la prison de Pollsmoor et enfin à celle de Victor Vorster près de Paarl, Mandela et ses amis ont obtenu des petites victoires, quelques améliorations, mais jamais ils ont accepté de discuter avec le gouvernement sud-africain tant qu'ils n'étaient pas libres.</p> <p>Cette obstination, conjuguée aux résistances et luttes en Afrique de Sud, au large mouvement de solidarité internationale, aux (timides) prises de positions de la société internationale (pour plusieurs pays, il était un « terroriste »), ont commencé à éroder l'apartheid. De rencontres secrètes en réunions plus officielles, Mandela, avec l'accord de l'ANC, obtint de réelles négociations et la libération des prisonniers. Tout d'abord en octobre 1989 pour huit de ses compagnons, puis le 11 février 1990, il sort de prison le poing levé au côté de Winnie : « Free at least ». Son discours au balcon de l'hôtel de ville du Cap le jour même situe d'emblée son ambition, ouvrant sur une nouvelle période...de sa vie et de l'Afrique du Sud.</p> <p><strong>Du réconciliateur au premier Président noir d'Afrique du Sud</strong></p> <p>Bien qu'affaibli par ces années de détention et de maladies, Mandela s'engage dès le 2 mai 1990 dans les négociations avec De Klerk. Ces années sont éprouvantes car non seulement il doit discuter des conditions de la transition à venir en passant des compromis mais doit aussi se montrer très ferme avec son propre camp et envers De Klerk dont le « double agenda » entretient au quotidien des tensions souvent mortelles (en soutien du parti zoulou de Buthelezi par exemple). Loin de l'homme de paix que d'aucuns se plaisent à imaginer, De Klerk entend faire durer cette période de négociation aussi longtemps que possible, voire faire déraper le processus en cours. C'est dans ce contexte que Mandela, sur proposition de Joe Slovo en 1992, ancien Secrétaire Général du SACP, avance l'idée du partage du pouvoir pour un temps limité afin de mettre fin aux tensions. Contraint, De Klerk accepte cette proposition, engageant l'ultime phase du processus de transition politique ; démarche qui vaudra à Mandela et à De Klerk le prix Nobel de la paix en 1993.</p> <p>En votant pour la première fois à l'âge de 75 ans en avril 1994, après une campagne électorale elle aussi éprouvante, Mandela sait que le chemin vers la liberté est encore long et sinueux. Elu premier Président noir de la nouvelle Afrique du Sud, il se met tout entier au service de « sa » cause : bâtir une Afrique du Sud pour toutes et tous, libérée de l'apartheid et de la division. La création de la Commission Vérité et Réconciliation confiée à Desmond Tutu, autre grande figure de la lutte, consacre son immense humanité et compassion : « pardonner mais ne pas oublier ». Dès le début de sa présidence, Tata (pére ou grand-père) Madiba (nom de son clan) comme les sud-africains l'appellent affectueusement dorénavant, entend maintenir le cap de la réconciliation, seul chemin possible à ses yeux. Il y consacrera toute son énergie à la tête d'un gouvernement d'union nationale, puis à partir de 1996, sous l'empire d'une nouvelle constitution, sans doute à l'époque, l'une des plus progressistes du monde. Plusieurs de ses actes témoigneront de sa volonté de réconciliation envers les Blancs, signes évidents du triomphe de l'espoir et de l'avenir sur l'injustice.</p> <p>C'est aussi sans doute à ce moment que Mandela choisit de s'effacer progressivement de la vie politique - il ne fera qu'un mandat - et laissera son vice-Président, T. Mbeki, diriger le pays. S'occupant essentiellement de la lutte contre le Sida (il perd un de ses fils en 2005 de cette maladie), délaissant la vie publique, rattrapé par la maladie, Mandela annonce qu'il se retire de la vie publique en 2004.
La vie de « patriarche » qu'il mène ensuite est consacrée à sa famille - ce qui lui a le plus manqué en prison -, à des œuvres de charité ou autres institutions/fondations, tout en conservant au moins pendant quelques années, une réelle influence morale et politique. Mais la maladie - une infection pulmonaire - se faisant de plus en plus présente amenuise ses dernières forces depuis 2010. Hospitalisé à quatre reprises depuis 2013, toujours combatif mais épuisé, il s'éteint le 5 décembre au milieu des siens, à l'âge de 95 ans.... « Rest In Peace ».</p> <p><strong>L'héritage de Mandela </strong></p> <p>Les journaux sud-africains n'ont pas attendu son décès pour dresser l'inventaire de ce que l'Afrique du Sud, mais aussi le monde, doit à Madiba. Nombre de valeurs dont il a été porteur, mais aussi son humour, son sens tactique, (« ses chemises »), l'ont incontestablement élevé au rang de « patrimoine commun de notre Humanité », à l'instar du concept africain d'Ubuntu dont il ne s'est jamais départi.
Mandela est devenu le symbole universel (avec d'autres avant lui) de la résistance, de la lutte, de liberté et de la réconciliation. On ne compte plus les places, rues, sites, institutions (le 18 juillet a été déclaré par l'ONU journée internationale Mandela) qui portent son nom ou ses déclinaisons, lesquels ont d'ailleurs fait l'objet d'une protection juridique spécifique pour ne pas être dévoyés par de sordides utilisations...</p> <p>C'est aussi tout le sens de l'avenir de ce pays et des jeunes sud-africains « born frees » pour qui Mandela demeure sans aucun doute un mythe puissant (un père ou un fils) mais dont l'effet pourrait s'estomper avec sa disparition, si ses successeurs ne parviennent pas à transformer le rêve politique de la réconciliation en réalité émancipatrice de la justice sociale.</p> <p><i>Raphaël Porteilla est politologue (Université de Bourgogne)</i></p></div>
TRIBUNE : L'IDENTITE AMAZIGHE : UNE HAUTE CONSCIENCE DE SON PASSE, PRELUDE A UNE DYNAMIQUE D'AVENIR ?
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http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article16192013-03-01T16:52:56Ztext/htmlfrMadjid Ait MohamedLe déni qui frappe l'identité amazighe dans l'ensemble du sous-continent nord africain reste tenace malgré les avancées de la démocratie sur la planète entière. Hélas, ce déni plonge ses racines dans les profondeurs de notre histoire. Pendant des siècles, notre société a été politiquement morcelée parce que, pour des raisons liées à la géographie d'une zone très montagneuse, aucun pouvoir central n'a pu émerger durablement son autorité sur toute la région. Elle sera (...)
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<div class='rss_texte'><p>Le déni qui frappe l'identité amazighe dans l'ensemble du sous-continent nord africain reste tenace malgré les avancées de la démocratie sur la planète entière. Hélas, ce déni plonge ses racines dans les profondeurs de notre histoire. Pendant des siècles, notre société a été politiquement morcelée parce que, pour des raisons liées à la géographie d'une zone très montagneuse, aucun pouvoir central n'a pu émerger durablement son autorité sur toute la région. Elle sera la proie de visées annexionnistes externes qui ne la maitriseront que d'une façon limitée et superficiel. Ainsi à chaque époque, carthaginoise, romaine, vandale, byzantine, arabe, turque, française, les parties conquises se retrouvent en opposition avec celles restées insoumises. Ces tensions renouvelées à chaque époque saperont la cohésion de la communauté amazighe, mais les valeurs fondamentales de liberté resteront pérennes.</p> <p>Malgré la nuit coloniale, notre peuple a su mobiliser ses ressources morales, pour résister, faire avancer ses idéaux et reconquérir son indépendance. Hélas, une vision politique étriquée a voulu attribuer ce mouvement d'émancipation à une culture arabo-islamique et a engagé tout le sous-continent africain dans une arabisation effrénée et forcenée que justifierait la foi en l'islam. Et revendiquer l'identité amazighe devenait sacrilège. Il y a un peu moins de 20 ans, en Algérie, le Haut Commissariat à l'Amazighité a voulu organiser une semaine culturelle à Batna, il lui fut répondu par une obscure association locale, actionnée par des instances au pouvoir, « le prophète est arabe, le coran a été révélé en langue arabe, la langue en usage au paradis est l'arabe » et par conséquent il est inadmissible de discuter dans un idiome qui ne présentait aucun intérêt. Cet « idiome » n'avait même pas l'honneur d'être la langue de l'enfer.</p> <p>Inlassablement, l'amazighité est présentée comme facteur de division de la nation (Ben Bella en 1962 à partir de la Tunisie, Boumediene en 1973, Chadli dans les années 1980, Bélaid Abdeslam qui déclara : « je suis arabe parce que je suis amazigh », Bouteflika qui relaya Chadli, Marzouki le Tunisien en décembre 2012 sur TV5 Monde, etc. Une cinquième colonne au service de l'étranger, un ennemi intérieur, une apostasie de l'islam, cela pour sauve garder une pureté idéologique voir ethnique. Pourtant, la première république qui ait porté le titre d'islamique à été celle instituée par Abdelkrim au Maroc. L'événement sera jeté dans un trou de mémoire dans les manuels scolaires parce qu'il ne s'agissait pas d'un état intégriste. On ne saura pas que malgré la victoire mémorable d'Anoual, Abdelkrim, n'a jamais été tenté de se proclamer émir, son crédo était le combat anticolonial et contre les forces obscurantistes.</p> <p>La haine de soi a atteint des sommets lorsque les dépouilles de deux colonels, Amirouche et Haouès, tombés les armes à la main ont été séquestrés dans les sous-sols d'une caserne en Algérie parce que l'un était kabyle et l'autre chaoui donc d'extraction berbères, il fallait absolument les mettre aux oubliettes, même morts, et réduire ainsi leur aura ! Rien ne sert de relater les multiples exactions dont a souffert la revendication amazighe juste pour noter qu'elle a été réduite à l'état de folklore, que son enseignement a reculé : il est resté facultatif, soumis à une autorisation paternelle de l'apprenant délivrée après moult tracasseries, victime de restrictions budgétaires. Dans les médias l'obstruction est systématique, il n'y a pas de journaux dans cette langue. Pendant quatre décennies, la radio, puis plus tard la télévision (chaine 4) ont été confiées à des équipes dominées par les intégristes. Le directeur de la chaine 4 était un obsédé qui harcelait toutes les femmes recrues et éliminait toutes les bonnes volontés qui pouvaient promouvoir l'amazighité. Pendant qu'il s'sévissait à la radio, il était intouchable. A 74 ans, une plainte, la seule qui ait abouti, il a été condamné à 6 mois de prison avec sursis. Les autorités ont pu se dédouaner. Le sabotage des médias a été le fait d'un kabyle désaxé sexuel. Il est vrai que ça et là, des changements ont été notés, mais ils furent d'avantage la résultante des nouvelles technologies de la communication qui rendent plus dure la censure.</p> <p>Politiquement nos pays sont restés réfractaires à toutes avancées significatives de l'amazighité. A chaque fois il ne s'agissait que de la poudre aux yeux. En vérité, les militants amazighs, sont traités de parias et de fauteurs de troubles à l'unité nationale par un pouvoir lui-même amazigh du moins au plan historique et sociologique. Il est indéniable que cette façon de procéder est source de tous les périls car la cohésion sociale fissurée, toute perspective politique reste bloquée. Aucune nation ne se construit dans le mépris de sa propre identité et dans la haine qui en résulte. Pareille forfaiture ne peut que paralyser notre participation à la marche de l'histoire, entraver toute dynamique de développement économique et sociale et encourager l'expansion de la société de prédation.</p> <p>Les militants de l'identité amazighe refusent ce funeste présage, ils veulent un sous-continent nord-africain dont la valeur cardinale est l'honnêteté et le travail. Nous avons les potentialités requises pour réussir l'opération : « il ne faut pas pleurer les horizons perdus, il faut savoir des horizons nouveaux » affirmait Mouloud Mammeri qui avait l'espoir cheville au corps. Notre société aujourd'hui effondrée nous importons tout, y compris notre identité, doit se ressaisir : notre histoire n'est ni meilleure, ni pire que celle des autres peuples, nos capacités intellectuelles sont identiques aux leurs, il nous manque la volonté politique. Elle sera au rendez-vous avec une haute conscience de nos déficiences et aussi des impératifs qu'exige la construction d'une société performante. C'est là un combat de justes qui n'a surtout pas besoin de violence pour vaincre. Il a besoin d'esprits éclairés, enracinés dans leur histoire et leur terroir. L'effort que nous devons entre prendre est un effort sur nous-même. Nul besoin de récriminations sur un ennemi extérieur. Si ennemi, il y a, il est en nous. Il est difficile de l'extirper, mais le fait que nous en débattons aujourd'hui annonce une victoire. D'ores et déjà nous avons rejeté « le rêve insensé » pour des constructions plus rationnelles, de construction de notre temps.</p></div>
MALI
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http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article16182013-03-01T16:50:19Ztext/htmlfrAllain GrauxLa France est intervenue au Mali avec ses avions, ses hélicoptères pour stopper une attaque des bandes armées des groupes islamistes de l'Aqmi, d'Ansar Dine, du Mujao qui ont mis le territoire sahélien au Nord du Mali, de Gao à Tombouctou et Douentza en coupe réglée. Ces trafiquants, armés par les mercenaires de Kadhafi, font régner la terreur sur ces régions après en avoir chassé les Touaregs. Ce fractionnement du pays a aggravé la situation économique et sociale des (...)
