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Macron, ou le vide pour cacher un dessein

Illustration de Giorgio Griziotti
vendredi 17 mars 2023
par  Jean-Luc Gonneau
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Le président de la République n’est pas avare de discours, même s’il s’est un peu calmé ces derniers temps. Ses discours sont généralement ennuyeux, manquant de flamme (ou alors surjouée, tel un comédien amateur formé par quelque professeur non professionnel dans ce domaine) et de fond, plus un zeste (euphémisme) de condescendance dont il lui est difficile de se départir. Peu d’annonces fortes suivies d’effets, le « Grenelle de la santé » censé mettre fin à la crise de notre santé et débouchant sur quelques mesurettes en étant peut-être l’exemple le plus représentatif. Reconnaissons, car nous savons, au Cactus, demeurer équitables, que certaines conjectures ne lui ont pas rendu la tâche facile : la crise du covid (mais gérée le plus souvent en dépit du bon sens : pas besoin de masque, puis masque obligatoire mais, oups, on n’en a pas assez , puis maintenant on en a trop, confinements où l’on finit par obliger les gens à s’autoriser eux-mêmes à sortir de chez eux, fermetures de lits hospitaliers alors qu’on en manque etc, le tout présenté au final comme un grand succès),,. crise climatique s’accentuant (« Qui aurait pu le prévoir ? », osera récemment notre mini-jupiter, alors que la communauté scientifique annonce le truc depuis des décennies) et la guerre en Ukraine, dont on ne pouvait, en effet, prévoir déroulements et les conséquences, dont, pour une part, et nous y reviendrons, l’inflation,

Alors que des services publics majeurs (santé et éducation, mais pas que), que la France brûle, que l’eau vient à manquer, que l’inflation galope, dopée par les superprofits dont le ministre Le Maire affirme « ne pas savoir ce que c’est » (qu’il demande aux patrons du CAC 40, Total en tête, ils lui expliqueront peut-être, mais en toute discrétion, hein) et plombe durement le porte-monnaie des français, dont les salaires augmentent au compte-gouttes, le gouvernement oppose de vagues discours émaillés de quelques plans-rustines dont les effets sont quasi invisibles, le président de la République, lui, n’a qu’une idée en tête : sa « mère de toutes les réformes », celle des retraites. Même une partie du centre et de la droite admet, publiquement ou à mots couverts, qu’elle n’est ni opportune, ni même nécessaire (en tout cas pas celle-là), ni juste, bref, dangereuse. Mais qu’à cela ne tienne, celui que Frédéric Lordon qualifie de « forcené retranché à l’Elysée » persiste. La veille même vote du projet à l’Assemblée Nationale, ses séides, Borne, Véran, Dussopt, Attal, Bergé, mains sur le cœur, assurent que le vote aura lieu. Et boum, le lendemain, le monarque tranche : pas de vote, le 49.3. Le monarque reste impavide : qu’importe s’il exacerbe les colères populaires, ce ne seront pas « ceux qui ne sont rien » qui le feront plier. Et la pauvre madame Borne, qui l’avait quand même un peu cherché lors de ses vaticinations précédentes, en prend plein la tronche, ce que peu chaut au monarque.

José Barros, citoyen volontiers facétieux, nous conte l’histoire suivante : « L’autre jour, commentant ces manifestations qui remplissent les rues de toutes les villes de France, un ami me dit qu’il savait déjà qu’avec un vote, on ne résout rien mais aussi que, certainement, também, ce ne sont pas les manifestations qui résolvent quoi que ce soit parce que nous sommes devant un gouvernement et un président de la République somuave ! Je lui demandai ce que voulait dire « somuave ». Il me répondit : ça veut dire SOurd, MUet et AVEugle (1) ». Toujours est-il que des votes, constitution oblige, et c’est dans ce cas heureux, auront lieu dans quelques jours, puisque des motions de censure seront présentées, qui, en cas d’adoption, mettront à bas le projet et le gouvernement. A priori, aujourd’hui 17 mars, deux. La première émanera du Rassemblement National et n’a aucune chance d’être adoptée. La seconde sera présentée par un petit groupe parlementaire centriste emmenée par le célèbre révolutionnaire Charles de Courson, parlementaire expérimenté qui a jugé l’usage du 49.3 inepte et dangereux, dans ces circonstances, dangereux pour la démocratie. Et il a bien raison, Charles. La Nupes, à gauche, a annoncé s’y rallier, et le RN, à droite extrème a dit qu’il voterait toutes les motions de censure. Les calculettes vont rechauffer, le suspense être insoutenable. Allez, pour ce coup-là, tous avec Charles !

Il y a lieu cependant de s’interroger sur ce qui motive l’obstination d’Emmanuel Macron au sujet de ce projet de réforme. Sentiment de toute puissance ? Possible, car il est patent que l’humilité n’est pas la caractéristique du personnage, qui n’est utilisée, rarement, dans quelques discours peu crédibles. Mais ce n’est pas suffisant (contrairement à lui). Son argumentaire est public : la réforme est nécessaire pour « sauver la retraite par répartition », et pour ne pas alourdir la dette du pays et rassurer ainsi Bruxelles, et les marchés des capitaux (ça n’est pas dit comme ça, mais pensé très fort). Pour le COR, Conseil d’Orientation des Retraites qui ne passe pas pour un repère d’énergumènes, le quasi équilibre actuel du système actuel n’est pas menacé pour au moins les dix prochaines années : peut-on parler de « sauvetage » ? Et que penser du « sauveteur » ? Rappelons que lors de son premier mandat, Emmanuel Macron avait déjà tenté de « réformer » les régimes de retraite, en y introduisant la retraite par points, système qui aurait généré des fonds de pension, le graal du capitalisme financier, attendu avec gourmandise, pardon, gloutonnerie, par les ogres de la finance internationale dans leur version la plus spéculative. L’irruption du Covid avait stoppé le projet, mais, on l’a vu, Macron est un obstiné lorsqu’il s’agit de défendre le capital (« les riches »). Les colères, l’usure mentale et physique entraînée par la hausse de l’âge de la retraite pour les « sans rien », il n’en a, demeurons polis, rien à cirer. Comme « sauveteur Macron manque de crédibilité, si ? Il a encore quatre ans pour nuire, restons vigilants, avant une post-présidence dorée avec une bonne retraite très anticipée, et des conférences juteuses auprès de ses amis de la phynance, qui lui devront bien ça.


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