L’AMERIQUE LATINE ET CUBA, LABORATOIRES D’UNE NOUVELLE « MONDIALISATION » ANTI-IMPERIALISTE...
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L’AMERIQUE LATINE ET CUBA, LABORATOIRES D’UNE NOUVELLE « MONDIALISATION » ANTI-IMPERIALISTE...
Par Danielle Bleitrach
La situation en Amérique latine est en train de prendre un tour véritablement anti-impérialiste, chaque élection intervenant dans ce sous continent montre qu’une vague de gauche portée par un puissant mouvement populaire déferle, quelques événements récents nous permettent de mesurer l’ampleur du phénomène. Cuba, loin d’être un petit morceau d’Union Soviétique qui subsisterait sous les tropiques, doit être analysé comme un de éléments moteurs de cette nouvelle donne.
Le contexte économique et social
Dans le continent sud américain, les recettes néo-libérales ont été appliquées avec la plus extrême rigueur pendant plus de vingt ans avec un résultat catastrophique. "Le PIB de cette zone est tombé au-dessous de sa valeur de 97. Dans la période de 1994 à 2003, le transfert négatif des ressources a été en Amérique latine de 29 milliards de dollars, tant à cause du retrait des bénéfices du capital étrange, qu’à cause du service d’une dette qui dans certains pays dépasse les 50% du PIB. De ce fait le chômage et la misère touchent des couches de plus en plus grandes de la population. En 2003, selon la Commission Economique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL), 102 millions de personnes vivaient dans l’indigence la plus totale, soit 20% de la population totale. Dans certains pays comme le Honduras, près de 67% des habitants sont touchés par la misère la plus complète. Actuellement, 54 millions des latino-américains souffrent de malnutrition. À Haïti près de 50 % de la population endurent des carences alimentaires. Dans un pays aussi riche que le Mexique, 34 % des enfants âgés de moins de cinq ans sont frappés de malnutrition chronique. Depuis une vingtaine d’années, la plupart des gouvernements d’Amérique latine ont accepté cette intégration au modèle étasunien. La victoire idéologique du modèle néo-libéral a été totale, y compris dans une partie de la gauche. Le progrès, l’espoir d’une sortie du sous développement,, l’absence de solutions alternatives, autant que le chantages du FMI et la déroute des partis de gauche et des syndicats imposaient l’adoption de ces mesures. " (1) Là-dessus la crise argentine considérée comme le meilleur élève du FMI a été un véritable électrochoc et a en quelque sorte fait la démonstration de la nocivité des recettes néo-libérales. Il est à noter que seulement deux pays semblaient échapper à ces résultats catastrophiques, le Chili et Cuba, avec bien sur un modèle de redistribution de la croissance totalement différent, ces deux pays étaient les seuls à enregistrer (Cuba à partir de 96), une croissance positive. Le cas de Cuba était d’autant plus exemplaire que ce pays est étranglé par un terrible blocus, qui, entre autre l’empêche à accéder aux prêts du FMI à 2% et est obligé à emprunter à des taux usuraires de 15% pour accéder au marché mondial. C’est dans un tel contexte d’une crise économique et sociale très profonde que les États-Unis cherchent à mettre en place la Zlea (Zone de libre échange des États Américains) dont seul Cuba serait exclue. Colin Powell a défini le projet : "notre objectif est de garantir pour les entreprises nord-américaine le contrôle d’un territoire qui s’étend de l’Arctique à l’Antarctique et le libre accès -sans aucun obstacle- de nos produits, services, technologie et capitaux pour tout le continent. " Le projet constituerait un corset légal encore plus contraignant que les diktats du FMI.