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<a href="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique95" rel="directory">Mali</a>
<div class='rss_texte'><p>La France est intervenue au Mali avec ses avions, ses hélicoptères pour stopper une attaque des bandes armées des groupes islamistes de l'Aqmi, d'Ansar Dine, du Mujao qui ont mis le territoire sahélien au Nord du Mali, de Gao à Tombouctou et Douentza en coupe réglée. Ces trafiquants, armés par les mercenaires de Kadhafi, font régner la terreur sur ces régions après en avoir chassé les Touaregs. Ce fractionnement du pays a aggravé la situation économique et sociale des populations, particulièrement dans les régions contrôlés par les islamistes, mais aussi dans les zones frontalières de Djenné, Mopti, où l'approvisionnement et les activités sont réduites. Mais, pourquoi cette révolte ?</p> <p>Les hommes du désert organisés dans le MLNA avaient pensé profiter de la déliquescence d'un gouvernement corrompu et inefficace à régler les nombreux problèmes sociaux et de développement du pays, pour créer leur propre Etat, l'Azawad. Après avoir rétabli la démocratie, le président Amadou Toumani Touré s'est englué dans une anarchie libérale favorisée par le FMI, la France et les Etats-Unis, pour conserver ou étendre les intérêts financiers de leurs entreprises multinationales. Le 22 mars 2012, de jeunes officiers subalternes ont renversé le pouvoir et le 5 avril, ATT a dû quitter le pays pour se réfugier au Sénégal. Il avait en son temps réduit la sédition touareg en intégrant les guerriers dans l'armée. Mais par la suite, le malaise au sein de la jeunesse pour trouver un emploi, la fronde des syndicats et la crise dans le secteur de l'éducation, tout y était pour que la colère pu s'installer. ATT était responsable de la corruption, mais il n'était pas le seul à bénéficier des prébendes, de maigres fonds publics détournés des caisses du trésor. Les éleveurs Touaregs (comme les Peuhls), ont vu leurs troupeaux se réduire, victimes de la progression du désert, de la pénurie d'eau, de la raréfaction des pâturages. Ils n'ont pas obtenu les moyens d'une reconversion nécessaire, alors que les produits alimentaires occidentaux subventionnés ont envahi le marché local.</p> <p><strong>Complot islamique ? </strong></p> <p>On peut se poser la question si on examine le cheminement des différents évènements. Dans un premier temps des Français ont été enlevés au Niger comme au Mali et détenus par les différents mouvements islamistes. Les négociations se sont éternisées sans jamais débouchées sur un règlement. De même que les tentatives de l'Algérie et du Burkina pour trouver une solution pacifique et politique au conflit. Ainsi les ravisseurs pensaient disposer d'un moyen de pression sur la France pour éviter son intervention, alors qu'auparavant le versement d'une rançon permettait de libérer les otages. On peut par ailleurs observer que l'application de la loi islamique, la charia, s'est instaurée dans plusieurs Etats ou zones comme au Nord du Nigéria, lui-même en proie aux exactions du Boko Aram. Avec le contrôle du Nord du Mali, les intégristes islamistes affiliés à El Qaida, peuvent à nouveau profiter d'une base territoriale après avoir perdu l'Afghanistan qui reste néanmoins sous la menace des Talibans, comme les zones frontalières du Pakistan, la rébellion irakienne, les milices syriennes Al-Nosrat, les Al Shabaab en Somalie. Face à l'étendue de cette menace, les Etats africains de l'Ouest menacés dans leur intégrité ont fait appel à l'ONU pour créer une force d'intervention pendant que se déroulaient parallèlement les tentatives de négociation.</p> <p>La récente visite du Président François Hollande en Algérie, n'était vraisemblablement pas une simple visite de courtoisie et limitée au contexte hérité de la guerre coloniale. La question du Mali a certainement fait l'objet de discussion et d'accords comme en témoigne l'autorisation de passage des rafales au-dessus du territoire algérien pour bombarder les positions et les bases des forces islamiques qui menacent aussi le sud-algérien. Après les tentatives menées en direction du mouvement touareg MLNA pour le dissocier des islamistes, et avant une intervention des forces africaines de la CDAO et de la France, les islamistes ont déclenché une attaque pour s'emparer de la totalité du Mali. Le gouvernement français ne pouvait pas rester indifférent à cette situation. A cette attaque éclair des intégristes devait répondre une réaction immédiate, pour empêcher l'instauration d'un Etat islamique au Mali. D'autant plus que ce raid représentait une menace pour les six mille résidents français de Bamako. Avec cette attaque, le temps n'était plus à des parlottes inefficaces, mais à l'action pour prévenir l'irréparable. Et stratégiquement, on ne prévient pas ses ennemis de l'imminence de l'assaut…</p> <p>Je ne suis pas un va-t-en guerre, préférant la négociation pour aboutir à des solutions pacifiques, car pour terminer une guerre, on finit toujours par négocier. Alors, pour éviter des drames et que le sang coule, il vaudrait toujours mieux négocier avant. Mais avec de tels adversaires qui sont plus des bandits et mercenaires que des mouvements anticolonialistes, indépendantistes, on ne peut pas vraiment dialoguer comme avec un Etat ou une organisation révolutionnaire. Les laisser s'installer durablement ici ou là, par expérience, on sait ce que cela signifie comme régression pour les populations qu'ils prétendent délivrer et qu'ils vont en réalité opprimer.</p> <p>Sous de nobles intentions anti-impérialistes, il ne faut pas se laisser entraîner à des réactions gauchisantes, sans rapport avec la réalité des faits. Si les Maliens doivent-être les acteurs de leur avenir. Car s'il nous faut rejeter la démocratie imposée par les menaces, les embargos et les bombes des puissances occidentales comme en Lybie, en Côte d'Ivoire ou ailleurs en Afrique et partout dans le monde, ce n'est pas avec des discours et des bulletins de vote que les peuples s'affranchiront réellement mais par leur mobilisation massive, leur engagement pour leur propre salut sans aucune ingérence extérieure. Il leur appartient d'inventer leur voie pour ériger le monde nouveau qui pointe désormais à l'horizon. Aucune main ne saurait désormais leur cacher le soleil de la véritable démocratie, celle qui est en train de naître de leur colère, de leurs frustrations, des impasses de la ‘démocratie des milliardaires', une démocratie dirigée contre le peuple. Encore faut-il qu'ils soient en mesure de le faire. On a vu ce qu'il en était des Touaregs et de leur Azawad !</p> <p><i>Article paru sur le blog d'Allain Graux : <a href="http://allaingraux.over-blog.com/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://allaingraux.over-blog.com</a></i></p></div>
MALI : LETTRE OUVERTE AU CAPITAINE AMADOU SANOGO
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http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article14362012-03-30T17:00:00Ztext/htmlfrAlioune Ifra NdiayeAlioune Ifra Ndiaye est le directeur de BlonBa, une importante structure culturelle et artistique bamakoise. Il a été choisi comme un des porte-parole du Front pour la sauvegarde de la démocratie et de la république, opposé au putsch. Il vient de rendre publique une lettre ouverte au capitaine Amadou Sanogo qui apporte un point de vue original sur la crise malienne. Jean-Louis Sagot-Duvauroux Bonjour mon capitaine, Je me permets de vous adresser cette lettre ouverte parce que je vois que (...)
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<div class='rss_chapo'><p>Alioune Ifra Ndiaye est le directeur de BlonBa, une importante structure culturelle et artistique bamakoise. Il a été choisi comme un des porte-parole du Front pour la sauvegarde de la démocratie et de la république, opposé au putsch. Il vient de rendre publique une lettre ouverte au capitaine Amadou Sanogo qui apporte un point de vue original sur la crise malienne.</p> <p>Jean-Louis Sagot-Duvauroux</p></div>
<div class='rss_texte'><p>Bonjour mon capitaine,</p> <p>Je me permets de vous adresser cette lettre ouverte parce que je vois que mon pays s'enfonce dans l'aventure et que je ne peux pas me taire. Mon capitaine, vous avez pris le pouvoir parce que vous étiez mécontent, comme beaucoup, mais surtout parce que vous aviez des armes. Ce qui est d'ailleurs le cas des rebelles du Nord. Ils étaient mécontents et ils ont des armes. Ils les ont retournées contre leur pays. Aujourd'hui, leur mécontentement est devenu une revendication politique : la partition du Mali. Mon capitaine, votre mécontentement est malheureusement en train de changer de nature. Il provoque une confusion politique qui coupe le Mali du reste du monde. Mon capitaine, j'observe que, pro ou anti coup d'Etat, tout le monde est unanime pour dire que vous n'êtes pas une mauvaise personne. Mais ça ne donne ni la légitimité, ni les connaissances qui permettent, au XXIe siècle, de diriger le pays.</p> <p>Mon capitaine, la plupart des gens qu'on entend très fort, qu'ils soient pro ou anti coup d'Etat, ne cherchent qu'une chose : attirer votre attention et se positionner pour le « partage du gâteau ». Il ya quelques mois, beaucoup d'entre eux qualifiaient ATT de messie. Certains lui ont même proposé un troisième mandat. D'autres sont mécontents, parce qu'on leur a pris leur strapontin. C'est malheureusement une réalité de notre pays, une réalité que nous vivons tous, que vous vivez comme nous. Et quand les événements tourneront mal - il y a toujours un moment où ça tourne mal - ces mêmes personnes qui aujourd'hui vous encensent diront : « On l'avait bien dit, il n'écoute pas les gens ».</p> <p>Mon capitaine, je ne crois pas qu'un seul Malien soit fier de ce qui se passe aujourd'hui. Mais nous sommes tous responsables de la situation. ATT, vous, le citoyen lambda, moi…. J'imagine la pression sociale que vous devez subir. « C'est notre tour maintenant » vous diront la famille, les amis, les anciens proches et les nouveaux proches, tous les opportunistes que toujours le pouvoir attire. Ces sentiments destructeurs ont déjà dérouté du droit chemin des milliers de cadres compétents. Les liens familiaux et les passe-droits priment sur la compétence. La société elle-même n'a pas pris la mesure du chantier. La preuve. Nous tolérons la corruption quand elle est le fait d'un parent qui nous en fait profiter. Beaucoup d'associations et de partis politiques vous soutiennent aujourd'hui espérant tirer de ce soutien un maroquin, un strapontin, un avantage. L'impasse dans laquelle la situation nous met, les dangers qu'elle fait courir à la patrie, à nous tous, à vous même, c'est le dernier de leur souci.</p> <p>Mon capitaine, des centaines de milliers de personnes comme moi n'ont pas besoin d'être ministres, députés, directeurs généraux, conseillers municipaux, ect…Nous savons travailler. Nous nous sommes assumés en créant les moyens de notre activité, des associations, des ateliers, des exploitations agricoles, des PME, des PMI. Nous sommes le cœur du dynamisme du Mali d'aujourd'hui. Nous sommes la vraie société civile. Nous appartenons à des familles politiques différentes ou même à aucune. Aux élections prochaines, nous ne voterons pas pour les mêmes candidats. Nous sommes souvent maltraités par le système. Mais nous n'avons pas souhaité le coup d'Etat. Nous voulons un Mali stable avec des repères intouchables quel que soit le problème. Le Sénégal vient de nous donner une leçon qu'aujourd'hui nous méditons tous dans la tristesse et l'angoisse du lendemain. Mon capitaine, imaginez un homme qui change constamment de nom de famille. Pensez-vous que ses voisins lui feront confiance ? Sa propre famille lui fera-t-elle confiance ?</p> <p>Un ami me disait hier, « l'eau versée ne peut être ramassée ». C'est vrai. Mais nous pouvons sortir de cette impasse par le haut. Et la CEDEAO nous tend une perche. Elle n'est pas géniale comme solution, mais elle nous permettra de sortir rapidement de cette impasse. Vous. Nous. Le pays. Beaucoup de citoyens maliens de ma génération ou plus jeunes sont décidés à tout faire pour que le laisser-aller, la corruption, les injustices, le mépris de l'intérêt général n'aient plus droit de cité dans notre patrie. Là est la vraie force des idées que vous affirmez vouloir mettre en œuvre, pas dans la peur, ni dans les fusils.</p> <p>Alioune Ifra Ndiaye</p></div>
La situation politique à Madagascar vue par un opposant au régime du Président Ravalomanana
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http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article8752008-12-16T20:15:00Ztext/htmlfrAllain GrauxMaurice Beranto, dirigeant du FIDEM (Rassemblement des démocrates de Madagascar), est un architecte qui partage son activité professionnelle entre sa patrie malgache et la France où il a vécu pendant vingt-sept ans. Il est arrivé en France en juin 1968, au lendemain des évènements de mai : « J'ai vu la ville de Paris bitumer les rues pavées du quartier latin et constaté que les rands bâtiments entourés de cars de police, sur les quais de Seine n'étaient pas un hôtel de police , (...)
