LES SOUBRESAUTS DU POST-COLONIALISME
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LES SOUBRESAUTS DU POST-COLONIALISME
Par Jean-Luc Gonneau
Nous avions été quelques-uns à rester dubitatifs lors de la signature des accords dits de Marcoussis. Il était en effet manifeste, et les parties ivoiriennes en présence, celle du président Gbagbo particulièrement, ne s’en cachaient guère, que leur application serait aléatoire. Ce fut pis encore. A la décharge du ministre des affaires étrangères de l’époque, Dominique de Villepin, on reconnaîtra volontiers que la situation était, et demeure, plus qu’épineuse. Il est en effet difficile de cerner, vu d’ici les mobiles réels de la rébellion contre le pouvoir en place. Certes, le président Gbagbo avait éliminé par une argutie juridique sur laquelle il faudra revenir, son principal rival, Alessane Ouattara lors de l’élection présidentielle. Mais il n’est pas établi que les liens, qui existent, entre Alessane Ouattara et Guillaume Soro, leader des Forces nouvelles rebelles font du second l’instrument du premier. De même, s’il est évident que le président du Burkina-Faso, Blaise Compaoré, manifeste quelque sympathie envers les Forces Nouvelles, il n’est pas établi qu’il fournit l’aide même si plusieurs indices le laissent à penser. Et si tel était le cas, pour quels motifs ? Pour le compte d’autrui ? Contre de l’argent ?Pour accroître une influence ?
Voilà donc la France dans un redoutable guêpier. Elle a signé avec la Côte d’Ivoire un traité d’assistance militaire au pouvoir légitime, elle a reconnu comme légitime l’élection de Laurent Gbagbo, elle intervient maintenant non pas comme assistante militaire du gouvernement, mais comme force, en principe, « impartiale » pour contenir les actions militaires engagées par les deux parties, aux côtés mais en aussi en parallèle, avec des contingents africains, mais avec la bénédiction de l’ONU et de l’organisation des Etats Africains. Rien, décidément, n’est simple.
L’élection présidentielle est prévue pour l’année prochaine. Elle pourrait être l’occasion de trouver une solution démocratique. Mais la paix civile nécessaire à son déroulement sera-t-elle assurée ? Et quel jeu jouera l’ancien dauphin du patriarche Henri Konan Bédié, l’inventeur de l’ivoirité, qui avait -déjà- servi de prétexte pour éliminer Alessane Ouassara au motif de son origine non ivoirienne, et qui, aujourd’hui, s’est rapproché de ce dernier ?Quand on dit que rien n’est simple...
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