L’évolution politique
Le temps du consensus autour du modèle néo-libéral a été celui où les États-Unis juraient que leur soutien à des ganaches féroces engendrées par la lutte anti-communiste, et recrutées dans le petit personnel colonialiste militaire indigène ou dans les hommes de main des propriétaires fonciers, était terminé, c’était juré, c’était promis. Partout après une amnistie de ces derniers, en Argentine, au Chili entre autres, les USA promurent un processus électoral contrôlé de A à Z par les conditions de dépendance mais avec toujours le danger de débordement populaire dans les urnes ou dans la rue. Ils avaient à leur disposition de "nouvelles élites", chef d’entreprise, intellectuels formés sur les campus nord américains, collègues des experts du FMI, partageant leurs vues... Ce fut le temps de la "démocratisation" avec amnistie des dictateurs. Certes les vieilles pratiques de la CIA et des mafieux terroristes continuaient à s’exercer contre Cuba et contre les populations indigènes des Andes ou de Colombie, mais élections contrôlées sur la base de la dépendance économique avec la déroute des forces de gauche et le ralliement instantané des " élus " aux solutions néo-libérales permettaient aux ÉTATS-UNIS d’adopter un profil vertueux... Ils s’étaient refait une virginité morale de défenseur des libertés et des droits de l’homme. Et personne n’y regardait de trop près sur la poursuite d’assassinats politiques et syndicaux, sur l’action esclavagiste des propriétaires fonciers, il y avait une " presse libre " dont les propriétaires défendaient les mêmes choix et des élections. Certes il y avait le cas de Cuba où "la vertu" nord-américaine redevenait terroriste et mafieuse, organisait un blocus pourtant condamné par la quasi-unanimité des nations du monde, mais la pression économique et idéologique, l’anticommunisme organisait un "cordon sanitaire" autour de cette "anomalie" comme le disait Aznar. Après la chute de l’URSS, Cuba qui avait vu la chute brutale de 80 % de son commerce extérieur et de 35% de son PIB, paraissait en état de comas dépassé. En 92 puis en 96, le blocus a été resserré par la loi Toricelli et la loi Helms Burton. Ces lois sont non seulement iniques face à Cuba, mais elles présentent un véritable danger pour la conception même du droit international car elles sont extra-territoriales. Les multinationales nord-américaines sont tenues à les appliquer et non la loi du pays dans lequel elles sont implantées, mieux tout citoyen convaincu d’avoir commercé avec Cuba mettant les pieds aux Etats-Unis est passible de 200.millions de dollars d’amende et de 200 ans d’emprisonnement. La loi Helms Burton permet d’interdire l’achat par Cuba de tout produit dans lequel entre un composant fabriqué par une multinationale nord-américaine. Si l’on fait du commerce avec Cuba, on est interdit aux USA, etcŠ Mieux la loi helms Burton prévoit " la transition démocratique " qui ressemble totalement à ce qui se passe en Irak aujourd’hui, les bénéficiaires en sont déjà désignés Philip Morris pour les tabacs et Baccardi pour le rhum. Cette loi oblige le président des USA à renverser le régime cubain et à rendre compte au congrès de l’avancée de ses tentatives, un budget est prévu à cet effet pour financer la subversion intérieure et la propagande extérieure. En réponse à cette loi, les Cubains ont édité une loi qui prévoit des peines sévères pour qui accepterait de l’argent de l’ennemi (2). En même temps que ces lois, les USA ont développé des actions terroristes contre l’île qui ont provoqué en 96 la mort d’un touriste italien. Mais durant les années 90 Cuba paraissait bien isolé.