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<a href="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique87" rel="directory">Madagascar</a>
<div class='rss_texte'><p>Maurice Beranto, dirigeant du FIDEM (Rassemblement des démocrates de Madagascar), est un architecte qui partage son activité professionnelle entre sa patrie malgache et la France où il a vécu pendant vingt-sept ans. Il est arrivé en France en juin 1968, au lendemain des évènements de mai :</p> <p>« J'ai vu la ville de Paris bitumer les rues pavées du quartier latin et constaté que les rands bâtiments entourés de cars de police, sur les quais de Seine n'étaient pas un hôtel de police , mais la faculté de Jussieu. »</p> <p>En 2001/2002, il était présent à Madagascar lors de la grave crise*qui a secoué le pays à l'occasion de l'élection présidentielle. Le président actuel Marc Ravolomanana s'était autoproclamé vainqueur. L'ancien président, Didier Ratsiraka, après des affrontements violents avec les partisans de Ravalomanana a dû quitter le pouvoir et se réfugier en France Le deuxième tour des élections présidentielles n'a jamais eu lieu. Depuis le Président a été réélu en décembre 2006 avec 54,79 % des voix et a conforté un pouvoir qui, à l'image de celui de son prédécesseur, devient de plus en plus personnel et autoritaire. Il a étendu son empire économique et ne tolère aucune opposition organisée, la moindre manifestation est réprimée et plusieurs « meneurs » ont été emprisonnés…</p> <p><i>AG : Que représentez-vous face au pouvoir du parti présidentiel, le TIM ? Comment espérez-vous contester et vaincre le pouvoir actuel alors que se présentaient 14 candidats aux dernières élections présidentielles. Le second, Jean Lahiniriko, n'a obtenu que 11,65 % des suffrages. L'opposition extrêmement divisée semble incapable de se rassembler.</i></p> <p>MB : Tout d'abord, je voudrais dire comme militant politique que le pouvoir de Ravalomanana est le résultat de la faillite des intellectuels et des partis politiques. Il est le fruit d'une véritable régression. Les faits aujourd'hui me confortent dans cette analyse. La majorité des personnalités politiques ont été derrière la majorité présidentielle pour le candidat Ravalomanana pour des raisons d'opportunité diverses mais liées à la carrière et aux rentes de situation. Les partis politiques sont rejetés par l'opinion publique. Or, dans le monde, ce sont des hommes issus des partis qui dirigent. Actuellement, il faut réhabiliter cette mauvaise image des partis politiques. Pour ma part, avec d'autres, j'essaie de créer un front autour de l'ancien Président de la République Albert Zafy* élu en 1993 et destitué en 96 sous la pression de l'AREMA, le parti de Ratsiraka. En 1989, Albert Zafy fit partie du mouvement de l'opposition des Forces Vives et devint le leader du parti UNDD*. Il tenta de renverser le président Ratsiraka. En 1993, l'opposition le désigna comme candidat face à Didier Ratsiraka et il a battu ce dernier au deuxième tour avec 53 % des voix. Candidat en 1982, Il n'avait pas pu se présenter, il fallait être membre du Front National pour la Révolution. Il n'avait pas d'équipe. Déjà les partis étaient très faibles et le seul fait d'être diplômé paraissait suffisant pour se présenter aux suffrages des citoyens. Il se posait aussi la question du financement, souvent parallèle… Quand Ratsiraka est revenu au pouvoir en 1997*, il soumet au peuple un référendum pour une République humaniste et écologique. Mais ce furent seulement des mots, il livre le pays au libéralisme le plus sauvage. Après le régime Ratsiraka, puis avec Ravalomanana, le pays est à reconstruire, la République est à refonder. Actuellement, nous constituons une nouvelle équipe pour rassembler les partis d'opposition, construire une base politique.</p> <p><i>AG : L'UNDD est un Front, quelle est votre organisation ?</i></p> <p>MB : Je suis membre du FIDEM, le Rassemblement des démocrates de Madagascar qui a pour objectif la République sociale et avec comme pratique l'éducation populaire. La colonie a voulu détruire le Fokolona, nos communautés populaires de gestion collective et démocratique des villages. Le pouvoir sous Ratsiraka avait mis en place un projet financé par la Banque Mondiale, le programme urbain de lutte contre la pauvreté, qui a consisté à apprendre aux maires les principes de la gestion communale…Cela alors que la démocratie existait dans les Fokolona, c'est quelque chose qui était inhérent, né avec eux, où la pratique était la discussion collective. Les bases de la démocratie existaient dans les communes malgaches, c'est sur ces bases que nous souhaitons nous appuyer pour bâtir un régime démocratique et authentiquement républicain. Il faut retrouver ces valeurs - le teny le rana – la décision collective. Notre parti, ses principes, occupent une place importante dans l'esprit des gens mais nous n'avons pas d'élus car les élections ne sont pas libres. En décembre 2002, j'étais candidat député à Mahanjaga. Je n'ai pas pu voter le jour du scrutin car on ne m'a pas inscrit sur la liste électorale… Nous sommes une petite formation, un parti d'influence sur les actions de groupe, plus que de masse. Nous participons donc à ce mouvement lancé en mars dernier par le Président Zafy. Il n'y a pas que le FIDEM, mais aussi le Leader-Fanilo, le RPSD, le RPSD Vaovao, l'AKFM, « Ny Fihavanantsika », le VVSV, le PSDUM, l'USDUM, l'AREMA, le RDMM, le PDM..., comme il y a des opposants comme le général Ferdinand Razakarimanana ». Après décembre 2006, depuis les élections présidentielles un grand pas a été fait. En 2003, la seule possibilité était de nous regrouper autour d'un candidat. Depuis nous avons instruit une autre démarche pour réhabiliter la pratique politique. En mars 2006, vingt-cinq partis ont signé dina politika, un pacte républicain. Tous ont participé à la rédaction de la Charte des Partis signée en Août 2006, de l'extrême gauche à la droite, sur des valeurs républicaines communes. Face à la constitution de ce Front, Ravalomanana a eu peur, il a avancé les élections en décembre 2006 au lieu de mai 2007. Il nous a pris de vitesse alors que nous tentions un regroupement des sensibilités de la Gauche malgache. Notre but était de présenter un candidat unique, mais ils ont tous été candidats…sur les 14 prétendants, onze étaient pourtant signataires de la Charte ! Notre parti regroupe entre autres, des médecins, des ingénieurs, des intellectuels et cadres. Le Front de la gauche est encore informel, il regroupe six à sept formations avec des personnalités indépendantes. C'est un problème car Ravalo s'appuie sur cette dispersion de personnalités …qu'il finance ! Ou sur lesquels s'abat la répression s'ils n'acceptent pas d'être corrompus. Cependant, il ne faut pas oublier que ce sont les dirigeants précédents qui ont tué la démocratie à Madagascar et que nous n'arrivons plus à sortir de ce système de pouvoir autoritaire et corrompu jusqu'à l'outrance. Il n'est pas prévu d'élections avant 2011, mais je suis convaincu que le mandat du président n'ira pas à son terme.</p> <p><i>AG : Qu'envisagez-vous comme action pour renverser le pouvoir actuel ?</i></p> <p>MB : Nous voulons préparer l'alternative pour être prêts le moment venu, car toutes les conditions sont réunies pour une révolte populaire. Il existe un fort mécontentement général et le fossé existe toujours entre les « côtiers » et ceux des « Hautes Terres »*. Trois côtiers seulement sont présents au gouvernement sur vingt-deux ministres. Il n'est que de lire les journaux : la Tribune, l'Express, la Gazette, la Vérité, pour constater ce profond mécontentement face à Ravalomanana. Il apparaît de plus en plus comme un « danseur du ventre », un illusionniste qui a endormi tout le monde, même Koffy Annam ! L'opposition se rassemble, elle n'est plus aussi dispersée et nous voulons créer une plateforme, un programme commun.</p> <p><i>AG : Que pensez-vous du maire de Tana, Andry Nirina RAJOELINA, qui est présenté comme une solution possible pour battre le président ?</i></p> <p>MB : Il est le dirigeant d'une entreprise de Télécom et il n'a aucun profil politique. Les gens croient que le scénario de 2001 avec Ravalomanana peut se renouveler. Je ne pense pas que ce soit possible. Zafy bien qu'il se soit dégagé de la politique, car il est âgé de 82 ans, il représente un point d'ancrage, un fédérateur. Il avait lancé un appel au rassemblement autour du CRN en mars 2008.* La plateforme élaborée en juillet 2007 a été incluse dans cet appel du Président Zafy. Cependant nous manquons de moyens d'expression pour développer nos idées et notre action, les réunions politiques sont interdites et le pouvoir exerce des pressions sur les gens pour empêcher toute contestation. Nous devons affronter la corruption et la répression. Par exemple, certains journaux critiques comme « La Gazette » sont interdits dans les avions d'Air Madagascar. Néanmoins nous menons des actions d'harcèlement dans toutes les villes ; nous avons tissé des réseaux dans 37 d'entre elles.</p> <p><i>AG : Je sais que l'essentiel de l'action politique a lieu dans les centres urbains, et principalement dans la capitale où Ravalomanana a fait l'essentiel de son score, plus de 75 %des voix. En dehors de Tana, il n'est majoritaire que dans le district de Majunga, mais qu'en est-il dans les campagnes ? Les paysans représentent encore 80 % de la population malgache.</i></p> <p>MB : Nous intervenons dans les campagnes à travers des associations dont une se trouve à l'est de Tana. Le pouvoir a crée une association qui veut régenter les campagnes. Les paysans sont venus nous voir. Ils ont créé une organisation de résistance au pouvoir : Tan Lavatna Anryna (Une région qui est loin du roi). Même à Tana, il y a des « régions loin du roi » : ce sont les quartiers populaires complètement délaissés. Madagascar est un pays riche de ses ressources, mais qui est très pauvre. Les contrats passés avec les multinationales sont opaques. Elles bénéficient de passe-droits, ont leurs entrées par une porte spéciale pour bénéficier de services dont ne disposent pas les nationaux. Air Madagascar et la JIRAMA (Eaux et Electricité) ont été donné a à des sociétés allemandes déficitaires pour une poignée de Francs malgaches. Alors que le SMIG est à 60 000Ar (26 €/mois). Le développement n'est pas au service du peuple qui ne jouit pas de la satisfaction de ses besoins fondamentaux. Les richesses minières de Madagascar encore largement inexploitées sont livrées au pillage de groupes étrangers, notamment canadien. Nous produisons 4 tonnes de saphir, de l'or, des pierres précieuses. A Fort- Dauphin, il a fallu dix-sept ans pour que le projet d'extraction de l'Ilménite* démarre, avec le groupe canadien Rio Tinto. Jusqu'à maintenant ils n'ont rien produit. L'école publique est désertée. Les élèves s'y entassent souvent à 120 par classe, pour un instituteur du primaire*. Les enseignants sont insuffisamment payés, ils touchent à peine le SMIG. Ce sont les parents qui se cotisent pour les rétribuer s'ils veulent que les maîtres restent à l'école au lieu de chercher un boulot compensatoire. Cela contribue à encourager la prolifération d'écoles privées qui ne sont pas toutes confessionnelles. En ce qui concerne la formation des élites, toutes les disciplines existent à Mada mais de valeur inégale. L'inexploitation des talents a conduit à une moins bonne formation. Pour accéder aux hôpitaux publics, il faut payer comme sous le régime de Ratsiraka. Les soins ont été gratuits jusqu'en 1980, avant le tournant libéral. Les Réunionnais venaient se faire soigner à Mada. La bascule a eu lieu cinq ans après 1972. Les médecins pour vivre décemment doivent exercer deux, voire trois boulots.</p> <p><i>AG : une question importante concerne la paysannerie malgache et l'environnement du pays : c'est la culture sur brûlis qui conduit à la déforestation.</i></p> <p>MB : Sur cette question, il y a une avancée*. C'est financé par la communauté internationale et ça fonctionne. Mais il ne suffit pas d'interdire, il faut donner une alternative aux cultures sur brûlis. C'est encouragé par le pouvoir parce que cela amène des sous, des investissements américains notamment. Nous avons des problèmes avec la question de la propriété des terres et du foncier. Au tribunal, 70 % des litiges concernent le foncier. Les propriétés individuelles ancestrales ainsi que les propriétés communales ne sont pas répertoriées. Pour les paysans, la terre appartient à ceux qui y vivent depuis la nuit des temps et la travaillent ; c'est le Tanin-drazana, la terre des ancêtres.