SUR LA NOUVELLE REFORME DE L’EDUCATION NATIONALE
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Quelques points clés de cette « déforme » avant des explications plus détaillées : suppression sans remplacement de 72 heures de classe par an pour la grande majorité des enfants (hormis ceux en difficulté), soit un trimestre sur une scolarité ! Augmentation du nombre d’élèves par classe suite aux suppressions de postes ; fichage des élèves dans une base de données nationale contenant certaines données discutables. Avant d’expliquer la réforme de l’éducation nationale, il est important de comprendre que le but réel est la suppression de 12 000 postes d’enseignants donc une restriction budgétaire pour l’école publique. Ce qui aura pour effet immédiat une augmentation du nombre d’enfants par classe et donc du risque d’échec scolaire.
La suppression des cours le samedi matin entraîne la perte de 72 heures de cours sur l’année. Les enseignants continueront à travailler le même nombre d’heures puisque 12 heures leur sont attribuées au titre la formation et qu’ils devront assurer 60 heures de stages pendant les vacances scolaires destinés aux enfants en forte difficulté. Ces stages seront sous la forme de 3 heures sur 5 jours dans une autre école avec des enseignants inconnus des élèves et sans projet pédagogique individuel. Par ailleurs, les élèves ayant un niveau moyen perdent 72 heures de cours au risque de basculer d’un niveau moyen vers un niveau bas. A ce jour, dans notre école, il existe déjà des réseaux d’aides pour les élèves en difficulté (RASED)avec un projet pédagogique individuel et une concertation entre l’enseignant et le maître spécialisé. Jusqu’à maintenant, chaque élève a le droit au même nombre d’heures de cours et au même temps de vacances.
Le ministère a aussi décidé de mettre en place un fichier nommé « base élèves » qui renseignera très précisément la vie familiale, privée et scolaire de l’enfant et ses parents. En effet, dans cette base seront répertoriés certains points choquant tels que la langue d’origine ou la nationalité des parents, si l’enfant a eu besoin d’un PAI, d’une aide scolaire ou du réseau, etc. Il n’est pas besoin pour chaque enfant de renseigner autant d’éléments sur sa vie scolaire de la maternelle à l’université. Cette base pourrait aussi permettre aux directeurs d’école de choisir leurs élèves entraînant le risque de perdre une certaine mixité qui enrichit tellement les enfants.
Un autre point important de cette réforme est l’évaluation des enfants à l’école maternelle. En effet, avec le changement des programmes scolaires, les élèves seront évalués dès la deuxième année de maternelle sur des points précis comme en école élémentaire. Le niveau scolaire est avancé d’un an. Ce qui était enseigné en dernière année de maternelle sera enseigné en deuxième année de maternelle. En dernière année de maternelle, les enfants devront pratiquement savoir lire. Les trois années d’adaptation en école maternelle qui permettent aujourd’hui d’apprendre à « vivre ensemble » en collectivité, à suivre des règles et à appliquer une discipline de travail vont disparaître et nos enfants devront immédiatement travailler afin de devenir des élites pour ceux qui le peuvent. Pour les élèves qui ne suivront pas, aucun projet pédagogique n’est prévu, le réseau d’aide qui fonctionne aujourd’hui étant appelé à disparaître. De plus, la maturité des enfants est, particulièrement à cette période, très variable et certains enfants risquent de se sentir en échec et d’avoir une vision négative, dès le plus jeune âge, de l’école alors qu’ils auraient pu suivre correctement l’apprentissage à partir du CP.
Les nouveaux programmes scolaires seront appliqués dès la rentrée de septembre 2008 puisque les livres sont arrivés dans les écoles depuis le 31 mars 2008. Les heures de cours en français, en mathématiques, en langue vivante et en gymnastique sont augmentées. Par contre, les heures de cours en histoire-géographie, en sciences, en musique, en arts visuels (anciennement arts plastiques) et initiation en informatique sont réduites : ces matières diverses qui permettaient aux élèves de se cultiver tout en apprenant le français, et les mathématiques de manière indirecte, d’autant que les enfants sont souvent très attirés par ces apprentissages qui répondent aux nombreuses questions qu’ils se posent sur le monde. Les méthodes préconisées dans ces programmes inquiètent également les pédagogues qui y voient une régression importante. En effet, l’accent sera essentiellement mis sur l’apprentissage mécanique et le « par cœur » en reléguant la réflexion en arrière plan. Là encore de nombreux enfants pourtant intelligents risquent d’être rebutés et d’avoir des difficultés. Les enseignants sont très inquiets pour le devenir de l’instruction des élèves avec ces nouveaux programmes. Pour la première fois depuis très longtemps, ils ont souhaité expliquer cette réforme aux parents par le biais d’une réunion en date du 8 avril et souhaitent aussi une association pour défendre « les droits à apprendre » de nos enfants. C’est pour cela que la FCPE soutient l’action des enseignants et participe aux différentes manifestations. A titre d’information, les enseignants ne perdent rien financièrement au contraire puisque les volontaires pour les stages pendant les vacances seront payés en heures supplémentaires et s’ils sont bien évalués, il est envisagé qu’ils reçoivent une prime au mérite. Là encore on risque de favoriser la sélection des élèves et de voir émerger deux types d’écoles primaires : celles pour l’élite et celles pour « les autres ».
Nous partageons cette inquiétude. Les nouveaux programmes, la diminution des heures de cours, l’augmentation du nombre d’élèves par classe, la disparition du réseau d’aide… autant de points qui vont à l’encontre de l’objectif affiché d’élever le niveau scolaire.
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