Le développement du mouvement populaire et la montée des résistances
Pourtant un moment écrasé le mouvement populaire se développait et les forces de gauche transformées sous son influence commençaient leur pression. Le phénomène alter-mondialiste, tout à fait différent de celui de l’Europe, ancré en particulier dans la revendication à la justice des couches populaires se développait. 2004 a été une année charnière. Des formes de résistances sans modèle se sont développées partout face aux politiques néo-libérales, avec une politisation à la base tout à fait nouvelle, et on peut dire que les élections qui ont porté des dirigeants de gauche ont été impulsées par ces nouvelles coalitions nées de diverses formes de résistance. Le sommet des Amériques convoqué par Washington le 12 janvier 2004, devait approuver la zone de libre-échange et réaffirmer l’isolement de Cuba. Lors des sommets précédents, l’autorité des États-UNis sur l’hémisphère n’était pas discutée. Mais depuis, un certain nombre de pays avaient élu de nouveaux dirigeants. Et les États-Unis se sont heurtés à une double résistance, d’une part celle du MERCOSUR regroupant le Brésil, l’Argentine et l’Uruguay refusant de se dissoudre dans la ZLEA et d’autre part le Venezuela de Chavez et les petits pays anglophones de Caraïbes regroupés au sein d’une union. Comble de malheurs pour les États-Unis, non seulement le coup d’État de 2002 contre le président Chavez fomenté par la CIA avec l’aide d’Aznar et de certains pays d’Amérique latine, selon les récentes révélations de Jorge Castaneda, l’ancien ministre des affaires étrangères du Mexique(3)a échoué à cause de la mobilisation populaire et le loyalisme de l’armée, mais le référendum du mois d’août 2004, suivi par les élections municipales et des gouverneurs, ont confirmé la volonté du peuple vénézuélien de poursuivre dans la voie "bolivarienne" anti-impérialiste. Il est à noter que dès 2002, les États-Unis tombent le masque vertueux démocratique, non seulement dans un coup d’État fomenté par la CIA selon la bonne vieille tradition, mais en multipliant les interventions terroristes venues de la Colombie voisine et où l’on retrouve la mafia cubaine de Miami. Quand intervient en 2004, l’élection d’un président de gauche au Panama, l’ancienne présidente, rend un service aux USA, en graciant Posado Carriles et ses complices. Ce dernier est un des plus grands terroristes du continent et qui a sévi partout, à Cuba, mais aussi au Venezuela. Le procureur vénézuélien Danilo Anderson est assassiné en novembre 2004, des terroristes venus de Miami, ont fait sauter sa voiture. Malgré la presse vénézuélienne majoritairement aux mains de l’opposition, et dont les analyses sont les seules qui soient reprises en Europe et par RSF, qui nient l’existence des terroristes de la CIA, parlent de dictature populiste à propos de Chavez, il est difficile désormais de continuer à mentir sur ce qui se passe au Venezuela. Mais il reste le silence, les nouvelles tronquées. Toujours en 2004, une vague d’élection est venue transformer la donne politique de l’Amérique latine, il y a eu le Panama, puis le séisme uruguayen (4) et si les États-Unis ont réussi à bloquer l’élection du Salvador en exerçant un chantage sur le blocage de l’argent des immigrés envoyé au familles salvadoriennes, les élections municipales au Nicaragua ont montré une montée de la vague sandiniste. Désormais c’est la Colombie qui menace de passer à gauche et le Mexique. Au Mexique, citons le journal mexicain la Jornada : "Au Mexique, l’épuisement du modèle néolibéral, qui a détruit le tissu social, ne peut plus être camouflé par les petites trucs du populisme ou par les promesses d’un lendemain qui chante. Dix ans de " libre’’-commerce " avec les Etats-Unis, gérés par le PRI puis par le PAN, ont plongé le pays dans la misère. Dix millions de Mexicains sont partis vivre aux Etats-Unis, à la recherche d’un minimum pour survivre. Des centaines de Mexicains ont été assassinés en tentant de traverser la frontière vers le pays de la " liberté ". Cependant, le paysage politique évolue et l’espoir refait surface. Andrés Manuel López Obrador sera le candidat du PRD pour les élections présidentielles de 2006. Andrés Manuel est très populaire et sa popularité inquiète l’oligarchie et l’ambassade. D’ors et déjà, l’¦oeuvre de diabolisation est commencée. " Il est un ami de Fidel Castro ! " : sa popularité croit de 5% ; " C’est un nouveau Chávez ! ", s’écrient la presse bien-pensante et les intellectuels courtisans. Résultat : sa popularité augmente de 10% ! Ils trouveront d’autres combines pour salir la personnalité d’Andrés Manuel, mais rien n’indique qu’ils parviendront à lui barrer la route de la présidence. Si les élections avaient lieu aujourd’hui, Andrés Manuel serait président. " (La Jordana le 29 novembre). Pour que le panorama soit complet, il faudrait bien sûr d’une part souligner les contradictions de cette évolution, la manière dont l’Argentine, le Brésil qui à travers le Mercosur, leurs choix internationaux, contribuent à la résistance du sous continent à l’impérialisme, tout en cédant au plan intérieur aux diktats du FMI, ce qui les place face à la pression de leurs peuples dans une situation difficile. Il faudrait également analyser les pays andins, où montent les révoltes indigènes contre le bradage des ressources du pays et la misère comme on l’a vu avec le renversement et la fuite aux États-Unis du président bolivien Gonzalo Sanchez de Lozado, toujours en 2004.