</p> <p><i>AG : Nous avons constaté que les conditions de logement et d'hygiène étaient déplorables dans les quartiers populaires de Tana. On voit des chantiers de grande construction, les hôtels pour accueillir les réunions internationales, construits par les chinois, pour la conférence de l'OEA en 2009. Est-ce qu'il y a des logements sociaux, des HLM malgaches ?</i></p> <p>MB : Les derniers logements sociaux construits datent de l'avant 71, comme la cité des 67 ha dans le quartier du COUM. Il faudra au moins cinq ans pour changer réellement les choses dans ce pays.</p> <p><strong>Propos recueillis par Allain Louis Graux, (journaliste, « Les Pays des mille et une nuits » – agence Orient-presse)</strong></p> <p><i>*Albert Zafy (1927- ) a été président de la République de Madagascar de 1993 à 1996.Né à Ambilobe, dans l'ex-province de Diégo Suarez, il est professeur en Médecine (cardiologue). Il a été Ministre dans le Gouvernement du Général Gabriel Ramanantsoa. Elu en 1993, Zafy n'a pas supporté les critiques de l'opposition et décida que le Premier ministre ne sera plus élu par l'Assemblée nationale mais nommé par le président en personne. Il nomma donc le président de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) Norbert Ratsirahonana Premier ministre (5 juin 1996). Il perdit sa popularité et fut destitué par l'Assemblée nationale le 5 septembre 1996[1]. Il a été battu par Didier Ratsiraka lors de l'élection présidentielle du 31 janvier 1997. Il termine troisième lors de l'élection présidentielle du 16 décembre 2001 que Marc Ravalomanana remporta au final. Et devient depuis un des chefs les plus virulents de l'opposition malgache avec son mouvement le CRN (Comité de réconciliation nationale).</i></p> <p><i>*Ratsiraka, en tête des 15 candidats, est élu en novembre 1996 avec 50.7 % des voix. Il est dénoncé pour irrégularité par Albert Zaffy, mais prend le pouvoir en février 97. Entre 97 et 2001, il suit les recommandations de réformes « d'ajustements structurels » du FMI et de la Banque Mondiale, comme de rendre payants les soins hospitaliers et l'école et il se lance dans la privatisation des entreprises, rompant avec ses idéaux socialistes qui avaient présidé à ses mandats précédents de 1975 à 1991. Mais il ne suffit pas de privatiser pour sortir du sous-développement. La privatisation de la Solima (carburants) débouche sur une augmentation massive su prix des carburants. En fait les projets n'aboutissent pas, restent dans les cartons des ministères et les crédits sont détournés, les aides disparaissent sans que les travaux et les réformes se réalisent, ce qui provoqua la faillite et la chute du régime.</i></p> <p><i>*l'UNDD, Union Pour le Développement Démocratique, parti radical de gauche de l'ex-président Albert Zaffy.</i></p> <p><i>* Le pouvoir colonial s'était appuyé sur les côtiers pour mâter l'aristocratie de l'ethnie merina dont étaient issus les souverains malgaches qui, avaient conquis et unifié le pays Depuis l'indépendance, le pouvoir politique à Mada se partageait entre les ethnies dites côtières d'origine africaine et celles des Hauts – plateaux d'origine asiatique. Le Président était côtier et le premier ministre des Hauts-plateaux. Ravalomanana a rompu avec cet équilibre ethnique entre les 18 tribus de Madagascar</i> <i>Albert Zafy tente de rassembler l'Opposition / La Tribune : samedi, 8 mars 2008 / Eugène R. … Dans leurs discours d'ouverture, le Pr Zafy et son lieutenant Dr Emmanuel Rakotovahiny ont persisté et signé que le CRN ne reconnaît pas le régime en place. « Un régime dirigé par un homme qui veut installer une monarchie à Madagascar. », a martelé le Pr Zafy. L'Alliance impossible Des dirigeants politiques présents hier ont observé que l'invitation du CRN et de son président Zafy Albert s'inscrit en même temps dans le cadre des tentatives de rassemblement pour une opposition unique face au régime Ravalomanana. Jusqu'à présent, toutes ces tentatives ont échoué. Le CRN a refusé d'adhérer à la plateforme des partis d'opposition mise en place par Roland Ratsiraka, Jean Lahiniriko et Herizo Razafimahaleo après les présidentielles de décembre 2006 car il a boycotté toutes les élections organisées dans le pays depuis l'accession de Ravalomanana au pouvoir. Comment peut-on imaginer une cohabitation entre le Pr Zafy Albert et ses amis qui ne reconnaissent pas jusqu'à présent Ravalomanana comme président de la République d'une part et d'autre part les Marson Evariste, Henri Lecacheur, Pierre Tsiranana, Daniel Ramaromisa... qui étaient à l'époque membres actifs du KMMR (« Komity Manohana an'i Marc Ravalomanana ») ? Et actuellement, des opposants comme Marson Evariste incitent les électeurs à se rendre aux urnes, mais à voter blanc le 16 mars prochain alors que le CRN prône purement et simplement l'abstention. Tout ceci pour faire comprendre qu'une cohabitation ou une alliance s'avère impossible entre certains opposants.</i></p> <p>*<i> Andry Nirina RAJOELINA LES résultats des élections municipales du 12 décembre dernier à Antananarivo n'ont pas réellement été une surprise pour les observateurs avertis de la vie politique malgache.
En effet, ils s'inscrivent dans le processus du changement des mentalités et de comportement de la population tananarivienne qui, il a à peine plus de 2 mois, avait exprimé son ras-le-bol de la misère, des pratiques dictatoriales du Parti TIM au pouvoir, des entorses multiples à la démocratie, en s'abstenant en masse de voter aux élections législatives du 27 octobre 2007. Ce jour-là, 75% des électeurs avaient boudé les urnes : du jamais vu lors de tous les scrutins qui ont jalonné l'histoire de la Grande Ile et de sa capitale ! Les résultats du scrutin du 12 décembre sont sans appel. Nombre d'électeurs inscrits : 620.631 Votants : 273.164 Blancs et nuls : 4.250 Suffrages exprimés : 268.914 Rakotomalala Rafalimanana Hery (TIM) 87.124 (32,40%) Rajoelina Andry Nirina (Independant-Tanora MalagasyVonona) 170.281 (63,32%)</p> <p>Le choix du Président-fondateur du TIM s'est porté sur le Président de la délégation spéciale d'Antananarivo nommé à ce poste il y a 8 mois pour défendre les couleurs du Parti lors des Municipales du 12 décembre. Selon Marc Ravalomanana, le PDS Hery Rafalimanana avait à son actif les rénovations des infrastructures entreprises par le pouvoir central, à Antananarivo, pour la tenue des 7èmes Jeux des Iles de l'Océan Indien. Malheureusement pour lui, les jets d'eau, les jardins et autres gazons, les nouvelles avenues ouvertes à la circulation n'ont pu occulter l'aggravation des problèmes sociaux affrontés par la majorité des habitants de la capitale : stagnation du niveau de vie, inflation, chômage, délestages quotidiens de jour comme de nuit, alors que dans un discours public, le Président Ravalomanana avait annoncé une augmentation de 15% des factures de la JIRAMA, afin, disait-il, de « supprimer les délestages » etc... Dès l'ouverture de la campagne électorale, Marc Ravalomanana et son Gouvernement furent sur le pied de guerre face à l'affluence monstre constatée lors du premier meeting public convoqué par le candidat Andry Rajoelina. Des manœuvres en tous genres furent utilisées pour déstabiliser ce candidat dont le succès risquait de déjouer les plans du pouvoir : propos diffamatoires, tripatouillage des listes électorales, interdiction de meeting dans les sites appartenant à la Commune, menaces et provocations, etc...</p> <p> *L'école : 10 à 110 élèves par classe en deux session le même jour. J'ai pu voir à Daraina , une école privée financée par les parents où les enfants s'entassaient à 107 dans une paillote sombre, sans éclairage… NDLA</i></p> <p><i>*L'ilménite est un minerai utilisé pour les composants électroniques. Le cobalt de Toamasina. La structure du projet Ambatovy fait appel à une prouesse technologique de haut niveau.
Le minerai, de la terre contenant près de 1% de nickel et 0,10% de cobalt en moyenne, sera extrait à Ambatovy Moramanga, à 220 kilomètres de Toamasina. Il sera acheminé jusqu'à l'usine de Toamasina par un pipeline long de 220 kilomètres sous forme de pulpe, mélange boueux contenant 40% d'eau. Cette matière semi liquide sera pompée et conduite dans un pipeline depuis la rivière Mangoro, située à 28 kilomètres de la mine. Les résidus seront ensuite stockés dans un parc géant spécialement aménagé à cet effet.
Ce parc a une taille capable de contenir les 125 millions de tonnes de terre en provenance de la mine pendant 30 années, la durée prévue du projet. 60 000 tonnes de nickel et 5 600 tonnes de cobalt devront ensuite être exportées à partir du port de Toamasina. Actuellement, près de 8 000 ouvriers sont enregistrés dont environ 600 expatriés. La grande majorité de ces personnes travaillent pour les dizaines de grandes entreprises chargées de construire les différentes infrastructures. Mais cet effectif de la main-d'oeuvre pourra doubler dans les mois à venir et atteindre le pic de 20 000 personnes. L'arrivée prochaine de 5 000 ouvriers étrangers constitue un des moments importants du projet. (selon l'Express de Madagascar) Dynatec, une société américano-canadienne et Somotimo-corporation, une société de courtage japonaise, prévoient d'exploiter ces mineras pendant 27 ans. Ce site recèle 30 ans des besoins mondiaux en nickel, 5 % des réserves mondiales et 10% des réserves mondiales en cobalt. Une dizaine d'autres minerais sont présents sur le site, du zinc et du cuivre, dont la production est estimée de 1 à 2 tonnes /jour. Lors des réunions avec la population concernée, une question revenait sans cesse : l'exposition permanente au nickel et au cobalt est-elle dangereuse pour la santé ? Les investisseurs ont affirmé que non, pourtant la directive de l'OMS sur le nickel est provisoire en l'absence d'informations sur sa nocivité. Ils affirment aussi que l'impact sur les nappes phréatiques, les rivières et les sources seront peu importants, et que les zones d'exploitation seront reboisées au fur et à mesure. Ce produit présent dans l'air ambiant est cancérigène en milieu professionnel et les environnementalistes estiment que le nickel assèche le sol. Les paysans malgaches en craignent les effets après 27 ans d'exploitation… Quand on constate comme je l'ai vu, l'énormité des excavations pour installer le pipe-line qui transportera les boues, la déforestation, la défiguration de la nature, on reste perplexe sur c les bonnes intentions exprimées par les exploitants…</i> Allain Graux</p> <p><i>Ressources pétrolières et minières à Madagascar Les réserves pétrolières en offshore de Madagascar se trouvent dans les bassins de Mahajanga et de Morondava la ou 90% des efforts de pêche crevettière se concentrent. L'exploitation pétrolière aura des impacts environnementaux sur cette zone et des conflits entre la filière crevettière et le secteur pétrolier, pourraient en résulter. Jusqu à preuve du contraire, les crevettes font partie des premiers produits d exportation du pays. Qits minerals madagascar (QMM) dans l'exploitation de l'Ilménite à Tolagnaro, de la société d'état KRAOMA pour le chrome, de sheritt-DYNATEC dans l'extraction de cobalt et de nickel, Madagascar oil et EXXON mobil concernant l'exploitation pétrolière. Les pollutions des eaux, les stockages des produits dangereux, la pollution de l'air sont les principales menaces que peuvent représenter ces activités. L'Etat malagasy ne dispose pas actuellement des capacités suffisantes pour effectuer toutes les contrôles de pollution nécessaires.</i> (Pakysse)</p></div>
TRIBUNE : L'EUROPE AU DARFOUR, L'ULTIME RECOURS ?
http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article496
http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article4962007-01-19T19:58:00Ztext/htmlfrEmmanuel Dupuy, Mahor ChichePour le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, le Darfour, cette province de l'ouest du Soudan où se déroulent depuis 2003 des massacres à grande échelle est "l'enfer sur terre". Ni les accords de paix scellés à Abuja le 5 mai 2006, ni le renforcement des contingents de l'Union Africaine (1) , ni le vote d'une énième résolution onusienne n'ont mis fin à la catastrophe humanitaire. L'enfer brûle toujours. Depuis février 2003, les milices Janjawids (...)
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<div class='rss_texte'><p>Pour le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, le Darfour, cette province de l'ouest du Soudan où se déroulent depuis 2003 des massacres à grande échelle est "l'enfer sur terre". Ni les accords de paix scellés à Abuja le 5 mai 2006, ni le renforcement des contingents de l'Union Africaine (1) , ni le vote d'une énième résolution onusienne n'ont mis fin à la catastrophe humanitaire. L'enfer brûle toujours.</p> <p>Depuis février 2003, les milices Janjawids issues des tribus musulmanes "arabes" et alliées du régime islamiste de Khartoum, sèment la terreur et massacrent impunément les tribus musulmanes "africaines" contestataires de l'ouest du Soudan. Le conflit du Darfour a déjà fait plus de 300 000 morts, 3 millions de réfugiés et de déplacés (principalement au Tchad voisin) et privé 500 000 personnes de toute aide humanitaire.</p> <p>L'ONU a déjà voté six résolutions et qualifié les actes du régime soudanais de « crimes de guerre et de crimes contre l'humanité ». Cependant, les efforts des Nations Unies pour le déploiement de Casques bleus au Darfour semblent pour l'heure vains. Le gouvernement soudanais a ainsi déclaré : <i>« nous ne confierons jamais le Darfour à des forces internationales qui n'apprécieront jamais d'être venues dans une région qui deviendra leur tombe »</i>(2) .</p> <p>En raison de l'incurie politique et médiatique, la communauté internationale a assisté, impuissante, aux massacres massifs du Sud-Soudan - 2 millions de morts depuis 1983 - et du Rwanda - plus de 800 000 morts - d'avril à juin 1994. Aujourd'hui, la mobilisation internationale pour faire cesser le premier génocide du XXIème siècle est une priorité majeure.</p> <p><strong>Les éléments stratégiques du conflit</strong></p> <p>Après 20 ans de guerre civile, un accord de paix entre le nord et le sud du pays a été signé en janvier 2005, sans que cela n'ait changé la posture du gouvernement central de Khartoum à l'égard des populations de la périphérie du Soudan, et notamment les cultivateurs noirs du Darfour. Dans un contexte de raréfaction des ressources alimentaires résultant d'une longue sécheresse et d'une forte croissance démographique, le régime soudanais s'est résolument engagé dans une politique d'éviction des populations "africaines" sédentaires au profit des nomades "arabes" réputés plus proches du pouvoir. La découverte récente de ressources minières et pétrolières au Darfour semble avoir renforcé cette politique. Le Soudan produit 500 000 barils/jour et représente près de 6% des importations chinoises de pétrole ; cette donnée explique à elle seule l'opposition de la Chine au sein du Conseil de sécurité à toute intervention.
Ainsi, pour se défendre contre le régime de Khartoum et lutter contre l'inégale répartition des richesses, des mouvements rebelles se sont constitués.
L'inaction de la communauté internationale s'est longtemps fondée sur les risques de déstabilisation régionale (fragilité du régime tchadien) et le souci du maintien de la fragile paix entre le nord et le sud du Soudan.</p> <p><strong>Un pouvoir dictatorial et illégitime</strong></p> <p>La proclamation, en 1983, de la Charia, loi islamique reléguant les non musulmans au rang de citoyens de seconde classe, fut la cause principale de la guerre entre le gouvernement de Khartoum et le sud peuplé majoritairement d'animistes et de chrétiens.</p> <p>En 1989, alors que le gouvernement et le parlement démocratiquement élus s'apprêtaient à conclure la paix avec le sud Soudan et à supprimer la Charia, le parti islamiste (3) , qui n'avait recueilli que 10 % des voix lors des premières élections libres, prend le pouvoir par la force. De surcroît, dès 1991, le régime de Khartoum théorise sa politique raciste en intégrant dans son Code pénal la notion d'infériorité des "africains noirs".</p> <p>Depuis, c'est sans partage que le président, Omar el-Béchir exerce son pouvoir. Au Soudan, le multipartisme affiché a des limites. Si plusieurs partis politiques islamiques sont présents (Baas, Oumma, etc.) un seul exerce sa domination : le Congrès national. Aux législatives de 2000, il a ainsi remporté 355 sièges sur 360. Les partis d'opposition sont interdits et seules les candidatures personnelles sont autorisées ; ainsi en 1996, lors des dernières élections présidentielles « fantoches », le président sortant fut le seul des 41 candidats en lice à pouvoir prétendre faire campagne et obtint 86,6% des suffrages.</p> <p>Auprès de la majorité des soudanais, le régime de Khartoum dont terreur et brutalité sont le credo, est définitivement illégitime. Les enlèvements, la torture, et les meurtres, renforcent le climat de peur et d'insécurité. Face à cette dictature, il n'est plus concevable d'envisager une autre voie que sa mise à l'écart.</p> <p><strong>Pour de nouveaux rapports Nord-Sud</strong></p> <p>Dans ce contexte, la France qui maintient ses relations diplomatiques avec Khartoum a un rôle moteur à jouer pour encourager la paix et les tentatives de démocratisation. Dès lors, la mise en place de nouveaux rapports Nord-Sud plus équilibrés passe par la proclamation et l'application de principes universels que sont la démocratie et les droits fondamentaux des populations.</p> <p>L'Afrique souffre de nombreux maux à commencer par la corruption et la quasi absence de système démocratique. Le Soudan en est un exemple exacerbé. Ainsi, l'aide alimentaire internationale favorise la corruption du régime et encourage l'urbanisation de certaines régions au détriment d'un développement économique équilibré et durable du Darfour. La France doit donc encourager l'amorce d'un processus de démocratisation du Soudan et tout faire afin qu'un nouveau chaos ne succède au régime d'Omar el-Béchir.</p> <p><strong>L'impuissance de l'ONU est surmontable</strong></p> <p>L'Etat soudanais, qui assimile l'ONU à des croisés, refuse toujours la présence d'une force internationale sur son territoire. La France dispose pourtant de deux voies d'action pour s'investir concrètement dans la résolution du conflit.</p> <p>En premier lieu, si la France refuse de se contenter de la résolution 1706 du 31 août 2006 dont l'application demeure subordonnée à l'accord de Khartoum et risque de bien de rester un vœu pieu, elle pourrait agir concrètement en prenant l'initiative d'une nouvelle résolution de l'ONU autorisant l'usage de « mesures coercitives » et organisant enfin le déploiement de Casques bleus au Darfour.</p> <p>Dans une telle hypothèse, une mission militaire européenne pourrait même venir en soutien de celle de l'ONU. La mission européenne en République Démocratique du Congo (EUFOR), en août 2006, à l'occasion des élections présidentielles, en soutien de la mission de l'ONU (MONUC) a démontré l'efficacité d'un tel dispositif dans lequel l'Union Européenne a eu la possibilité de réaffirmer une vision propre de la sécurité internationale. Cette politique extérieure de l'Union permettrait aux européens de s'inscrire de manière ostensible dans le cadre du multilatéralisme onusien. En raison des risques de veto russes et chinois, l'action de l'ONU a cependant peu de chances d'aboutir.</p> <p>Aussi, pour sortir de l'impasse, une autre démarche est envisageable. Un Etat de l'Union Européenne peut, en effet, assumer de sa propre initiative une mission de Politique européenne de Sécurité et de Défense (PESD) dès lors que cette action vise : « le maintien de la paix et le renforcement de <i>la sécurité internationale, [...] le développement et le renforcement de la démocratie et de l'État de droit, ainsi que le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales »</i>(4) .</p> <p>Javier Solana, secrétaire général du Conseil de l'Union Européenne et Haut représentant pour la PESC, définissait, à travers l'élaboration de la Stratégie européenne de sécurité adoptée en décembre 2005, l'utilité de la PESC dans ces termes : « une sorte de philosophie générale de l'action dans le monde » reprenant implicitement le concept onusien de « responsabilité de protéger ».
La France pourrait ainsi, en qualité de « Nation cadre » d'une opération militaire européenne, avec des règles d'engagement clairs - sous chapitre VII de la Charte des Nations Unies, en ayant accès aux moyens militaires et capacités collectives de l'OTAN - conformément à la décision du sommet de 2001 dit « Berlin plus », pleinement « assumer l'exercice de son droit d'initiative en matière de gestion de crise internationale et la responsabilité de la coordination d'une intervention militaire ».</p> <p>En outre, si l'Union Européenne peut planifier et conduire des opérations autonomes, avec ses propres moyens , elle peut aussi solliciter les moyens logistiques de l'OTAN. Elle a déjà eu recours aux moyens de l'OTAN en Macédoine (opération Concordia en 2003) et actuellement dans le cadre de la relève de la SFOR en Bosnie-Herzégovine (opération Altéa). Ainsi, l'intervention au Darfour pourrait se faire sous l'égide d'une mission européenne en matière de gestion de crise ; cette mission couplerait ainsi la légitimité du multilatéralisme, la cohérence de la PESD et les moyens militaires et logistiques de l'Alliance.</p> <p><strong>Promouvoir la Démocratie</strong></p> <p>La réaction de l'ONU se faisant attendre, il est de notre devoir de réagir avant que les ethnies du Darfour ne disparaissent définitivement. Il convient d'agir énergiquement pour surmonter l'impuissance de la communauté internationale à arrêter ce carnage.
Face au blocage actuel et semble t-il durable de la situation au Darfour, une prise de conscience collective quant à la légitimité d'une présence internationale, malgré l'hostilité de Khartoum, est devenue plus que nécessaire. Le respect de la souveraineté nationale ne doit pas laisser nos démocraties accepter l'inacceptable ! Il en va de la responsabilité qui incombe à toute démocratie pour rétablir l'Etat de droit et garantir le sort de populations trop longtemps opprimées. Le Darfour, en situation de crise majeure et d'atteinte à la paix et à la sécurité internationale en est le plus éclatant exemple. Les Français et l'ensemble de la communauté internationale doivent ainsi se mobiliser contre le premier génocide du XXIème siècle, car cette fois-ci nous savons.</p> <p>(<i>1) 4000 soldats supplémentaires, en plus des 7000 Casques blancs de l'Union Africaine déjà présents.</p> <p>(2) Déclaration rapportée le 28 juillet 2006 par l'agence de presse officielle soudanaise.</p> <p>(3) Emanation du mouvement des Frères musulmans.</p> <p>(4) Titre V du Traité de l'Union Européenne consacré à la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC).</p> <p>Mahor Chiche est président de Sauver Le Darfour (<a href="http://www.sauverledarfour.org/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>www.sauverledarfour.org</a>) et Emmanuel Dupuy est président de Union des Républicains Radicaux (<a href="http://www.u2r.org/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>www.u2r.org</a>)</i></p></div>
LE DEVELOPPEMENT DE LA CHINE, UNE CHANCE POUR L'AFRIQUE ?