Le contexte international
Dans ce soulèvement de l’Amérique latine dont le processus électoral de victoire des gouvernements de gauche n’est que la traduction partielle, des événements internationaux jouent également un rôle. Il y a incontestablement l’agression nord-américaine en Irak, ce qui se passe en Palestine. Ces faits jouent un double rôle. L’opinion publique de l’Amérique latine s’identifie aux peuples agressés. Et de surcroît l’armée des Etats-Unis, bloquée par la résistance irakienne, a du mal à intervenir comme elle prévoyait de le faire à Cuba et au Venezuela, sans renoncer pour autant à ses projets d’invasion.
Le processus bolivarien d’intégration d’un continent
Mais d’autres événements sont intervenus parallèlement. Aznar battu en Espagne, les États-Unis ont perdu leur homme de main le plus sûr tant en Europe qu’en Amérique latine. Le récent quatorzième sommet ibero-américain tenu au Costa Rica en novembre 2004, a illustré ce changement de donne. Tout avait été mis en place par les États-Unis et la presse occidentale aux ordres : deux ex-présidents costaricains et trois ou quatre députés de l’Uruguay, du Chili et de la République tchèque, plus une poignée de représentants de la mafia de Miami et des agents de la CIA ont prétendu convertir l’assemblée législative du Costa Rica en scène pour un show anti-cubain. La tentative a fait long feu. Mais une puissante manifestation des Costaricains leur a interdit cette opération médiatique anti-cubaine. Loin d’isoler Cuba et le Venezuela, le sommet sur proposition de Cuba a dénoncé le terrorisme dont était victime le Venezuela, comme d’ailleurs le blocus de Cuba. A été également dénoncée la libération par l’ex-présidente du panama des terroristes de Miami. Le bilan final de cette conférence de San José est donc positif, il va dans le sens de l’intégration du continent sud-américain.
L’Europe, une évolution contradictoire
Parallèlement en Europe, les choses paraissent évoluer dans un sens favorable. L’Espagne de Zapatero ne joue plus le même rôle que celle d’Aznar. Ce dernier, qui n’a jamais caché ses sympathies franquistes et dont l’élection a été en partie financée par la mafia de Miami a toujours rassemblé les dirigeants d’Amérique latine derrière les USA (5), et il a joué un rôle essentiel dans la promotion des " dissidents " cubains avec l’aide plus ou moins affirmée des courants les plus réactionnaires de l’Église catholique. Dans l’évolution de certains pays européens comme la France(6) et l’Espagne, nul doute que le choix cubain d’en finir avec la dollarisation et de n’utiliser les dollars comme réserves mais de procéder aux échanges avec d’autres monnaies comme la livre canadienne, l’euro, le yen et d’autres. Ce choix est clairement une réponse à la traque nord-américaine qui a prétendu faire payer des amendes aux banques qui acceptaient les dollars des Cubains, mais il constitue également un exemple périlleux pour les USA, si d’autres pays et singulièrement les pays frères d’Amérique latine suivaient l’exemple cubain. C’est un marché que ne peuvent pas négliger les pays européens désireux de placer leurs productions industrielles. Les deux piliers de la puissance nord-américaine sont ainsi contestés : sa puissance militaire est incapable d’endiguer la résistance du peuple irakien épuisé par des années d’embargo. La suprématie du dollar qui permet aux USA de faire payer sa crise économique et son formidable endettement au reste de la planète depuis l’imposition en 70 par Nixon du dollar comme monnaie internationale, sans référence à l’or, est remise en cause par ce choix cubain. L’Europe est loin de présenter un front uni dans ce domaine, en particulier depuis l’entrée des nouveaux pays de l’est. Si on peut constater un certain "bougé" de la part de l’Espagne et de la France, la majorité des pays européens manifestent une servilité totale à l’empire US et font tout pour empêcher une politique autonome à l’égard des USA. Si la construction européenne se faisait sur le modèle de la construction bolivarienne, anti-impérialiste, sur la base de la justice sociale et de l’émancipation des peuples qui pourrait être contre mais ce qui se réalise sous nos yeux est tout le contraire, il s’agit d’une part de renforcer l’impérialisme occidental sur le reste du monde et cela ne peut se faire que dans la vassalisation, il s’agit par ailleurs d’imposer à l’intérieur des pays des politiques néo-libérales. C’est pourquoi la bataille contre la Constitution est aussi importante que celle que les peuples d’Amérique latine mènent et ont mené contre la ZLEA.