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http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2562005-08-31T22:00:00Ztext/htmlfrFrançois de la Chevalerie, Mahamadou KaDans les années soixante, les relations entre l'Afrique et la Chine s'apparentaient à une course de vitesse entre Taipei et Pékin. C'était à la capitale qui décrocherait le plus d'Ambassades ! Dès la fin des années 70, Pékin devait l'emporter largement confinant Taipei à de seules relations avec l'Afrique du Sud et les pays alentours. Si le discours musclé de Pékin contre la colonisation et le régime de l'apartheid en sont les principales raisons, (...)
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<div class='rss_texte'><p>Dans les années soixante, les relations entre l'Afrique et la Chine s'apparentaient à une course de vitesse entre Taipei et Pékin. C'était à la capitale qui décrocherait le plus d'Ambassades ! Dès la fin des années 70, Pékin devait l'emporter largement confinant Taipei à de seules relations avec l'Afrique du Sud et les pays alentours. Si le discours musclé de Pékin contre la colonisation et le régime de l'apartheid en sont les principales raisons, jouait également une certaine affinité entre les Etats africains ayant opté pour un socialisme à caractère scientifique et la chine communiste. Qui plus est, la gérontocratie pékinoise n'était pas pour déplaire aux vieux sages d'Afrique. Même si les accords de coopération engagés à l'époque étaient modestes, des étudiants africains étaient alors accueillis sur les campus universitaires chinois.</p> <p>A la fin des années 70, cette sympathie est mise en brèche par les razzias contre ces mêmes étudiants sous prétexte de leur liberté de moeurs. Depuis cette époque, les relations entre l'Afrique et la Chine sont entrées dans une espèce léthargie sur fond d'indifférence. L'affaiblissement du mouvement des non alignés, comme un nécessaire recentrage régional expliquent aussi cet éloignement.</p> <p>Désormais arrimée à une croissance exceptionnelle, la Chine d'aujourd'hui entend redevenir une puissance mondiale. A la conférence de Bandoeng, version 2005, le Président Hu Jintao a appelé de ses vœux un nouvel élan dans les échanges entre les pays africains et la Chine. Loin de supposées sympathies idéologiques, c'est désormais le pragmatisme qui domine. Pour son développement, la Chine compte avec le réservoir des matières premières africaines. En posant un pied en Afrique, la Chine entend aussi contourner les barrières douanières qui menacent la zone Europe. De surcroît, des entreprises chinoises souhaitent s'installer sur le continent. A petits pas, en exportant d'abord leur produits mais avec l'ambition d'y installer à moyen terme des unités industrielles souples et mobiles. Couplé avec l'envoi de techniciens, cette stratégie est déjà en marche.</p> <p>Quel en est l'intérêt pour l'Afrique ? La Chine s'offre-t-elle comme un nouveau partenaire ? D'entrée de jeu, le renchérissement du prix des matières premières lié à la croissance chinoise répond à la très ancienne revendication de mettre fin à la dégradation des termes de l'échange. Certes, tous les pays africains ne sont pas logés à la même ancienne mais d'ores et déjà, l'augmentation du cours des matières premières est à l'origine d'un regain de croissance, notamment, en Afrique australe. Plus encore, grâce à la compétitivité des produits chinois, l'Afrique peut s'équiper à moindre coût sautant ainsi l'étape des infrastructures lourdes à la rentabilité hasardeuse. C'est vrai dans le domaine informatique comme également pour les produits « essentiels » (industrie pharmaceutique). Dans ce dernier cas, leur accessibilité favorise une amélioration de l'état sanitaire et par là, concourt au développement économique. In fine, le coût opérationnel des coopérants chinois est quatre fois moins élevé que celui des occidentaux. A critères techniques égaux, mieux vaut donc les recevoir.</p> <p>Au-delà de ces éléments, il est possible d'aller beaucoup plus loin mais il faut pour cela une véritable prise de conscience en Afrique. Au lieu de privilégier l'axe européen, mieux vaut élargir le cercle, voir ailleurs. D'une certaine manière avec la Chine, l'enjeu est clair. Nul retour sur l'histoire, nul débat post-colonial. En outre, comme les Chinois ne sont pas partisans de la politique des dons, les règles sont plus simples. Avec la Chine, c'est la politique du win-win qui domine, chacun doit y trouver son compte dans l'heure. En Afrique australe, certains pays ont déjà compris la mécanique. Par exemple, des étudiants kenyans se forment désormais aux méthodes chinoises. D'autres pays devraient emboîter le pas. Le coût d'apprentissage en Chine est cinq fois moins élevé que celui dispensé dans les universités occidentales et ce, pour des résultats plus efficaces puisque l'axe pédagogique est articulé autour du concret. Dans un délai de deux ans, des techniciens kenyans seront capables d'installer de petites unités industrielles souples et à moindres frais.</p> <p>Comme le disait naguère Cheikh Anta Diop, le jour viendra où « déconnectée d'un trop étroit et laborieux partenariat avec l'Europe, l'Afrique deviendra libre ». Le rôle croissant de la Chine peut y concourir. C'est une chance à saisir, celle de « s'enrichir ensemble, loin de la pauvreté, de la fatalité » comme le rappelait récemment le Président Hu jin Tao.</p> <p><i>François de la Chevalerie est président de China Messengers, Mohamadou Ka est conseiller municipal de Dakar</i></p></div>
LA SITUATION DE LA COTE D'IVOIRE
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http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article502005-02-24T15:02:29Ztext/htmlfrDanielle BleitrachLA SITUATION DE LA COTE D'IVOIRE Par Danielle Bleitrach Le rôle historique de la colonisation française en Afrique et la manière dont la France a contribué aussi bien à la traite des esclaves (1) qu'à la situation actuelle de ce continent qui croule sous les dettes étrangères, est asphyxié par la pauvreté et les épidémies, souffre traditionnellement d'un manque d'investissements, les grandes puissances colonisatrices ayant toujours voulu maintenir l'Afrique (...)
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<a href="http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique56" rel="directory">Côte d'Ivoire</a>
<div class='rss_texte'><p><strong>LA SITUATION DE LA COTE D'IVOIRE</strong></p> <p><i>Par Danielle Bleitrach</i></p> <p>Le rôle historique de la colonisation française en Afrique et la manière dont la France a contribué aussi bien à la traite des esclaves (1) qu'à la situation actuelle de ce continent qui croule sous les dettes étrangères, est asphyxié par la pauvreté et les épidémies, souffre traditionnellement d'un manque d'investissements, les grandes puissances colonisatrices ayant toujours voulu maintenir l'Afrique comme une réserve de matière première, dans un échange de plus en plus inégal, doit être dénoncé.</p> <p>L'Afrique est parmi les continents du sud voués au sous développement un de ceux qui souffre le plus de l'actuelle mondialisation capitaliste au nouveau stade de l'impérialisme, les pays occidentaux pratiquent un protectionnisme en particulier dans le domaine agricole et donc créent une situation de concurrence inégale avec les productions rurales du sud, les ruinent, empêchent tout développement auto-centré. Les violences qui secouent le continent africain ne peuvent pas être isolées de ce pillage qui a détruit et continue de détruire les hommes, le climat et la terre africaine.</p> <p>C'est le cas en Côte d'Ivoire comme dans d'autres pays africains où la crise semble opposer le nord et le sud du pays sur des bases à la fois religieuses et ethniques. Mais au-delà de ces données fondamentales la situation actuelle en Côte d'Ivoire mérite quelques précisions complémentaires.</p> <p><strong>La spécificité de la Côte d'Ivoire</strong></p> <p>La Côte d'Ivoire, 16 millions d'habitants pour une superficie de 322 000 kilomètres carrés, a été colonisé plus tardivement en raison de sa zone côtière marécageuse, sur laquelle a été construite la capitale Abidjan (4 millions d'habitants). La moitié inférieure du pays est occupée par la zone forestière tandis que les savanes septentrionales font la transition avec les pays du Sahel. L'exploitation de la forêt et sa destruction par des cultures d'exportation ont fait disparaître une importante partie du couvert originel et déjà commencent à apparaître des indices de désertification. Il est à noter que la plupart des conflits "ethniques" en Afrique apparaissent avec la désertification.
La Côte d'Ivoire a été dirigée d'une main de fer par Félix Houphouet-Boigny de l'indépendance (1960) à 1993. Il y eut alors en Côte d'Ivoire ce qui a été appelé le "miracle ivoirien". Le pays a connu un rythme de croissance exceptionnel à partir de l'indépendance. Le taux annuel de croissance s'est élevé de 11 % à 12 % de 1960 à 1965, alors qu'il n'était que de 8 % avant l'indépendance. Tous les secteurs pendant cette période en ont bénéficié. L'agriculture vivrière (7%), l'agriculture des plantations (10%), l'exploitation forestière (20%), l'industrie, l'artisanat et la construction (14%), les communications, le commerce et les services 10 %, l'administration (12%). Le produit intérieur brut a presque quadruplé pour atteindre 230 milliards de CFA en 1965. Les emplois dans l'administration se multiplièrent.</p> <p>Pour attirer la main-d'oeuvre étrangère Houphouet-Boigny accorda beaucoup d'avantages aux étrangers émigrant en Côte d'Ivoire, ils eurent tous les droits des nationaux.</p> <p>À partir des années 80 où l'on découvrit la "dette" africaine et où l'on imposa à l'Afrique les plans d'ajustement structurels et la mise en coupe réglée des Etats, le seul endroit où il existait suffisamment de capitaux pour investir, la Côte d'Ivoire, parut, tout en adoptant une politique néo-libérale, être une des économies qui subissait le moins la crise et l'asphyxie du continent africain (2).</p> <p>Mais à la mort d'Houphouet-Boigny, la crise était là et les prix des produits d'exportation, le café et le cacao, avaient baissé de plus de 50 %. La pression sur les dépenses publiques, les privatisations, imposées par les plans d'ajustement structurel ne faisait qu'augmenter la gabegie et la corruption, tout en détruisant pour les Ivoiriens comme pour les autres pays africains des réalisations en matière de santé, d'éducation.</p> <p>Les difficultés s'accumulaient, difficultés économiques liées à la mondialisation auxquelles il faut ajouter celles de la succession d'Houphouet Boigny. Il y eut trois personnes qui se disputèrent sa succession : le général Robert Gueï, chef de l'état-major, Alassane Ouattara, le premier ministre, et Henri Konan Bédié, le président de l'Assemblée nationale, qui d'après la Constitution devait lui succéder.
Un des premiers problèmes auquel dut faire face le nouveau gouvernement dirigé par Konan Bedié, fut la raréfaction des emplois administratifs pour les jeunes ivoiriens diplômés et l'idée vint de les renvoyer vers les terres déjà occupés par les immigrants attirés par le boom économique. C'est alors que surgit l'idée d'ivoirité qui devint doctrine d'État. L'ivoirité exclut non seulement les immigrés mais également les Ivoiriens du Nord, souvent musulmans.</p> <p><strong>Le conflit ivoirien</strong></p> <p>La Côte d'Ivoire a été organisée en colonie, les frontières précisées lors de la création de l'Afrique occidentale française (AOF) en 1904. En fait se sont succédés des peuplements divers : il existe environ 80 ethnies en Côte d'Ivoire. Le concept d'Ivoirité repose sur la définition d'une population primitive « paléonegritique » (les « premiers nègres ») qui auraient été refoulés vers les zones marécageuses par des vagues d'émigration venues du Sahel et des zones environnantes depuis le Xe siècle. Sa définition, qui intervient dans les problèmes de succession, exclut donc les populations de travailleurs immigrés attirés par le boom économique des années 60 et la désignation d'ethnies arrivées depuis le XII e siècle(3).</p> <p>L'ivoirité exclut les immigrés mais aussi les Ivoiriens du nord, souvent musulmans. Résultat : un coup d'Etat militaire renverse Bédié sans effusion de sang. Le peuple applaudit dans la rue les militaires qui tirent en l'air. Les militaires nomment à leur tête le général Gueï. Le 23 juillet 2000 le projet de constitution élaboré par le chef de la junte, en vue d'un retour des civils au pouvoir, est adopté à plus de 80 %. Le 23 octobre le scrutin présidentiel est ouvert. Seul parmi les personnalités connues, Laurent Gbagbo a pu se présenter contre Gueï. Il n'a pas été invalidé comme Ouattara et tous les candidats PDCI (l'ancien parti unique) susceptibles de porter ombrage à Gueï. Il n'a pas été invalidé parce qu'il est en tête d'un parti populiste qui pourrait organiser des manifestations violentes si leur leader n'est pas autorisé à se présenter.</p> <p>A la surprise générale, la commission électorale déclare Gbagbo élu avec 51 % des suffrages exprimés. Gueï, en colère, dissout la commission et se proclame élu. Aussitôt des manifestants, surtout des partisans de Gbagbo descendent dans les rues et investissent le palais présidentiel. Gueï, en fuite, disparaît. Mais les partisans de Ouattara, en majorité des musulmans du nord, en profitent à leur tour pour demander des nouvelles élections plus régulières. Ils se heurtent aux partisans de Gbagbo et à la gendarmerie qui soutient Gbagbo. Après les affrontements on découvre le charnier de Youpougon, une ville dortoir de la banlieue d'Abidjan. On y trouve de nombreux musulmans tués, jetés dans un charnier géant. Le charnier de Youpougon crée un traumatisme chez les musulmans du nord. Gbagbo fait organiser un procès qui se termine par des non-lieux. Et ce sont les responsables du charnier qui continuent à tuer sous le nom des " dragons de la mort ".</p> <p>Gbagbo a tenté de faire oublier qu'il a été mal élu et que ses partisans ont tué et continuent de tuer.Il a organisé un forum de réconciliation et a commencé à traduire en faits les recommandations de ce forum. Un gouvernement d'union a été constitué. La nationalité de Ouattara comme ivoirien a été reconnue. Gbagbo croit qu'il est sur le point de réussir à mettre fin à tous les malaises qui gênent l'action de son gouvernement. A la surprise générale, pendant que le chef de l'Etat est en voyage officiel en Italie, éclate un coup d'Etat à Abidjan le 19 septembre 2002. Le ministre de l'Intérieur est assassiné, le général Gueï et toute sa famille sont victimes des terribles " dragons de la mort ". Des forces rebelles commencent à occuper les préfectures du nord. Devant elles, les forces loyalistes reculent.</p> <p><strong>L'intervention française</strong></p> <p>Mais il y a près de 20 000 Français en Côte d'Ivoire, dont 16 000 à Abidjan la capitale économique du pays. Il faut absolument empêcher l'entrée des rebelles dans cette ville. La France intervient pour se placer entre rebelles et loyalistes. Elle intervient provisoirement. Ses forces seront remplacées par des forces africaines de la CDEAO (Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest) quand elles pourront être réunies par les Etats membres de cette communauté.</p> <p>Les forces onusiennes du maintien de la paix ont été envoyées, en Côte d'Ivoire, après la signature, par le Président Laurent Gbagbo et les partis et groupes rebelles, d'un accord de paix, à l'initiative des pays ouest-africains et sous les pressions françaises, accord qui envisageait, outre la formation d'un gouvernement de coalition, le début des opérations de désarmement, après, bien entendu, l'amendement de quelques lois du Parlement ivoirien.Ce sont les accords de Marcoussis.
Les rebelles ont refusé, cependant, de procéder au désarmement, tant qu'un certain nombre de lois, dont celle qui impose des conditions pour les candidats aux élections présidentielles, ne seraient pas amendées. Et à l'approche des élections présidentielles ivoiriennes, prévues, pour les premiers mois de 2005, l'amendement de cette loi s'avère primordial pour les rebelles. Rappelons que, d'après cette loi, seules, les personnes qui ont des parents d'origine ivoirienne, peuvent se présenter en tant que candidats aux Présidentielles, alors que quatre ivoiriens sur dix sont d'origine étrangère et que la plupart d'entre eux soutiennent les rebelles. Il sera donc très difficile d'empêcher l'éclatement de nouveaux conflits militaires, tant que de telles questions ne seront pas résolues en Côte d'Ivoire.</p> <p>L'Afrique francophone, composée des ex-pays colonisés, a été et continue d'être le pré carré de la France, qui lui assure en particulier un poids à l'ONU, mais la France n'a plus tout à fait les moyens de sa politique. Sur le plan économique, non seulement elle ne fournit pas l'aide attendue, mais son intégration dans l'Europe, dont la politique a provoqué l'hostilité des pays africains, a distendu les rapports avec Paris, sans parler de la création de l'euro, qui fragilise le franc CFA. De surcroît, sur le plan militaire, elle garantissait grâce à ses interventions musclées la stabilité de régimes autoritaires. L'affaire du Ruanda a démontré ses incapacités et pire encore. La fin du système gaullien avec les réseaux "Foccard" a débouché sur de pures et simples escroqueries pendant l'ère Mitterrand. La Côte d'Ivoire illustre bien cette incapacité dans la mesure où les deux camps estiment que la France ne prend pas parti pour eux et ne joue pas le rôle attendu d'un soutien du pouvoir mais d'arbitre sous le parapluie de l'ONU.</p> <p>Dans un tel contexte on peut bien évidemment s'interroger sur la capacité de la France à être à la fois "représentant de l'ONU" et puissance colonisatrice, le mélange des rôles n'éclairant pas nécessairement les enjeux. Mais la France est confrontée au problème de ses résidents, plus de 20.000 en Côte d'Ivoire, donc une sorte de problème des "rapatriés" à plus petite échelle. Les français animent un réseau de PME, mais la ressource principale du pays, le cacao, dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial, est déjà aux mains de multinationales nord-américaines.</p> <p><strong>Quel est le rôle des États-Unis ?</strong></p> <p>Car la situation en côte d'Ivoire illustre aussi les rivalités entre pays impérialistes, et la contrainte pour les anciennes puissances européennes d'accepter la vassalisation envers les Etats-Unis, ce que la Grande-Bretagne fait sans états d'âme. Ainsi il est clair que dans l'affaire de la Côte d'Ivoire, les Etats-Unis tentent systématiquement de mettre en difficulté la France pour lui faire payer son attitude au Moyen-Orient (1). Dans l'entourage du président Laurent Gbago et parmi les dirigeants des "jeunes patriotes", il paraît évident que les forces de la CIA sont à l'oeuvre. Il faut aussi noter l'influence massive des évangélistes en Côte d'Ivoire. Quelques images de la télévision nous ont montré cette pancarte en anglais où il est écrit :"Chirac est pire que Ben Laden", destinée à l'opinion publique nord américaine, ou encore ces croix de bois brandies par les "patriotes". La réélection de Bush, autant que la proximité des élections présidentielles en Côte d'Ivoire, est sans doute une des clés du bombardement des forces françaises à Bouaké. Et peut-être également l'accueil par la France d'Arafat, car comme partout la croissance de l'influence des États-Unis est accompagnée de l'arrivée de conseillers militaires israëliens et le conflit de l'ivoirité a aussi une dimension religieuse avec le sud chrétien et le nord musulman.</p> <p>L''aviation ivoirienne a bombardé plusieurs régions, dont Bouaké, deuxième grande ville ivoirienne, au Nord de la Côte d'Ivoire, régions qui ont abrité, durant ces 2 dernières années, les rebelles, connus, actuellement, sous le nom des « Forces nouvelles ». L'armée ivoirienne a mené ces raids contre Bouaké, pour faire une démonstration de force et montrer sa capacité à mettre un terme à la crise politique. En effet, l'éclatement d'une guerre en Côte d'Ivoire, ne semble guère possible, vu, notamment, la présence des forces du maintien de la paix et des forces militaires françaises dans ce pays. Notons que plus de 6.000 soldats des forces de maintien de la paix de l'ONU, et plus de 4.000 éléments des forces françaises sont installés, en Côte d'Ivoire, pour assurer la paix dans le pays.</p> <p>L'attaque intervient, alors qu'on parlait de conflits éventuels entre les forces gouvernementales et les rebelles ivoiriens. Le refus des rebelles de procéder au désarmement, en Côte d'Ivoire, d'une part, et les pressions exercées sur le président ivoirien, en recourant même aux démarches militaires de la part des partis extrémistes du front gouvernemental, de l'autre, ont préparé, en fait, le terrain à ces dernières attaques.</p> <p> <i>(1) Il n'y a pas eu que la traite, le système de quasi-esclavage était institué dans le pays même. Dans les plantations, des colons européens bénéficiaient d' une main-d'oeuvre indigène recrutée par le système des travaux forcés. Les travaux forcés instituaient l'obligation de travailler pendant six mois par an chez un colon privé ou dans les services de l'équipement des administrations coloniales. Les travaux forcés étaient la plus décriée des obligations coloniales. Ils constituaient l'institution la plus répressive au débit de la colonisation française. Ils constituèrent un esclavage dans lequel le propriétaire de l'esclave n'avait aucun avantage à bien entretenir son esclave. Le travailleur usé, malade état remplacé après six mois par un homme sain. Ils donnaient lieu à une chasse à l'homme en règle dans la brousse pour recruter le travailleur. La lutte contre la colonisation se fera sur la base de l'organisation des travailleurs ruraux.</p> <p>(2) Comme l'explique l'écrivain Ahmadou Kourouma, Houphouet Boigny apparaît dans le sillage de la décolonisation. Il est au départ compagnon de route des communistes :</i> "La création en 1944 du Syndicat agricole africain (le SAA), qui sous la direction de Houphouët-Boigny réussit à réunir jusqu'à 20 000 planteurs, changea les données du problème de l'exploitation quasi esclavagiste des travailleurs agricoles. Le syndicat agricole africain fut formé et piloté par les Groupes d'études communistes (GEC). Les Groupes d'études communistes furent initiés par le Parti communiste français dans les colonies après-guerre. Et le SAA, aidé par le GEC, déboucha sur l'avènement du Rassemblement démocratique africain (RDA). De 1946 à 1950, le RDA fut un fidèle et enthousiaste compagnon de route du communisme. Le communisme avait encore tout son aura, tous ses pièges intellectuels. Tous les intellectuels, toute la jeunesse étaient communistes dans les pays du tiers-monde. Tout le tiers-monde croyait comme moi que le communisme, c'était se sacrifier, oeuvrer dans le même sens pour le même but. Avec cette organisation de la société, le tiers-monde était assuré de la sortie du sous-développement comme est garanti le lait au bébé de la laitière. Tout le monde se disait prêt à tout sacrifier pour la sortie du sous-développement. Etre un bon compagnon de route du communisme a été
profitable au RDA, aux députés africains, à toute la population de l'Afrique noire (les communistes étaient encore au gouvernement). Il a été indispensable pour les débats des deux réformes majeures de l'après-guerre pour les nègres de la brousse et de la forêt. D'abord la suppression de l'indigénat (l'acquisition de la citoyenneté de l'Union française). Pour donner un exemple des plus humiliants, citons l'obligation qu'imposait l'indigénat de se décoiffer face à un Blanc. Ensuite la suppression de l'abominable institution des travaux forcés. La suppression des travaux forcés fut la plus retentissante des libérations du nègre de la brousse. Elle fut dansée de nombreux mois en brousse sous le nom de fête de Houphouët. La renommée de Houphouët égala celle d'un dieu. Pour faire voter la loi supprimant les travaux forcés, Houphouët s'était appuyé sur l'appareil communiste : il a recueilli toutes les voix communistes du Palais-Bourbon. Houphouët devint un compagnon de route du communisme ; il se crut communiste. Lui, un riche chef de canton, terrien brassant des millions et des millions de francs se crût en ce moment communiste. La séparation avec le communisme sera retentissante. Le député de la Côte d'Ivoire terminera vers quatre-vingts ans comme l'anticommuniste viscéral que l'on sait. C'était la guerre froide. Le despote bonasse régnait sur la Côte d'Ivoire avec une main de fer, mettait en prison qui il voulait et faisait dire aux journaux, à la radio et à la télévision de la République qu'il était un saint et qu'il ne mourrait pas. Le boom économique apporta beaucoup de moyens à l'Etat, et l'Etat, c'était Houphouët-Boigny le Vieux, un despote bonasse et très, très dépensier. A la fin de sa vie, il se paya une basilique dans son village natal, Yamoussokro, un peu plus grande que la basilique Saint-Pierre du Vatican." (<i>Ahmadou Kourouma, dernier ouvrage paru : "Allah n'est pas obligé", Le Seuil, éditeur)
À cette analyse, il faudrait ajouter celle du rôle joué dans le contexte de la guerre froide par l'antagonisme entre les communistes et la SFIO et de nombreux leaders africains se ralliant à l'internationale socialiste sur la base de cet anticommunisme qui leur permettait de maintenir le parti unique, la répression des communistes et des revendications syndicales. L'union entre les socialistes et la droite française favorisant également la pénétration des "réseaux"...</p> <p>(3) Ethnies des principaux leaders de la Côte d'Ivoire, acteurs du drame, de la crise ivoirienne : Laurent Gbagbo est bété, vraisemblablement une ethnie paléonigritique existant en Côte d'Ivoire avant les vagues des grandes migrations ; le chef des rebelles Guillaume Soro est senoufo, d'une ethnie arrivée en Côte d'Ivoire au XIe siècle ; le principal opposant au régime de Gbagbo, Alassane. Ouattara est mandé (les Mandés sont arrivés en Côte d'Ivoire au XIIIe siècle) ; le général Guei était yacouba (les Yacouba sont de l'ethnie Kuru, venue de l'ouest vers le XIIe siècle) ; enfin l'ancien président Konan Bédié, qui a fait de l'ivoirité une doctrine de l'Etat ivoirien, est baoulé, d'une ethnie arrivée en XVe siècle.</i></p> <p><i> <strong>Danielle Bleitrach</strong> enseigne la sociologie à l'Université d'Aix en Provence.Elle est l'auteure de nombreux articles et ouvrage sur la classe ouvrière, l'urbanisation et certains pays du tiers-monde. Elle a été membre du comité national du PCF et collabore à l'hebdomadaire Révolution. Dernier ouvrage paru :
Cuba est une île, en collaboration avec Victor Dedaj (Le temps des cerises, éditeur)</i></p></div>
LES SOUBRESAUTS DU POST-COLONIALISME
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http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article492005-02-24T14:37:40Ztext/htmlfrJean-Luc GonneauLES SOUBRESAUTS DU POST-COLONIALISME Par Jean-Luc Gonneau Nous avions été quelques-uns à rester dubitatifs lors de la signature des accords dits de Marcoussis. Il était en effet manifeste, et les parties ivoiriennes en présence, celle du président Gbagbo particulièrement, ne s'en cachaient guère, que leur application serait aléatoire. Ce fut pis encore. A la décharge du ministre des affaires étrangères de l'époque, Dominique de Villepin, on reconnaîtra volontiers que la (...)