Les échanges sud-sud
Mais il y a une deuxième idée cubaine qui est en train de se réaliser, développer les rapports sud-sud, Cuba la met en oeuvre en échangeant non seulement ses productions traditionnelles comme le Nickel ou le sucre et le tabac, mais en utilisant son potentiel intellectuel pour fournir dans le domaine biologique des produits à forte valeur ajoutée et des services hautement qualifiés dans le domaine de la santé et de l’éducation... Les échanges se développent avec le Venezuela mais aussi l’Argentine, le Brésil. Sur le plan politique, Cuba se prononce pour une nouvelle perspective pour le mouvement des non-alignés et la met en œuvre. C’est dans ce contexte de soulèvement d’un continent, de stratégie "bolivarienne" d’unité de l’Amérique latine, mais aussi des "innovations cubaines" dans la dé-dollarisation et dans les échanges sud-sud qu’il faut apprécier l’intérêt nouveau de la Chine et du Président des non-alignés de Malaisie pour l’Amérique latine et les liens nouveaux avec Cuba et avec le Venezuela. Car Cuba, allié avec le Venezuela, les deux pays les plus menacés, est plus que jamais la clé de l’Amérique latine. Il y a de ce point de vue un véritable retournement de situation. Là encore l’agressivité nord-américaine contre l’Irak, les menaces que l’actuelle administration nord-américaine fait peser sur la paix mondiale, la volonté des peuples de secouer les politiques qui les réduisent à la misère joue un rôle essentiel. Mais Cuba et le Venezuela ont été capables de dégager une perspective politique, l’unité anti-impérialiste d’un continent, et des actions concrètes pour bousculer la suprématie du dollar, pour favoriser les échanges sud-sud, une nouvelle mondialisation non capitaliste, non impérialiste. L’Amérique latine présente aujourd’hui une des situations les plus intéressantes en matière de perspective politique, un véritable laboratoire dans lequel le cas cubain présente la plus grande inventivité économique et politique. Il faut donc dépasser le théâtre d’ombre que nous présente la presse française aux ordres pour bien voir, comme nous l’expliquons dans notre livre « Cuba est une île" que : Premièrement, si les États-Unis haïssent Cuba alors que l’Union soviétique s’est effondrée, c’est parce que Cuba demeure la clé d’un continent et on ne comprend pas Cuba si on ne le restitue pas dans un contexte de hier et d’aujourd’hui de ce continent "nuestra america"... Deuxièmement tandis que pendant 20 ans ce continent subissait les politiques néo-libérales sans voir d’alternative, Cuba résistait et au final avait de meilleurs résultats économiques et sociaux que le reste de l’Amérique latine. Cuba a fait preuve d’une inventivité politique, économique tout à fait remarquable. la montée des résistances et l’alliance avec Chavez ont donné une force nouvelle à la stratégie anti-impérialiste cubaine. Troisièmement, certes Cuba est dirigé par un parti communiste, ce pays a adopté le socialisme et tenant les leviers industriels et financiers du pays, il peut donc mettre en oeuvre des solutions que le capital peut rendre plus malaisées ailleurs, mais l’expérience cubaine ne se résume pas à une simple leçon de marxisme léninisme, si importante soit cette référence. Il y a d’abord l’influence de Marti et d’un humanisme francmaçon héritier des lumières mais baignant dans l’imaginaire et la réalité de tout le continent sud américain. Son refus du racisme, sa référence à l’Indien, occupant légitime de "nuestra america", il y aussi dans le présent l’indépendance nationale qui rapproche Cuba des "souverainistes" mais toujours dans une dimension bolivarienne, il y a enfin les recherches environnementales exemplaires. Dans une Amérique latine, devenue laboratoire de l’altermondialisation, Cuba est lui-même un laboratoire. Je recommande en particulier l’analyse dans notre livre de la restructuration sucrière, le choix de l’emploi formation à l’échelle d’un pays où il tenté de faire passer la population au niveau du supérieur. Dans