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<div class='rss_texte'><p><strong>LES SOUBRESAUTS DU POST-COLONIALISME</strong></p> <p>Par Jean-Luc Gonneau</p> <p>Nous avions été quelques-uns à rester dubitatifs lors de la signature des accords dits de Marcoussis. Il était en effet manifeste, et les parties ivoiriennes en présence, celle du président Gbagbo particulièrement, ne s'en cachaient guère, que leur application serait aléatoire. Ce fut pis encore. A la décharge du ministre des affaires étrangères de l'époque, Dominique de Villepin, on reconnaîtra volontiers que la situation était, et demeure, plus qu'épineuse. Il est en effet difficile de cerner, vu d'ici les mobiles réels de la rébellion contre le pouvoir en place. Certes, le président Gbagbo avait éliminé par une argutie juridique sur laquelle il faudra revenir, son principal rival, Alessane Ouattara lors de l'élection présidentielle. Mais il n'est pas établi que les liens, qui existent, entre Alessane Ouattara et Guillaume Soro, leader des Forces nouvelles rebelles font du second l'instrument du premier. De même, s'il est évident que le président du Burkina-Faso, Blaise Compaoré, manifeste quelque sympathie envers les Forces Nouvelles, il n'est pas établi qu'il fournit l'aide même si plusieurs indices le laissent à penser. Et si tel était le cas, pour quels motifs ? Pour le compte d'autrui ? Contre de l'argent ?Pour accroître une influence ?</p> <p>Voilà donc la France dans un redoutable guêpier. Elle a signé avec la Côte d'Ivoire un traité d'assistance militaire au pouvoir légitime, elle a reconnu comme légitime l'élection de Laurent Gbagbo, elle intervient maintenant non pas comme assistante militaire du gouvernement, mais comme force, en principe, « impartiale » pour contenir les actions militaires engagées par les deux parties, aux côtés mais en aussi en parallèle, avec des contingents africains, mais avec la bénédiction de l'ONU et de l'organisation des Etats Africains. Rien, décidément, n'est simple.</p> <p>L'élection présidentielle est prévue pour l'année prochaine. Elle pourrait être l'occasion de trouver une solution démocratique. Mais la paix civile nécessaire à son déroulement sera-t-elle assurée ? Et quel jeu jouera l'ancien dauphin du patriarche Henri Konan Bédié, l'inventeur de l'ivoirité, qui avait -déjà- servi de prétexte pour éliminer Alessane Ouassara au motif de son origine non ivoirienne, et qui, aujourd'hui, s'est rapproché de ce dernier ?Quand on dit que rien n'est simple...</p></div>
FRANÇAFRIQUE : LE CREPUSCULE ?
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http://la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article482005-02-24T14:33:40Ztext/htmlfrJoão SilveirinhoFRANÇAFRIQUE : LE CREPUSCULE ? Par João Silveirinho « On dira ce qu'on voudra du père De Gaulle, il a quand même réussi l'accession à l'indépendance des pays d'Afrique noire francophones sans verser le sang. Mieux que les britiches, mieux que les portos, les belges, n'en parlons pas ». Ce propos entendu au café des sports, mon café du commerce à moi, n'est pas dénué de fondement. Bémolisons cependant. L'indépendance n'a pas été, pour les (...)
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<div class='rss_texte'><p><strong>FRANÇAFRIQUE : LE CREPUSCULE ?</strong></p> <p><i>Par João Silveirinho</i></p> <p>« On dira ce qu'on voudra du père De Gaulle, il a quand même réussi l'accession à l'indépendance des pays d'Afrique noire francophones sans verser le sang. Mieux que les britiches, mieux que les portos, les belges, n'en parlons pas ». Ce propos entendu au café des sports, mon café du commerce à moi, n'est pas dénué de fondement. Bémolisons cependant.</p> <p>L'indépendance n'a pas été, pour les pays en question, synonyme de décolonisation. De Gaulle avait laissé Foccart et ses hommes encadrer étroitement les nouveaux gouvernants. Le réseau Foccart perdura sous Pompidou et Giscard. Il fut bien utile pour maintenir une emprise économique et politique forte de l'ancienne métropole. Les intérêts pétroliers français, dont on commence à connaître le rôle plus que trouble, fournisseurs d'armes pour des milices de tous poils, corrupteurs absolus, la main mise d'entreprises comme l'actuel groupe Bolloré sur une part importante du commerce extérieur demeurent jusqu'à aujourd'hui très présents.</p> <p>François Mitterrand ne changea guère les choses. Jean-Pierre Cot, un temps, bref, en charge ministérielle de la coopération voulut se mêler de droits de l'homme et de démocratie, mais le président lui signifia très vite d'aller jouer dans d'autres cours, ce dont le pauvre Cot ne se remit jamais vraiment, politiquement s'entend. L'Afrique mitterrandienne fut donc confiée, de fait, à d'autres hommes de réseaux, tels le dentiste Guy Penne, très introduit dans la franc-maçonnerie commune à bien des dirigeants africains de l'époque, et encore puissante aujoud'd'hui, sans même parler du folklorique Papamadi ou du joyeux fêtard Christian Nucci, impliqué dans le scandale du « Carrefour du Développement », dont au sujet duquel on vit apparaître Charles Pasqua, autre figure des réseaux de la Françafrique, canal corse historique, dans le rôle d'émetteur de vrai-faux passeport.</p> <p>Privé de Foccart qui a bien été obligé de mourir un jour, en froid avec Môssieur Charles, Jacques Chirac est, depuis son accession à la présidence de la république, bien en peine de continuer cette douteuse tradition. C'est pas qu'il voudrait pas, mais il a perdu, en ce domaine comme dans tant d'autres, la main.</p> <p>Depuis les indépendances de 1960, aucun gouvernement français n'a agi sérieusement pour aider les anciennes colonies dans la voie de la transition démocratique. Au contraire, on vit un Giscard d'Estaing condescendre aux sinistres palinodies de son autoproclamé cousin empereur Bokassa, on vit les gouvernements successifs soutenir sans ciller des gouvernants dont le souci principal était de remplir leurs caisses personnelles.</p> <p>Nous ne faisons pas partie des naïfs, en tout cas pas trop. Nous savons que les relations internationales sont fondées sur des rapports de force. Nous ne ferons pas le procès à la France d'avoir tenté de protéger certains de ses intérêts économiques. Car nous savons aussi que, la France partie, l'autonomie des pays africains de la francophonie ne serait pas plus assurée, vite remplacée par des concurrents piaffant d'impatience, les Etats-Unis, toujours, l'URSS, dans le temps, la Chine, déjà, entre autres. Quant à l'Union Européenne, c'est la grande absente de l'Afrique, où elle se montre pour ce qu'elle est devenue, un club de semi-nantis égoïstement repliés sur eux-mêmes. Et ce n'est pas le projet de constitution qu'on nous propose qui fera avancer le schmilblick, bien au contraire.</p> <p>Mais la realtpolitik a des limites, quand même. Et des idées nouvelles sont apparues. Sami Naïr et quelques autres ont défini, par exemple la notion de codéveloppement, qui envisage une coopération sur un pied d'égalité et non de dépendance, qui introduit dans le jeu de la coopération les migrants, oubliés de ces histoires, méprisés trop souvent en Europe, suspects trop souvent dans leur pays d'origine.
Et ce serait aussi la moindre des choses de redonner aux africains leur dignité perdue. Aux anciens de l'armée française, par exemple, dont on fait semblant de ne découvrir qu'aujourd'hui leur rôle qu'ils ont joué, chair à canon plus souvent qu'à leur tour, dans les deux guerres mondiales du siècle dernier. Attend-on qu'ils aient tous disparu pour revaloriser les pensions chèrement gagnées ? La dignité, elle s'acquiert aussi sur notre sol, en luttant contre les discriminations et les racismes, en offrant aux immigrés des conditions d'accueil décentes.
La dignité retrouvée, ce serait aussi la condescendance oubliée. Que penser d'une des dernières réparties de notre président concernant la Côte d'Ivoire. Le voilà navré des violences qui ravagent ce pays, jusque là, ça peut aller, d'autant plus que « les africains sont d'un naturel joyeux ». Ben voyons ! Tu pourrais ajouter, président, qu'ils courent vraiment très vite, qu'ils ont le rythme dans la peau et des attributs virils au dessus de la moyenne.</p> <p>Nous ne nous prononcerons pas ici sur l'action de la France en Côte d'Ivoire ces derniers jours. Nous ne savons pas si les tirs de l'armée française sur la foule à Abidjan sont du ressort ou non de la légitime défense. Nous savons par contre que la situation que vit ce pays est le résultat d'une démocratie dont les malformations sont le fruit d'une décolonisation mal conduite. En ce sens, la France a sans doute un rôle à jouer, y compris dans sa contribution au maintien de l'ordre, et à condition que ce maintien ne contribue pas à faire perdurer les tares de l'ordre ancien.</p> <p>En Côte d'Ivoire même, les différents protagonistes ne sont pas sans taches, loin de là.</p> <p>Henri Konan Bédié a ressuscité l'ivoirité, dont Jean-François Bayart (CNRS/CERI) a montré par ailleurs qu'elle des ascendances anciennes, ce qui ne la justifie à aucun titre. Alassane Ouattara, un ancien du FMI, adepte du libéralisme, a appliqué fermement, y compris par la répression, les programmes d'ajustements structurels du même FMI, dont Philippe Hugon (ParisX/IRIS) a analysé les conséquences désastreuses pour l'économie du pays. Laurent Gbagbo laisse agir (et selon certains encourage) des milices sanguinaires et muselle la presse indépendante. Ahmadou Diarra, premier ministre d'un gouvernement d'union nationale fantôme, est un cheval de retour du temps d'Houphouet-Boigny. Et les Forces Nouvelles s'appliquent à ne pas appliquer les accords de Marcoussis sur le désarmement. Nous ne sommes sans doute pas sortis de l'auberge ivoirienne, et pendant tout ce temps, la victime est toujours la même : le peuple.</p></div>