un temps où nous sommes tous à la recherche d’une issue politique, ce qui se passe en Amérique latine et singulièrement à Cuba soit être connu, discuté... Si des pays sous-développés sont capables d’ainsi "monter sur leurs propres épaules", que pourrions-nous faire dans une pays aussi riche que la France. Depuis l’effondrement de l’URSS, l’Amérique latine nous offre l’exemple d’une formidable résistance aux politiques néo-libérales. Il n’y a plus à l’horizon de modèle socialiste comme celui fourni jadis par l’URSS, mais un continent dont les peuples se politisent à une vitesse accélérée à travers la recherche de solutions originales, souvent différentes suivant les histoires nationales, de nouvelles coalitions politiques voient le jour avec des formes d’intégration régionales spécifiques. La vraie question est jusqu’à quand les Etats-Unis laisseront-ils ainsi leur domaine réservé manifester leur volonté d’indépendance et de recherche originale ? la situation est pleine de promesse mais extrêmement dangereuse en particulier pour Cuba et le Venezuela. La découverte récente de gisement pétrolier à Cuba (26 décembre 2004), comme les accords sur le nickel (Cuba) et sur le pétrole (Venezuela) signés avec la Chine accroissent les tensions car les Etats-Unis tirent actuellement une part essentielle de leur ressources y compris pétrolières de l’Amérique latine (Venezuela et Mexique) plus que du Moyen-Orient. Dans un tel contexte, la connaissance réelle des situations et des pays concernés est la meilleure arme pour aider à la montée des résistances. Il faut démonter la propagande venue d’outre atlantique, c’est ce que nous avons voulu faire avec notre livre " Cuba est une île ".
Notes : (1)Danielle Bleitrach, Viktor Dedaj avec la participation de J.F.Bonaldi. Cuba est une île. Septembre 2004, deuxième édition novembre 2004. P.247 et suivantes. (2) C’est parce qu’ils ont été convaincus d’avoir reçu l’argent des Etats-Unis que 63 personnes dont deux seulement étaient journalistes ont été condamnées à de lourdes peines de prison et pas pour leur désaccord. C’est si vrai que des gens comme Oswaldo Paya ou Elizardao Sanchez continuent encore aujourd’hui à venir en France et à écrire dans la presse européenne sans être le moins du monde inquiétés. Sur cette affaire, voir dans notre livre le chapitre intitulé : " vu des ambassades ". Nous apportons de véritables révélations non seulement sur les " événements de 2003 " mais également sur les conditions incroyables dans lesquelles ont été prises les sanctions européennes.. (3)Cette " révélation " est en soi un signe de l’évolution de l’opinion publique en Amérique latine et au Mexique. Le personnage est en effet la girouette type, ancien révolutionnaire, il devient le ministre des Affaires étrangères du gouvernement de droite de Vincent Fox. Il se fait l’homme de main des Nord-américains dans diverses opérations contre Cuba. Aujourd’hui, il tente de se refaire une virginité à gauche. (4) Ce minuscule pays du Mercosur, a pour la première fois élu un gouvernement de gauche. Vu les coutumes du pays une telle élection est aussi étonnante tout proportion gardée que si un candidat de gauche s’imposait à l’alternance républicain-démocrate aux USA. (5) Quand l’Espagne s’est retirée de la coalition en Irak, son retrait a aussitôt été suivi de celles de contingents sud-américain qu’Aznar avait entraîné dans l’aventure. (6) Le président de la République, Jacques Chirac a récemment fait une déclaration d’approbation de la politique menée par Zapatero de détente avec Cuba. Aussitôt 31 députés parmi lesquels les plus à droite, les sarkoziens de son propre parti mais également Laurent Fabius ont exigé que l’assouplissement s’assortisse de garanties de démocratisation. L’atlantisme de certains membres du PS comme Laurent Fabius semble passer par des alliances avec le travaillisme israélien plus que par une réelle connaissance des enjeux de l’Amérique latine.
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